Publié par Abbé Alain René Arbez le 18 mai 2013
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Né en 1881 dans le Bade-Würtemberg, et décédé à Rome en 1968, Augustin Bea a été un artisan déterminant de l’œcuménisme et en particulier du rapprochement entre chrétiens et juifs lors du Concile Vatican II.

Jésuite devenu cardinal en 1959, il a été un serviteur humble et efficace de la cause qui nous est chère : le retour vers la fraternité primordiale judéo-chrétienne dans le respect réciproque des deux traditions bibliques, en vue d’un témoignage commun pour les valeurs éthiques.

En 1924, Augustin Bea est appelé à Rome pour enseigner la théologie biblique à l’Université pontificale grégorienne d’illustre renommée. En 1930 il est nommé recteur de l’Institut biblique pontifical car il maîtrise une grande expérience dans la recherche en sciences bibliques et dans la connaissance du Premier Testament. Il publie de nombreuses études spécialisées et se voit fréquemment consulté  par le pape. Il devient consulteur de la commission biblique pontificale et contribue personnellement à l’encyclique de Pie XII « Divino afflante Spiritu » 1943, un tournant dans l’étude moderne de la Bible en milieu catholique. La liberté de recherche et la prise en compte de nouvelles méthodes d’investigation lui doivent beaucoup. En 1945, il traduit en latin un nouveau livre de psaumes à partir de l’hébreu.

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En 1959, Jean XXIII convoque le Concile Vatican II. Le pape confie au cardinal Bea le soin d’inviter des participants non catholiques  à cette grande entreprise de concertation pour une remise à jour institutionnelle du message évangélique. La majorité des Eglises non catholiques répondent positivement. Augustin Bea va s’engager avec force dans cette voie d’écoute fraternelle et de recherche de convergence spirituelle.

Jean XXIII reçoit avec attention et bienveillance l’historien juif Jules Isaac qui est venu lui exposer les conséquences tragiques d’un enseignement du mépris des juifs dans l’Eglise catholique. De ces entretiens naît une amitié sincère, et Jean XXIII est déterminé à faire changer radicalement les relations entre l’Eglise et la Synagogue. Le pape s’adresse pour cela au spécialiste de la Bible Augustin Bea et il lui confie personnellement l’aboutissement de la déclaration« Nostra Aetate » qui reconsidère les relations entre chrétiens et juifs. Le texte sera approuvé et promulgué en 1965, malgré les difficultés venues des milieux chrétiens orientaux.

L’Eglise parle avec respect des juifs et du judaïsme, elle ouvre des voies déterminantes pour les décennies à venir, et des approfondissements vont suivre pour accentuer cette orientation qui se veut un retour aux sources communes.

Le cardinal Bea en fait une affaire personnelle et spirituelle. Il est l’architecte d’un texte mais surtout d’une attitude renouvelée qu’il défend avec foi et amour. En 1964, le cardinal Bea écrit : « L’étroite association entre l’Eglise et le peuple élu de l’Ancien Testament est commune à tous les chrétiens, et il y donc un lien intime entre le mouvement œcuménique et les questions abordées dans la déclaration Nostra Aetate ».

Le cardinal Bea élargit donc la problématique à l’ensemble des Eglises chrétiennes ; en d’autres termes : il n’y aura pas d’œcuménisme interchrétien valable sans passage obligé par un retour commun au dialogue judéo-chrétien !

Les préjugés traditionnels de l’antisémitisme sont clairement rejetés, les citations bibliques et les recommandations pastorales offrent une nouvelle approche et une prise en compte sérieuse du judaïsme postbiblique dans l’histoire du salut. Ainsi, les catholiques sont invités à découvrir le judaïsme et à dialoguer avec des juifs d’aujourd’hui.

Chargé du premier Secrétariat pour l’Unité des chrétiens dès 1960, le cardinal Bea est nommé président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens qui implique également les relations avec le judaïsme dans le même dicastère.

Il veille de ce fait à la mise en œuvre des recommandations conciliaires, il le fit avec détermination jusqu’à sa mort en 1968. On l’a surnommé  en raison de son engagement constant : « le cardinal de l’unité ».

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez pour www.Dreuz.info

Relations avec le judaïsme, Genève, Lucerne.

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