Publié par Gilles William Goldnadel le 10 juin 2013

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Clément Méric, 19 ans, a succombé jeudi 6 juin à ses blessures après une agression “à caractère politique” commise par une bande de skinheads. Plusieurs voix s’élèvent pour exiger la dissolution de plusieurs groupes d’extrême-droite.

« Les cons ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît », avait mis le franc Audiard dans le parler de ses tontons.

Depuis longtemps la gauche aura tout osé, et c’est sans doute ce qui a expliqué trop longtemps son succès par la sidération.

À en croire en effet, et entres autres, France Info (jeudi 12h25, un certain Cédric Cagna), Le Monde dans un éditorial assez hallucinant, un Pierre Bergé décidément halluciné, et bien entendu quelques éminences socialistes, il faudrait voir derrière l’abruti qui a porté le coup mortel sur le pauvre Clément, l’ombre des opposants au mariage pour tous et de la droite « décomplexée ».

Mais les choses ont désormais changé pour cette gauche : son bagou, sa tchatche, sa jactance, son indécence, son insolence, font moins recette. Empêtrée qu’elle se trouve dans des contradictions où elle s’intoxique elle-même.

La manière dont elle aura tenté depuis trois jours de faire porter par la droite « décomplexée » et les opposants au mariage pour tous, la responsabilité de la mort tragique d’un jeune homme illustre jusqu’à la nausée une instrumentalisation d’un fait divers douloureux qu’habituellement elle réprouve avec sa sévérité coutumière.

Rappelons donc à cette « gauche morale » (défense de pouffer) quelques vérités assez incontournables :

–  Le décès du jeune homme provient d’une rixe entre extrémistes ayant abouti, comme cela arrive parfois, à un drame.

En tirer, en conséquence, hâtivement des conclusions d’ordre politique relève de la stupidité nauséabonde.

Étrangement, ceux là même qui s’y livrent, interdisent hautement à leurs adversaires, quand bien même certains faits se répètent inlassablement, de les utiliser au profit de leurs thèses. C’est ainsi, par exemple, qu’il est interdit, sous peine d’amalgame raciste, de s’interroger sur les rapports entre islamisme et islam. Il est également strictement prohibé de tirer des conclusions sur la litanie des crimes et délits commis par des immigrés. Ainsi, jeudi dernier à Rennes, François Noguier, 25 ans, mort lui aussi d’un coup poing au visage, mais dans une plus grande discrétion (Ouest France, Dreuz).

Enfin – et j’en sais quelque chose – il est quasiment illicite de se demander si les crimes commis par Merah sur des enfants juifs pour venger des enfants de Palestine ne sont pas les conséquences d’un antisionisme médiatique et intellectuel parfois délirant.

On dresse la liste des auteurs de droite qui auraient inspiré un seul dérangé norvégien, mais pas question de s’interroger sur la complaisance de la gauche intellectuelle à l’égard de la radicalité violente arabo-islamique comme au musée du Jeu de Paume actuellement (ma dernière chronique).

–  La rixe mortelle a donc opposé deux groupes extrémistes. La malheureuse victime était d’extrême gauche. Son « antifascisme » a bon dos. A ce jeu linguistique pervers là, ses opposants à crane rasé étaient des anticommunistes déterminés.

Pourquoi ne pas voir que la carte politique est ronde et que les deux bords extrêmes se touchent ?

Même attrait pour la violence radicale, même discours démagogique et excluant, même conception conspirationniste du monde.

Quelle différence aujourd’hui entre les skinheads et les redskin en France ?

Les Black Blocs qui ont dérouillé un vigile à Notre-Dames-des-Landes, ont-ils quelque chose à envier, en matière de violence, aux crétins d’extrême droite ?

A Berlin, régulièrement, s’affrontent des néo-nazis antisémites en cuir à des « anti- nazis » en keffieh, antisionistes radicaux applaudissant les actes terroristes du Hamas.

Entre les deux, mon écœurement balance. Et pour me laisser aller à un rappel historique d’une période sombre, dont la gauche est nostalgique, il faudrait peut-être se souvenir que dans les années 30, nazis et communistes, bruns et rouges, faisaient la grève des loyers de concert pour accélérer la chute de la république de Weimar.

En ce temps là déjà, les extrémistes de gauche appelaient les sociaux démocrates, les sociaux fascistes…

–  Enfin, je ne répèterai jamais assez  – faute de l’entendre dire – que quitte à s’interroger sur la complaisance des partis classiques avec leurs extrêmes respectifs, la droite n’a pas d’accords d’alliance ni de désistement avec le Front National, tandis que le Parti Socialiste est marié officiellement avec le PCF et les Verts.

De quoi rougir dans toutes les acceptions du terme.

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Et si on laissait dormir Clément Meric en paix ?

En réalité, la gauche rêverait qu’au moyen de son terrorisme intellectuel, la droite à nouveau s’aplatisse gauchement.

Dans ma précédente chronique j’écrivais, qu’au rebours de certains à l’UMP, les socialistes étaient pleinement conscients du phénomène de droitisation de la société française. Je ne croyais pas si bien dire :

Le 5 juin, dans un article intitulé : « Y a t-il une droitisation de l’opinion en France et en Europe ? », Guillaume Tabard (Le Figaro) questionnait Gilles Finkelstein responsable de la Fondation Jean-Jaurès, proche du parti socialiste, ayant elle-même interrogé à ce sujet l’Ifop. Extraits : « On peut à mon sens parler de droitisation lorsqu’il y a un déplacement significatif vers la droite de l’ensemble de la société et quand ce déplacement concerne simultanément trois champs : celui des questions des libertés ou des droits des individus, autrement dit les thématiques culturelles et sociétales ; celui enfin des questions liées à la souveraineté, c’est à dire les thématiques régaliennes (sécurité, immigration, rapport à l’extérieur).

(…) Sur les questions régaliennes, il y a une très forte convergence de toutes les droites européennes sur la question du nombre d’immigrés considéré comme trop élevé par 80% à 90% dans tous les pays, sauf en Allemagne où ce taux est quand même de 69%.

(…) La Fondation Jean-Jaurès se doit d’analyser la société telle qu’elle est. Cette exigence de lucidité est le meilleur service qu’elle puisse rendre à la gauche.

(…) La question de l’immigration reste aujourd’hui l’un des plus gros impensés de gauche. »

Il est à souhaiter que François Fillon et François Baroin aient pris connaissance des conclusions de l’enquête de la Fondation Jean-Jaurès.

Enfin, des nouvelles de la crèche Baby Loup après l’annulation par la Cour de Cassation, du licenciement d’une salariée voilée. Celle-ci déménage de Chanteloup-les-Vignes. « Avec la décision de la Cour de Cassation, on avait perdu la partie. C’est du moins de cette façon que les choses ont été perçues dans le quartier », a confié le trésorier de l’association, qui décrit la surenchère religieuse de certaines familles. L’ambiance se dégrade. Apparaissent des demandes d’alimentation halal pour les enfants. Ainsi encore ce père de famille qui insulte une puéricultrice (« sale blanche ») pour n’avoir pas réveillé son fils d’une sieste qu’il estime trop longue. Les parents sont convoqués. Le père rétorque qu’il n’a pas peur et qu’il a déjà fait cinq ans de prison…

Le personnel de la crèche se fait insulter. Pneus de voitures crevés. Carrosseries rayées. Les assiettes des enfants sont illustrées avec des petits animaux : girafes, chevaux, cochons… Et sont aussitôt taxées d’islamophobes.

La crèche déménage. Et la Cour de Cassation ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles William Goldnadel. L’article original peut être consulté sur le Blognadel

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