Certes, une langue, c’est vivant, et ça évolue en permanence.
Cependant, de nombreux symptômes du français parlé et écrit démontrent combien cette langue souffre de détournements de sens, de formules abêtissantes, de tics de langage simplistes, ce qui indique réellement un appauvrissement rapide de vocabulaire chez les francophones.
On entend certaines expressions devenues contagieuses dans le public, mais aussi dans les médias. Certains fléchissements se signalent d’abord au niveau grammatical.
La confusion des genres masculin et féminin est de plus en plus manifeste aussi dans l’usage des participes passés : ainsi, même un ministre de l’éducation n’hésite pas à dire à la télé : « les décisions que j’ai pris… ». Puis il y a les classiques : les journalistes de base les collectionnent : « La situation n’est pas prête de changer » au lieu de « n’est pas près de changer ».
La serveuse au restaurant : « Je vous amène du pain… », alors qu’on « amène » une vache et qu’on « apporte » un aliment.
De nombreuses expressions courantes sont répétées ad nauseam dans les bureaux, les services de toutes sortes, face à un client : « pas de souci ! » L’infirmière, le livreur, l’employé de bureau, tous s’inquiètent de votre tranquillité mentale : « pas de souci ! »
Ces locutions nouvelles qui se répandent comme une épidémie dans la discussion quotidienne sont nombreuses. Dans le même acabit, on a les disciples du « on va dire » qui répètent cela cinq fois par phrase.
Ca a commencé autour de 2007, et maintenant, cette formule un peu mouton de panurge annonce tout et son contraire ; on ne se risque pas à énoncer quelque chose de fiable, tout est relatif et conventionnel ! Alors, « on va dire » que….
Il y a aussi l’expression omniprésente et fatigante « voilà ». Comme si le simple fait de la prononcer affirmait une évidence. Certaines personnes la casent à chaque recoin de phrase, elle peut même remplacer un mot ou du sens quand on est en panne de discours. « Elle m’a bien dit que voilà, elle ressent ceci ou cela… » Simple exemple parmi d’autres, le présentateur de C’est dans l’air en fait un usage abusif, et il n’est pas le seul. On retrouve « voilà » dans tous les milieux, mais l’expression a son site « banlieue » où, avec l’accent, elle joue un rôle magique dans certaines bouches. En fait, voilà devrait refléter ce qui vient d’être dit, mais on l’exprime à la place de « voici », pour annoncer ce qui va être développé ensuite.
Certaines interviews négligées ne contiennent que des voilà, comme tout était si évident : « cette femme, voilà, a découvert que, voilà, son ami était voilà, un peu spécial, et voilà, elle décide de voilà, prendre une autre orientation » etc… Cette hésitante mise en exergue est éprouvante.
Puis il y a les reporters qui nous expliquent en direct une situation. Alors, dans ce cas, on a droit à un «effectivement » toutes les deux secondes. Pire que le redondant « car en effet » d’autrefois, le « effectivement » se veut objectif et explicatif. Et certains croient vous convaincre à haute dose d’ « effectivement ».
Autre expression typiquement hexagonale et désagréable : « du coup »… C’est un véritable syllogisme qui compte sur votre acceptation immédiate. Avec « du coup », tout devient automatiquement légitime. C’est comme un raccourci dans un raisonnement. Mais c’est aussi une référence violente, car quel est le coup qui contraint à admettre quelque chose instantanément ? En fin de compte, ce terme « du coup » remplace continuellement « de ce fait » ou « par conséquent », tout de même plus élégants.
Il faut bien constater – sans juger personne – que l’espace d’une expression de pensée vraiment individualisée usant de toutes les nuances de la langue française se restreint au profit d’un volapük bizarre et passe-partout.
La contagion du bla-bla médiatique aidant, nous voilà formatés à des locutions utilitaires et réduits à reproduire un vocabulaire de perroquet qui nous tire vers le bas.
Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez pour www.Dreuz.info
Et encore tout ce que vous citez plus haut c’est de la littérature à coté des wesh wesh t’a vu et tout le gargouillis arabo-musulman que ces creatures utilisent pour communiquer
Oh, oh, tranquille, mon frère, c’est quoi, ton problème ? Et wesh, ma gueule, c’est quoi ton délire, là ? Mais, putain, t’as quelque chose contre les cailleras, mec ?
c’est le langage des jeunes des banlieues difficiles , et que dire
du langage des rappeurs ? c’est vulgaire et agressif comme ceux
qui le pratiquent !
