Publié par Guy Millière le 24 juin 2013

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Cherchant des références pour l’écriture d’un livre en cours, je suis allé sur le site de vente de livres en ligne amazon. Et j’ai rentré le mot « Israël ». Simplement pour voir ce que seraient les résultats. Ceux-ci ont été, je dois le dire, conformes à mes craintes. Si mon dernier livre, L’Etat à l’étoile jaune*, a figuré, un temps assez bref, dans le peloton de tête (bien qu’amazon n’ait cessé d’annoncer des délais de livraison très susceptibles d’être dissuasifs), il a disparu. Et on trouve désormais des guides de voyage, avec la mention « Israël et les territoires palestiniens », ou, pour le Guide du Routard, « Israël-Palestine ». On trouve aussi, immédiatement après, des livres plus « toniques », le « classique », Israël Palestine d’Alain Gresh, censé donner une vision « impartiale » et « objective » du conflit (avec l’ « impartialité » et l’ « objectivité » qui caractérisent Le Monde diplomatique, cela va de soi), l’ouvrage que je n’ai pas lu et que je ne lirai pas de Michel Bole Richard, Israël, le nouvel apartheid, (Bole Richard a été lui-même journaliste au Monde, journal qui déborde d’amour pour les assassins d’Israéliens dès que l’occasion se présente). Dans la présentation du livre, on lit la description d’un « système ségrégatif » sadique et odieux, et il est ajouté que ce système « ne pourra que prospérer en raison du refus d’Israël de créer un Etat palestinien digne de ce nom et de sa volonté de vouloir maintenir le caractère juif de l’Etat hébreu ». On n’a aucune difficulté à deviner quelle est la carte de l’Etat palestinien digne de ce nom imaginée par l’auteur et que la survie du « caractère juif » d’Israël lui donne de vives aigreurs d’estomac. Vient ensuite un Israël, parlons-en, livre d’entretien dirigé par le gauchiste « antisioniste » belge Michel Collon. La liste des gens avec qui les entretiens ont été réalisés est à elle seule tout un programme : Noam Chomsky, Shlomo Sand, Tarik Ramadan, Michel Warschawski, Ilan Pappe, et même un certain Paul-Eric Blanrue, auteur d’un livre traitant des relations entre Sarkozy et une « communauté religieuse très influente » (suivez mon regard). Suit un livre de Shlomo Sand lui-même, bien sûr : Comment la terre d’Israël fut inventée.

Si, comme je l’ai expliqué lors de mes conférences en Israël, et comme je l’explique dans L’Etat à l’étoile jaune, la position économique et géostratégique d’Israël s’est renforcée ces dernières années et ne cesse de se renforcer, si les ennemis régionaux d’Israël sont en voie d’effondrement (comme l’Egypte), ou enlisés dans une guerre civile devenue guerre régionale (comme en Syrie), si le recul des Etats-Unis dirigés par Obama dans tout le Proche-Orient a laissé place à une avancée de la Russie de Poutine, qui ne se conduit pas en ennemi d’Israël, il n’en reste pas moins que la guerre contre Israël se poursuit de manière ininterrompue, et avec un acharnement croissant, dans les grands médias, et dans les livres qui paraissent.

Israël sans cesse dans la position de l’accusé, du tortionnaire, du colonisateur

Cette guerre n’est pas menée sur un ton antisémite, et ceux qui la mènent sont quelquefois Juifs eux-mêmes, mais elle n’en est pas moins vectrice de haine en ce qu’elle place sans cesse Israël dans la position de l’accusé, du tortionnaire, du voleur, du « colonisateur », de l’ « occupant », voire du massacreur d’enfants. Pour disséminer la haine, elle recourt à la désinformation et à la falsification de l’histoire, et comme rien ne vient s’opposer à elle , ou si peu, la désinformation qu’elle dissémine passe peu à peu pour l’information vraie, la falsification de l’histoire passe pour l’histoire elle-même.

Cette guerre conduit ceux qui la mènent vers une impasse et vers un déphasage par rapport à la réalité du Proche-Orient et d’Israël (ceux qui la mènent parlent d’un pays que je ne connais pas, où je ne suis jamais allé et où je n’irai jamais) : elle n’en est pas moins délétère. Elle s’articule avec les initiatives « diplomatiques » que peuvent prendre les pays d’Europe et l’administration Obama, et débouche sur des pressions inadmissibles exercées sur le gouvernement d’Israël.

