Publié par Gilles William Goldnadel le 27 mai 2013

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La présidente de La Manif pour tous Ludovine de la Rochère a assuré dimanche lors de la manifestation anti-mariage gay que le combat allait se poursuivre contre le mariage homosexuel et que le mouvement s’installait “durablement dans le paysage français et européen”.

Mariage gay et homoparentalité

On ne se lassera jamais de l’écrire, semaine après semaine, le double standard de la gauche française est inscrit dans son ADN. Ainsi, dans son style inimitable, un éminent socialiste, qui n’est ni un grand héros ni même un grand héraut, a rappelé sévèrement à la droite française qu’on ne saurait manifester contre une loi définitivement votée.

Sur le fond, j’ai déjà dit ici que l’argument n’était pas sans valeur, pour un républicain légaliste, a fortiori à l’égard d’une droite coupable de ne pas avoir pensé à mener un Kulturkamf sur le mariage homosexuel du temps où elle avait la main.

Encore faudrait-il, il est vrai, que cette droite ait compris toute l’importance du combat culturel et médiatique.

Mais il se trouve que la dernière à pouvoir invoquer cette argumentation est, précisément, la gauche française.

Très opportunément, mon confrère Guillaume Jeanson (le Figaro du 26 mai) a su faire fonctionner sa jeune mémoire pour nous rappeler que bien que la loi sur le CPE avait été validée sans aucune réserve par le Conseil constitutionnel le 9 mars 2006, sa publication n’avait pas empêché ses opposants socialistes d’organiser une grande manifestation le 4 avril suivant.

Le même jour, à l’Assemblée nationale, notre Ayrault déclarait : “cette crise que vous avez provoquée n’a que trop duré ! Ce matin et cet après-midi, des millions de Français en manifestant encore plus nombreux, vous le disent : assez de ces simulacres qui humilient la république ! Retrouver la raison, abroger le CPE !”.

Quatre jours plus tard, l’actuel président de la république, aux états généraux de Rennes s’enflammait : “nous attendons tous l’issue du conflit, il suffirait d’un mot, un seul, que le pouvoir hésite d’ailleurs à prononcer, une mesure simple, pratique : l’abrogation. Mais c’est un gros mot pour la droite ; ce mot serait tabou, impropre ; il serait vulgaire. Mais quand on fait une erreur, il faut savoir l’effacer. Il faudrait le faire vite, car cela n’a que trop duré ; ce choix devrait être fait depuis longtemps.”

Deux jours plus tard, le 10 avril, après que des routes et des gares soient bloquées, Dominique de Villepin capitulait.

Pour le CPE, des enfants, des adolescents étaient descendus dans la rue. Je revois encore, à la télévision, le sociologue Alain Touraine (père de notre ministre) manifester, tenant un garçonnet à la main.

Nul n’a heureusement songé à reprocher à la gauche les violences “anti blanc” commises à l’époque contre de jeunes manifestants trop propres sur eux.

C’est pourquoi, les indignations et les intimidations socialistes n’auraient dû indigner et intimider, au-delà des chroniques amnésiques, que des médias indignes et des politiciens de droite timides.

Quant aux menées des abrutis de l’extrême droite, elles concerneront la droite, lorsqu’on imputera aux Verts les exactions des écolos radicaux à Nantes, au PCF les violences d’Amiens, et à tous les autres, les cassages de gueules de flics par les autonomes ou les fascistes rouges des Black Blocs lors des manifestations de gauche et d’extrême gauche.

Quelqu’un pourrait-il m’expliquer, verbatim à l’appui, les déclarations de Guillaume Peltier, qui lui ont valu cette semaine cette volée de bois vert de la part de certains membres de l’UMP et, bien entendu, de nombre de journalistes ?

Si des primaires sont organisées dans un parti politique, serait-il donc interdit de dire sa préférence pour certains et ses réserves pour d’autres ? Le souvenir que j’ai de la dernière consultation au Parti Socialiste me laisse à penser que non.

Toujours est-il qu’un sondage BVA-I télé-le Parisien, il est vrai assez peu diffusé, indique que 53 % des sympathisants UMP lui donneraient raison.

Une fois de plus, comme lors des primaires Copé-Fillon, ou le débat sur la “droitisation”, on a le sentiment qu’il revient à la presse, donc à la gauche, de dire ce que la droite devrait penser, faire et qui elle devrait élire.

Le Point.fr de cette semaine, dans le cadre d’un article du pertinent Aziz Zemmouri, résume bien la dernière palinodie du Conseil Supérieur de la Magistrature, qui a refusé de sanctionner les dérapages révélateurs du Syndicat de la Magistrature sur son fameux mur des cons. Le journaliste pointilleux n’en revient pas des motifs abscons utilisés par les juges des juges pour ne point juger cette affaire de cons.

Ainsi, le numéro de claquettes exécuté par Ginger Taubira et par tous les Fred Astaire du CSM ne trompe que ceux qui ne demandent qu’à l’être. Il est vrai que le SM compte au sein du CSM quelques représentants vigilants.

Toujours est-il qu’une fois de plus, la démonstration est faite qu’il est bien difficile de réclamer des comptes à une magistrature très assise.

Pendant ce temps, le seul qui devra -pour le moment- en rendre à sa hiérarchie, c’est Clément Weill- Raynal, renvoyé devant le conseil de discipline de France Télévision pour avoir cassé le mur et la baraque du SM.

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Il est vrai que ce n’est pas très constructif.