Bonjour, il y a dans les expressions que vous déplorez des formules dont la finalité n’est pas de communiquer du sens, mais bien de donner du temps à celui qui parle pour mettre en ordre ses idées et poursuivre. C’est du remplissage automatique, avec les premiers mots qui viennent sous la main sans réfléchir, et certains peuvent même se répandre jusqu’à être remarqués (“on va dire”, etc.). A l’écrit on ne les verrait pas, ce qui peut faire penser à un appauvrissement de la langue par rapport aux temps précédents, mais il y a à parier qu’ils avaient leurs tics de langage oral aussi, du moins dans certaines classes. A mes yeux, la langue est plus malmenée quand le sens des mots spécifiques est complètement perverti : l’énoncé présidentiel : “l’Islam est compatible avec la démocratie” fait ainsi autant de tort à l’Islam qu’il méconnaît, qu’à la démocratie. De même, l’assertion de Désir selon laquelle l’emploi fictif dont il a bénéficié n’a pas permis “d’enrichissement personnel” alors qu’un salaire lui était versé directement pour rien à Lille est monstrueuse, et n’a pas été relevée comme telle; On encore cette façon d’imposer “conférence de consensus” pour désigner une tribune extrémiste incendiaire : voilà de la novlangue infernale. Reste l’appauvrissement des liens grammaticaux qui indiquent une incompréhension fondamentale des rapports entre les éléments dont on parle, ou la perte des liaisons, qui à mon idée sont dues à la rapidité des journaux parlés qui courent après la succession des images. Le plus triste est qu’il est extrêmement difficile de maintenir un bon niveau de langue quand on ne l’entend plus nulle part. Je ne parle pas d’avoir honte de passer pour un vieux crouton sévère, dont je me moque, mais bien de ne plus avoir les sons justes dans l’oreille. Bonne journée.
D’accord avec vous, sauf peut-être pour les liaisons.
+1
Le problème de la perte du sens des mots, du développement de la ni langue précède probablement les incorrections grammaticales et est en tout cas beaucoup plus grave… Le poisson pourrit par la tête disent les Chinois ou Noblesse oblige disait-on chez nous. Mais quand on a jeté l’élitisme aux gémonies pour que le remplacer par l’entre-soi d’une élite kleptocratique… il ne faut pas s’étonner des pertes de langage, terminologie, néologie, et donc de culture et de possibilité de croissance et de rayonnement… restent/resteront les barricades pour protéger les kleptocrates de la jungle qu’ils contribuent très activement à recréer pour leur plus grand profit.
Voila, on va dire que du coup j’suis d’accord avec vous M’sieur l’abbé.
Pas d’souci!
Ecouter ce chant d’Yves Duteil ” La langue de chez nous ” écrite dans la langue de Molière … magnifique :yes:
http://www.youtube.com/watch?v=M69JnxQOa74
Chose amusante (ou triste ?), dans sa chanson, Duteil parle de “cette langue belle aux couleurs de Provence” (à 0’47). Hum. Il se trouve que la langue de Molière s’est répandue dans un territoire où elle a remplacé… l’occitan. Elle aussi remplacé le francoprovençal de Suisse romande, le pays de l’abbé Arbez.
Merci pour cet article !
Le sujet est vaste et fait l’objet de livres forts bien documentés mais qui n’ont que peu de succès, malheureusement.
Les médias portent une part du mal mais aussi les politiques – qui veulent de la novlangue – et le parisianisme snobinard des élites auto-proclamées.
Nous n’avons pas fini d’entendre “pal mal” au lieu de “beaucoup” ni l’abominable “impacter” que d’aucun s’ingénient à placer dans au moins une phrase quel que soit le sujet abordé.
Il y a aussi les “non-quelquechose” non-voyant pour aveugle, non entendant pour sourd. Moi je suis non comprenant…
N’oublions pas le sabir anglo-crétin des élites des entreprises (management, workgroup, time keeper, brainstorming, slide, stafing …) absolument indispensable pour avoir l’air d’en être.