Elle déborde sur les terrains « artistiques », comme le montre l’exposition présentement organisée au musée du Jeu de Paume où une photographe « palestinienne » (une certaine Ahlam Shibli) exhibe des photos montrant le culte des « martyrs palestiniens » (auteurs d’attentats suicides et assassins d’Israéliens) dans le « territoires palestiniens », et dans le catalogue de l’exposition, évoque « un peuple qui a tout perdu sauf sa dignité », « dont l’existence est niée par l’occupation », « dont l’histoire est réécrite par l’idéologie colonisatrice », « dont les fils sont bafoués », et qui n’a plus d’autre issue que « la mort des résistants » (et ce genre d’exposition, glorification du terrorisme et des assassinats contre des Juifs, gorgée de propagande odieuse, est présentée, c’est effroyable mais exact, comme « intéressante » et « courageuse » par divers « critiques»).

Elle conduit à la haine des Juifs eux-mêmes et à la montée de l’antisémitisme, voire sans aucun doute à l’émergence d’immondices tels que Mohamed Merah.

Elle s’accompagne de tous les gestes et de toutes les décisions émanant du mouvement BDS, Boycott Désinvestissement Sanctions, qu’il s’agisse de l’intimidation de musiciens et d’intellectuels devant se rendre en Israël, de la construction d’un mur du silence entourant ceux qui osent défendre Israël en Europe et, parfois, aux Etats-Unis, de l’interdiction à la vente de produits israéliens, de petites nuits de cristal organisées par les jeunesses national-socialistes de notre époque dans divers commerces, ou d’étiquetage particulier de produits juifs que vient de décider de mettre en place l’Union Européenne (à qui je suggère de donner aux étiquettes une forme d’étoile jaune : cela rappellerait des souvenirs à certains boycotteurs parmi les plus anciens, les autres pourraient regarder avec émotion les photos de l’époque où on pouvait peindre en lettres blanches sur les devantures juives à Berlin jüdisches Geschäft, aux fins de dissuader les bons Aryens d’entrer).

Elle doit être appelée par son nom, car c’est une guerre. Elle implique une attitude non plus défensive, mais offensive. Résolument offensive.

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Une pétition existe contre l’exposition au Musée du Jeu de Paume. J’invite à la signer : europe-israel.org. Mais ce n’est pas suffisant.

Une manifestation sera organisée le 30 juin devant le musée du Jeu de Paume. J’apporte mon soutien à la manifestation. Mais ce n’est pas suffisant.

Des actions en justice ont été menées contre diverses actions du mouvement BDS. Mais ce n’est pas suffisant.

Je suggère de demander au Ministère de la Culture l’organisation d’une exposition de photographies de scènes d’attentat en Israël, d’enfants juifs égorgés ou mutilés par des « résistants ». et je suggère d’exiger que cette exposition soit appelée « Oeuvres d’art palestiniennes ». Il faut exiger que l’ « art » palestinien soit regardé en face.

Si un refus est exprimé, comme c’est probable, on peut demander aussi au Ministère de la Culture que soit organisée à nouveau l’exposition « Le Juif et la France », comme l’a suggéré un lecteur de Dreuz. Elle avait remporté un succès certain au temps de Vichy. C’était une exposition « artistique », comme on dit en France aujourd’hui.

On peut aussi faire campagne pour que tous les produits juifs soient effectivement étiquetés en France et en Europe avec une étoile jaune. Pourquoi la France et l’Union Européenne devraient-elles s’arrêter aux demi-mesures ?

On ne doit pas hésiter à se faire provocateur aux fins de placer ceux qui mènent la guerre face à leur propre obscénité.

On peut aussi décider de quitter ce continent nauséabond, et si on ne peut le quitter physiquement, le quitter intellectuellement, culturellement et économiquement autant que faire se peut.

On doit résister. Vraiment. En gardant au mot de résistance sa vraie signification. Ou partir : d’une manière ou d’une autre. Mais en ce cas, pas partir en silence, mais en affirmant son dégoût.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour www.Dreuz.info

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