Dans un domaine voisin, Stéphane Durand-Souffland, avec sa verve habituelle, consacrait son article du 22 mai dans le Figaro au “calvaire de Laetitia et aux errements de la justice au procès Meilhon”.

Si on veut se faire, effectivement, une bonne et juste idée des incroyables dysfonctionnements de notre justice dans cette affaire qui a entraîné la mort atroce de Laetitia Perrais (19 ans), je vous renverrai, une nouvelle fois, à la lecture du très récent “Quand la justice crée l’insécurité” de Xavier Bébin (Fayard).

Comment accepter qu’un tueur psychopathe, répertorié comme dangereux, condamné à 13 reprises pour des faits souvent gravissimes, ait pu commettre ce 14ème crime, sans qu’on puisse en demander raison à l’institution concernée sans qu’elle-même en prenne ombrage ?

Extraits du livre de Bébin : “après l’arrestation, l’entourage de Tony Meilhon s’est exprimé publiquement. D’après son ex beau-frère : « la justice a été prévenue des dizaines de fois qu’il allait tuer quelqu’un un jour. » Un autre proche a déclaré que Tony Meilhon était « connu de toutes les gendarmeries du secteur et de la police, et archiconnu au Palais de justice de Nantes. Il a une quinzaine de condamnations, mais il est passé au moins 50 fois : souvent, il a pu échapper aux condamnations, car il manquait de preuves formelles ». Le même se dit « révolté » par l’attitude de la justice, car « personne ne peut dire qu’il est surpris de ce qu’il a fait”. Pourtant, pas un seul magistrat ou syndicat de magistrats n’a proposé de lancer une réflexion sur la prise en charge des criminels dangereux. Au contraire, les magistrats se sont mis en grève, pour protester contre les propos du chef de l’État qui les avait mis en cause et pour dénoncer le manque de moyens de la justice. “

Comme je le rappelais dans une récente chronique, les humanistes du Syndicat de la Magistrature, après avoir tenté de plaider la plaisanterie de potaches, ont expliqué dans le Monde qu’ils avaient collé au mur certains adversaires – dont des parents de victimes assassinées – par leur mise en cause par Sarkozy.

On ne peut évidemment que compatir à leur terrible souffrance.

Après Londres, Paris. Pendant que le Parisien, BFM et quelques autres intrépides, décrivent l’agresseur de militaires comme un “barbu de type maghrébin en djellaba”, les radios d’État, autrement plus convenables, évoquent “un homme athlétique dans une tenue ample”.

Comme toujours, il sera toujours temps de dire toute la vérité au bon peuple le plus tard possible.

En attendant, on peut toujours amuser la galerie en évoquant, une énième fois “un acte isolé”.

Cela commence à faire de nombreux cas isolés.

Qu’il s’agisse d’actions concertées, ou d’actes mimétiques, le résultat est le même : la terreur a de très beaux jours devant elle, au regard d’une radicalisation traitée par le déni.

Ce déni, suicidaire, à l’œuvre à Washington, où Obama n’a pas trouvé mieux, quelques jours après Boston, que de siffler la fin de partie contre Al Qaïda.

À Paris également : dans un article, tout en nuances, Le Monde présente comme une “exception française”, l’ostracisme dont souffrirait Tarik Ramadan dans notre pays. En cause, Manuel Valls, qui a refusé de se trouver dans le même colloque que l’intellectuel islamiste.

Sur le terrain de la liberté d’expression, je serai le premier à prendre en considération l’argumentation du vespéral.

Malheureusement, je n’ai jamais vu celui-ci prendre la défense du moindre intellectuel de la droite extrême en délicatesse avec la censure. De même, il y a des lustres que le sévère et rigoureux n’a pas morigéné le boycott des intellectuels ou artistes Israéliens en Europe.

Il est vrai que le Monde a toujours ouvert régulièrement ses colonnes à M. Ramadan. Je n’y verrais, pour ma part, rien à redire, si je n’avais lu sous la plume des préposés à la rubrique idoine, que jusqu’à la fatwa dont il continue de faire l’objet, mon ami, le pourtant bien placide professeur Robert Redeker, se voyait refuser tout article, pour cause de radicalité.… Toujours le double standard…

À ce stade de la discussion, je m’autorise à lire cet extrait du formidable “Boulevard de l’islamisme*” (Le Chaînon Manquant) que vient de m’adresser son auteur, Mireille Vallette et que je recommande à tous ceux qui ne sont pas candidats au suicide : “à la mi-janvier 2012, Tarik Ramadan, le fondamentaliste et Youssef Al Qaradawi, le fanatique, inaugurent au Qatar un Centre de recherche pour la législation islamique et l’éthique. Qaradawi est l’auteur de “Le licite et l’illicite en islam”, chef-d’œuvre de racisme, d’intolérance et d’absurdité. Tête pensante du sunnisme, il enseigne la mise à mort des apostats, des homosexuels et des juifs. Il voit dans le génocide de la seconde guerre mondiale une “sanction divine”, dont la prochaine, espère-t-il, sera administrée par “les mains des musulmans”. Tarik Ramadan a souvent exprimé son admiration pour ce “grand savant”. J’ajouterai que M. Youssef Qaradawi, interdit en mai 2012 de participer au meeting de l’UOIF, dont il était l’invité vedette, pour cause d’élections présidentielles, est le prédicateur principal d’Al-Jazira, la Qatari, écoutée par toute une partie de la jeunesse des banlieues.

Un boulevard…

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles William Goldnadel. L’article original peut être consulté sur le Blognadel

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