D’un côté on renomme les choses et les êtres pour masquer la vérité, on pond des euphémismes pour faire savant et, de l’autre on affirme son appartenance à la bande en usant d’une langue hermétique.
Ces gens ne valent pas mieux que les racailles “ouèch-ouèch” des cités.
Pour finir, on se donne bonne conscience et on fait “langue qui vit” en introduisant tous ces déchets dans les dictionnaires. Même le rempart du Robert a cédé !
Vous posez la question de savoir quelle est la fonction d’un dictionnaire. Il y a “pas mal de” (!) réponses possibles. Si un dictionnaire note froidement les mots observés, en indiquant par une étiquette la note d’usage convenable, il n’y a rien à reprocher aux lexicographes. Si je constate que “cool” est apparu dans le langage des jeunes, je dois l’enregistrer dans le dictionnaire, même si je ne l’emploie jamais moi-même.
Je n’emploie jamais “putain” comme exclamation, mais je m’attends à ce qu’il figure dans un bon dictionnaire. C’est pourquoi je le trouve dans le Trésor de la Langue Française (TLF), sous “putain”, section B : voir sur Internet. Page d’accueil ici :
http://atilf.atilf.fr/
Enfin, personne ne doit oublier que nos dictionnaires s’adressent aussi aux étrangers. Si un lexicographe s’amuse à censurer tous les termes populaires, argotiques, vulgaires, orduriers, injurieux, abjects, il va faillir à sa mission d’observateur. Prenons l’exemple du terme vil “youpin”. Il figure, à juste titre, dans le TLF. Ça n’implique pas que les lexicographes du TLF entérinent son emploi. Ils constatent que les antisémites l’emploient, ou, en tout cas, l’employaient.
Je ne dis jamais “les curés” pour désigner en général les ecclésiastiques, les clercs, etc. Pour moi un curé est un prêtre chargé d’une paroisse. Mais le TLF enregistre l’emploi général, avec la note d’usage “par extension, avec nuance familière, et parfois péjorative”, “tout prêtre, qu’il soit ou non curé”, etc.
D’accord avec vous, mais je voulais dire qu’il doit rester un dictionnaire de la langue française.
Qu’il y ait des ramasse tout ne me dérange pas tant que je ne suis pas obligé de les acheter ou de m’y référer.
Si je veux me plonger dans l’argot, il y a des dictionnaires d’argot très bien faits.
Mais je maintiens que polluer le dico avec le sabir des rappeurs arabo musulmans des cités n’est rien d’autre qu’un façon de leur abandonner le terrain.
Curmudgeon à l’Académie Française !
Ben, p’têt’ qu’y m’voudraient pas, pasq’ chui pas assez distingué, faut avouer, et pi, ya des fois, j’cause pas comme y faut. Dommage, pinailler des après-midis entières (ou entiers) sur un mot, ça doit êt’ cool.
“Pas mal de”, “des tas de”, “des tonnes de”, sont simplement des équivalents familiers de “beaucoup”. Mais vos ancêtres ont dû se lamenter sur l’apparition scandaleuse de “beaucoup” ( = “beau” + “coup” !), qui a ridiculement remplacé l’excellentissime “moult”, venu du latin ; ou “maint”, venu probablement… du germanique, cf. anglais “many”. Première attestation textuelle de “beaucoup” en 1379.
Si on soude ensemble les lamentations au fil des temps, on en vient à conclure que nos langues ne cessent de s’appauvrir, de décliner, et cela depuis des siècles, voire des milliers d’années. Ça me rappelle la “paupérisation de la classe ouvrière”, lamento marxiste qui, si on le prenait au sérieux, laissait attendre que la classe ouvrière de 1980 avait un niveau de vie inférieur à celui de 1960, de 1950, de 1930, de 1910, de 1880… Quelle dégringolade !
Article intéressant mettant l’accent sur les tics de langue, comme indicateurs d’appauvrissement culturel. Or ils ont toujours existé à travers les âges. Le langage est vous avez raison Monsieur l’abbé un thermomètre social. La langue permet de se distinguer et de faire montre d’une élévation, d’une anticipation et d’une compréhension du monde. On a fait l’apologie de la paresse d’apprendre, comment s’étonner qu’il n’en émane qu’une pauvreté de la pensée?
