Publié par Michel Garroté le 29 mai 2013

Map-Lebanon

 The réd en chef –- Après les tirs contre l’armée libanaise à Tripoli, c’est la région libanaise d’Ersal qui fait l’objet d’agressions contre l’armée. Ces agressions rappellent celles de la première attaque contre l’armée libanaise à l’entrée du « camps palestinien » de Nahr el-Bared en 2007. Les agresseurs appartiennent à la mouvance des intégristes sunnites de Fatah al-Islam et du Front al-Nosra, qui se battent, aujourd’hui, dans l’opposition en Syrie, et, qui selon les dernières informations, contrôlent partiellement les montagnes autour de la ville libanaise d’Ersal.

Il faut tout de même rappeler ici que les douze « camps » palestiniens du Liban – et surtout celui de Nahr al Bared – sont de petites villes. Pire, ce sont des Etats (palestiniens) dans l’Etat (libanais). En vertu d’un accord aberrant entre les Libanais et les Palestiniens, l’armée et la police libanaises n’ont pas le droit d’entrer dans ces « camps » palestiniens. Le Fatah al Islam est un mouvement terroriste originellement lié à Al-Qaïda qui a été créé au Liban en novembre 2006.

Le Fatah al Islam implanté au Liban se compose de terroristes palestiniens, mais aussi de terroristes originaires de divers pays musulmans. Le Fatah al Islam a assassiné des civils chrétiens libanais dès février 2007 et il a participé au cambriolage d’une banque au Liban en mai 2007.

Le Fatah al-Islam « palestinien », qui a embrasé le nord du Liban dès 2007, passe depuis, tantôt pour une branche de la nébuleuse sunnite d’Al-Qaïda ; tantôt pour un instrument du régime alaouite syrien ; tantôt pour un groupe sunnite multinational soutenu par les sunnites du Liban, dans la lutte contre le Hezbollah chiite.

Il est vrai que le régime alaouite syrien a régulièrement manipulé des extrémistes sunnites et chiites pour déstabiliser le Liban. Aujourd’hui, en mai 2013, le Fatah al-islam passe pour un allié des rebelles islamistes sunnites syriens.

Concernant l’historique du Fatah al-Islam, il vaut peut-être la peine de fournir encore quelques précisions. Premièrement, un des chefs du Fatah al-Islam, Saddam al-Hajdib, tué dans les affrontements en 2007, était impliqué, dans deux hold-up de banques, en Allemagne, en juillet 2006. Saddam al-Hajdib, était également impliqué, dans les attentats à la bombe, contre deux bus, dans un secteur chrétien près de Beyrouth, la capitale libanaise.

Deuxièmement, le chef du Fatah al-Islam, Shaker al-Absi, avait déclaré en mars 2007 dans le New York Times qu’il voulait propager l’idéologie et le combat d’Al-Qaïda. En outre, Shaker al-Absi, était impliqué dans l’assassinat d’un diplomate américain en Jordanie en 2002. Enfin, Shaker al-Absi a combattu en Afghanistan et en Irak.

Troisièmement, lors des combats de 2007 avec le Fatah al-Islam, l’armée libanaise a capturé, outre des Palestiniens, des Saoudiens, des Algériens, des Tunisiens, des Libanais et des Syriens. Ce genre de terroristes se cache dans douze « camps de réfugiés » palestiniens au Liban gérés par l’ONU.

En ce moment, fin mai 2013, il s’agit pour les islamistes sunnites de pousser l’armée libanaise à se retirer de la région d’Ersal. L’armée syrienne, aidée par le Hezbollah libanais, est en train d’avancer dans la région syrienne de Qousseir.

De ce fait, l’opposition islamiste sunnite syrienne a décidé de s’étendre au sud-est pour se rabattre sur Damas. Or, elle a besoin pour cela d’avoir une liberté de circulation dans les montagnes libanaises autour d’Ersal et ses environs. Il s’agit pour l’opposition syrienne de neutraliser l’armée libanaise à Ersal.

En décidant de participer à la bataille de Qousseir en Syrie, le Hezbollah libanais, milice mercenaire et légionnaire iranienne, a agi pour aider l’armée syrienne et aussi parce qu’il estime que la région syrienne de Qousseir est vitale pour lui. Depuis quelques mois, Qousseir et sa banlieue sont devenus le principal fief de l’opposition syrienne islamiste sunnite, en particulier du Front al-Nosra, dans la province centrale de Homs qui est au cœur de la Syrie et en même temps le lien de passage entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest, le littoral et la montagne.

Qousseir étant à quelques kilomètres de la frontière libanaise, les combattants du Front al-Nosra tentent donc de contrôler la région montagneuse entre le Liban et la Syrie, notamment la région libanaise du jurd d’Ersal. Si cette région libanaise devait passer totalement sous contrôle de l’opposition syrienne islamiste sunnite, celle-ci deviendrait maîtresse de la route de Damas qui coupe le Liban d’ouest en est et qui sépare le Sud du Centre.

Plus important, la région libanaise du jurd d’Ersal constitue pour le Hezbollah la porte du Sud, via la plaine libanaise de la Békaa-Ouest et celle du centre. Il s’agit clairement d’une région stratégique pour le Hezbollah.

La triste réalité en Syrie – et désormais au Liban -, c’est que la guerre oppose des intégristes sunnites à des intégristes chiites ; et que de ce fait, l’Occident ne devrait livrer d’armes à personne et attendre. Car, dans la durée, ce conflit permettra, peut-être, aux Chrétiens, aux Alaouites et aux Kurdes de vivre dans des espaces et entités indépendants des pouvoirs chiite iranien et sunnites en général. Une recomposition des Etats de la région n’est pas forcément une mauvaise chose, notamment pour les Chrétiens.

Reproduction autorisée

Avec mention Michel Garroté www.dreuz.info

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