Il est à parier que lorsqu’en France on respectera les lois, la grammaire et le sens retrouveront leur raison d’exister.
ou plutôt quand nous aurons envoyé “valls-er” les lois taubiresques, la grammaire peillonnesque, le sens marxo-maçonnico-islamico-nazifiant, l’air sera plus frais, la langue libérée! “En fait :-)) ” !!!
Les tics de langue, les modes, ont toujours toujours toujours existé. Ils ont toujours agacé. Ils m’agacent aussi. Ce n’est pas tragique. Ce qui est plus embêtant, c’est le détournement des mots pour diffuser des idées fausses, voire criminelles.
Monsieur l’Abbé,
Ces chers hommes en habit vert, ne sont-ils pas responsables de cette dérive vers la pauvreté de notre langue française, jadis, si riche ?
Amatrice de scrabble en ligne, je découvre des mots extravagants du “parler-n’importe-comment-comprenne-qui-pourra”, à chaque connexion.
Les doubles orthographes, avec une préférence pour la simplification des mots, des verbes inventés, trop souvent parlés et finalement, entérinés par ces vieux croûtons à qui notre langue est confiée !
Les participes passés jamais accordés et les verbes conjugués qui ne veulent plus rien dire, comme : nous avons convenu. Convenir se conjuguant comme le verbe venir, demain ils diront : nous avons venu !!!!
Et, si je reste une adepte de la parité homme/femme, je ne peux me résoudre à appeler madame “la” maire ou encore madame “la professeur-e-“, “l’auteur-e”-… et tant d’autres !
“Ces chers hommes en habit vert, ne sont-ils pas responsables de cette dérive vers la pauvreté de notre langue française, jadis, si riche ?”
Vous prêtez généreusement à l’Académie française un pouvoir qu’elle n’a jamais eu, si ce n’est dans l’imaginaire de l’idéologie nationale. Une langue est, pour simplifier, un système spontané, dont la régulation par l’extérieur est extrêmement difficile, sauf situations spéciales. Les Français rêvent de régulations dans tous les domaines : l’Etat est censé piloter l’économie, éduquer la nation, nous élever du berceau à la tombe, et nous dire comment nous devons parler. Non, ça ne marche pas comme ça.
D’autre part, qu’est-ce qui vous donne à penser que la langue française était jadis si riche ? Riche en quoi ? A quelle époque cette langue était merveilleusement riche ? Et qui, il y a 150 ans parlait le français standard en France ?
Sur le dernier point, je réagis comme vous, mais comme je suis un homme on pourrait me trouver de parti pris. Ecrire “les professeur.e.s” est vraiment lourd. Tout le monde sait bien que, dans le corps professoral X, il y a des femmes, parfois la majorité. Tout le monde sait aussi que “une grenouille / souris / cigogne / hirondelle”, etc. ça peut être un mâle. Le militantisme exacerbé, si on le prend au sérieux, va interdire aux athées de dire “adieu”, aux astronomes et assimilés de dire “le Soleil se lève une minute plus tôt”.
Un exemple de plus à verser à votre argumentation : on dit “une sentinelle”, alors que dans la majorité des cas, la fonction est occupée par un homme.
n’oubliez pas l’estafette et la vigie.
certains disent: une sapeuse pompière
C’est dû à un manque de vocabulaire. Tout le monde sait parfaitement que le féminin de ” un pompier ” c’est ” une pipe ” …
C’est pour détendre le débat. L’humour, pas la pipe ! Encore que…
mdr
J’ignorais ça ! Et ça se passe même à Genève :
http://www.ville-geneve.ch/fileadmin/public/reglements/hyperlex/LC21152.30-reglement-d’application-relatif-personnel-uniforme-service-d’incen.pdf
à Curmudgeon,
Ah, mais, c’est que vous n’êtes pas belge! Dans notre petite patrie, “la” ministre présidentE de la Communauté française a pondu en son temps (milieu des années nonante – quatre-vingt-dix, si vous préférez) un décret auquel étaient joints un manuel grammatical et un dictionnaire, concernant “la féminisation des noms de professions” qui rendait OBLIGATOIRE l’usage de termes comme LA ministre, LA bourgmestre, mais aussi l’avocatE, la greffièrE, etc… J’avais beaucoup apprécié la sapeuse-pompière (authentique), mais la palme fut remportée, bien sûr, par la cafetière, ex barmaid en franglais. Maurice Druon, au nom de petits veux verts auxquels vous faites allusion, s’étant fendu d’une protestation, fut sans ambage envoyé paître, les compétences de l’Aca s’arrêtant aux rives du Quiévrain. Depuis, nous naviguons d’échevines en écrivaines, ce qui n’empêche pas les rappeurs de nous casser les oreilles avec leur sabir à dix sous… (“Laisse béton la némo)
Il faut reconnaître que, contrairement à l’italien, le français ne fabriquait pas beaucoup de noms avec suffixes de féminin. Je n’ai rien contre “Madame la présidente”, mais j’avoue que “l’écrivaine” me met mal à l’aise, car, inévitablement je l’imagine “vilaine”. Ce n’est pa strès rationnel, je l’avoue.
Seul l’avenir nous dira ce qui restera, ce qui disparaîtra, parmi ces innovations.
J’ai cru que l’Abbé se moquait mais vous confirmez que la “sapeuse-pompière” est authentique… Au feu ou au fou !!!
Pas de “rappeuses” ? Ni de “plombières” ? A quand les “médecines” (douces et moins douces ) ?
Cela dit,il est certain que Malherbe (“Enfin Malherbe vint…”) et Vaugelas ont moultement dégraissé la langue française.Parfois,un peu trop,me semble-t-il.
Je vois que l’abbé Arbez est encore plus ronchon que moi. Chacun a ses agacements langagiers, et les lamentations sur le déclin du français ont couvert de leurs sanglots maintes et maintes générations.
Mes agacements diffèrent. Mais “du coup” provoque bien des ires, certains trouvant qu’il fait l’objet d’une mode :
http://claudinecholletecrivain.hautetfort.com/archive/2006/09/05/tordons-le-cou-a-l-expression-du-coup.html
http://www.cuk.ch/articles/5464
Il se trouve que je suis un utilisateur (innocent) de “du coup”. Ce “du coup” veut en gros dire “à la suite de quoi” : regarder l’article “coup” dans le Trésor de la langue française (TLF), consultable gratis sur Internet. Le TLF est, quelles que soient les critiques qu’on puisse lui adresser, le plus gros dictionnaire de français.
http://atilf.atilf.fr/
Du coup, on y trouvera aussi “du même coup”, et une multitude d’autres expressions, car il se trouve que la langue français a fait un sort vraiment particulier à “coup”, fait qui a frappé certains non-francophones observateurs.
L’abbé Arbez dit que “du coup” est “un véritable syllogisme”. Je suppose qu’il veut dire plutôt que “du coup” introduit la conclusion d’un syllogisme. Il ne saurait être tout un syllogisme en lui-même, la chose est impossible. Il me semble très abusif de voir de la violence dans ce “du coup”, ou je crois que personne n’est plus conscient du sens de “coup”. Si on est hérissé par “du coup”, du coup le sera-t-on par “tout à coup”, “après coup”, “sous le coup de”, “tenir le coup”, “coup d’œil”, “coup de pouce”, “à coup sûr”, “après coup” (déjà dans le dictionnaire de Richelet, édition 1735), “à tous les coups”, “boire un coup”, “un coup de chapeau”, et la myriade d’expressions compilée dans le très long article du TLF ?
L’abbé Arbez trouve que “du coup” est hexagonal. Est-ce que les Suisses s’en gardent ? En tout cas, une Québecoise s’étonne du “du coup” des maudits Français :
http://forum.leconjugueur.lefigaro.fr/viewtopic.php?id=1134
A condition d’être très obsédés, les aficionados et les ennemis farouches de “du coup” pourront alimenter leurs goûts et dégoûts en lisant avidement les 88 pages de cette savante monographie :
http://munin.uit.no/bitstream/handle/10037/3647/thesis.pdf?sequence=1
Katrine Malm, Une étude de l’expression adverbiale ‘du coup’, mémoire de master de l’Université de Tromsø, 2011.
Et aussi cet article de Jacques Jayez (18 pages seulement) :
http://jjayez.pagesperso-orange.fr/doc/ducoup.pdf
Du coup, on ne pourra pas dire que “du coup” a été négligé.
La locution “du coup” est attestée anciennement. Elle se rencontre chez une multitude de grands écrivains. J’ignore la date de son apparition.
Ce qui est amusant, c’est que des francophones non français préservent parfois des expressions anciennes dans leur authenticité première. Au Québec comme en Suisse, on dîne à midi et on soupe le soir, alors qu’en France on dîne le soir! Et le matin, certains Parisiens disent aussi : nous allons petit-déjeûner! (pas terrible!)
Oui, mais au Québec, on ne connaît pas le petit-déjeuner, on dit toujours “déjeuner”, ce qui oblige sans doute à dire “dîner” au lieu de déjeuner et “souper” au lieu de “dîner”. Et puisqu’on parle du Québec, le français y est vraiment malmené, par exemple, on entend souvent “coudon”, “fa que”, “c’est-tu beau”, “c’est qui qui parle”, “à c’t’heure”, “sur l’heure du midi”, “t’en viens-tu”, “la fille que je sors avec”, etc., sans compter les nombreux anglicismes qu’emploient aussi bien le peuple que les médias; franchement, je crois qu’on devrait dire qu’au Québec, on parle “québécois” et non français.
En Normandie, j´ai souvent entendu l´expression “venir dîner” ou “venir souper”.
Les africains utilisent aussi parfois des expressions anciennes, les belges également.
Ayant vécu quelques années en Belgique, j´en ai gardé l´expression “fin de semaine” au lieu de “weekend” p.ex.
Je suis un de ces Français (un peu rustiques ?) qui, spontanément, déjeunent le matin, dînent à midi et soupent le soir, comme dans l’ancien temps. Autrefois, il y avait dans les immeubles collectifs des “vide-ordures”. Mes voisins et moi, on les appelait “dévaloirs”, comme en Suisse. Je dis volontiers “G’nève”, aussi bien que “Genève”.
En fait, on pourrait presque me considérer comme un Suisse d’honneur. [Les blagues sur les Belges et les Suisses ne me font pas rire, en revanche, les blagues belges sur les Français sont en général très bien trouvées].
J’avoue être un peu dépité, parfois, quand j’entends les Suisses à la radio ou à la télévision, car il y en a beaucoup qui ont pratiquement perdu l’accent local, pour lequel j’ai toujours eu un faible. Il est anti-brutal, réfléchi, hautement civilisé, en somme.
c’est logique: les animateurs radio que vous entendez ne sont pas suisses, mais français.
Ils parlent donc avec “l’accent français” comme on dit ici…
Pour ce qui est de l’accord du participe (“les décisions que j’ai pris” du ministre de l’éducation nationale), il faut toujours rappeler que la règle, de facto impérative à l’écrit, est appliquée de manière extrêmement fluctuante à l’oral, et cela même par les gens extrêmement instruits, par les “personnes les plus distingués”, par les arbitres des élégances, par les spécialistes universitaires de français les plus pisse-vinaigre, et autres parangons du beau langage.
Il y a une bonne raison. Cette règle officielle est en effet d’origine très artificielle, c’est tout bonnement une projection pédante d’une règle italienne ancienne, imposée bizarrement au français, il y a de cela plusieurs siècles. Fait spectaculaire, cette greffe grammaticale n’a jamais vraiment réussi depuis 450 ans, malgré les désirs de son promoteur Clément Marot. Elle entre en conflit avec d’autres règles spontanées du français, d’où des vacillations bien connues, que des linguistes ont analysées en long et en large. On n’y a rien gagné, vraiment.
L’obsession pour l’accord du participe passé à l’oral est mal placée à mon avis. Le respect religieux de cette règle n’apporte rien à la clarté, à la nuance, à la précision. Les infamies lexicales dont Alpha fait justement état plus haut sont autrement plus délétères.
Il faut observer réalistement que le langage sert à communiquer, pas uniquement des informations sur ce que nous voulons dire, mais aussi sur notre place dans la société. D’où des “shibboleths” qui permettent d’afficher notre appartenance à tel ou tel groupe. Et ça marche pour tous les groupes. Chaque groupe regarde un peu de haut les autres, c’est un jeu social inévitable.
Quelques rares puristes s’échinent parfois à suivre (de façon très variable, lacunaire) des accords qui produisent des imparfaits du subjonctif, lesquels n’ajoutent strictement rien à la subtilité de la pensée. Ils ne servent qu’à dire, à l’écrit, et bien plus encore à l’oral (quand on l’ose) : voyez comme je maîtrise bien le français, pas chiches d’en faire autant.
La foire aux vanités. J’y participe. Rien de bien méchant.
En tant que secrétaire de rédaction, je ne peux que confirmer votre triste constat. Les journalistes de presse écrite n’échappent pas à cet appauvrissement vertigineux de la langue (et par conséquent de la pensée) à l’œuvre dans les médias audiovisuels. Combien de fois ai-je lu – et corrigé – « c’est la raison pour lequel », « les concerts organisés sur la ville », « on va résolutionner le problème », « il y a des gens qui croivent », « en une heure de temps », « voire même », « suite à », « mais néanmoins », etc. La pauvreté du vocabulaire, l’ignorance du sens des mots, des règles orthographiques, syntaxiques et typographiques complètent cet affligeant tableau.
L’Académie française publie d’ailleurs sur son site Internet un bloc-notes intitulé « dire, ne pas dire » afin de lutter contre les tics de langage de notre époque. Hélas, cette préoccupation ne figure pas parmi les priorités du plus grand nombre. Ceux d’entre nous qui se veulent les défenseurs de la langue française ont bien souvent le sentiment de se battre contre des moulins (ou des moules). Enfin voilà !
Il y en a des choses à dire (ou à médire ?) !
Les « journaleux » – je n’utilise plus jamais le mot de « journalistes » pour décrire cet ensemble audiovisuel parlant et j’ajoute même, lorsque je suis vraiment fâché, « de m… » si vous soyez ce que je veux dire ! – disent, au hasard de souvenirs : « un autoroute » au lieu d’une autoroute, « un virgule cinq milliards de personnes » pour un milliard et demi ou un milliard cinq cent millions de personnes, j’ai même vu écrit, sur les bandeaux défilants qui ornent le bas des images, « l’avion a atérri » avec deux fautes en un seul mot. Il doit y avoir mieux….
Pauvre France, me disait une vieille religieuse dans mon enfance, il y a bien longtemps ! Que dirait-elle aujourd’hui ?
C’est rigolo, comme chacun a ses obsessions (j’ai les miennes aussi, bien sût). Vous ne supportez pas “un virgule cinq milliards de personnes”, qui est simplement dans un style un peu scientifique, mais, franchement, parfaitement correct, comme oralisation de “1,5 milliards”. Que pensez-vous de “trois virgule cinq kilos”, “zéro virgule zéro zéro cinq millimètres” ?
Pour commencer, on écrit “1,5 milliard” (sans “s”).
Et paf ! Je ne recommencerai plus.
Votre témoignage est précieux. Quel aurait été le témoignage d’un collègue à vous il y a cinquante ans ? Cent ans ?
Je ne comprends pas votre réprobation de “suite à”. C’est peut-être une expression tirée de “comme suite à”, en style juridique. Voir citation de Charles de Gaulle dans le TLF, sub “suite”, section C. Ici un puriste épingle “suite à”, avec des développements :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion_Wikipédia:Fautes_de_français
Je sais que “sur la ville”, “sur Paris” indispose pas mal de gens. Je ne sais pas bien pourquoi. C’est probablement un compactage de “sur la place de”.
Comme j’ai mes propres lubies, je me lâche. La confusion, maintenant acquise, entre “technique” et “technologique”, “social” et “sociologique” est dommageable, car elle confond le domaine et la science qui étudie ce domaine ; ce qui, on en conviendra, est autrement plus ennuyeux que de dire “suite à” au lieu de “à la suite de”. “Problématique” pour “problème” montre qu’on ne sait pas ce qu’est une problématique. Ce genre de substitutions lexicales brouille des distinctions capitales, mais évidemment, évincer le mot court pour favoriser le mot long rend le style plus ronflant. Quant à “sociétal”, n’en parlons pas, je doute que la majorité de ses utilisateurs distinguent [accord ad sensum] entre “social” et “sociétal”. Et le summum actuel, c’est “genre” mis pour “sexe” (biologiquement défini).
Mais ces déplorations seraient infinies.
Et quel sera le témoignage de mes collègues des siècles à venir, pour autant qu’on se soucie encore de la langue de Molière !
Vous avez répondu à votre première question : on ne dit pas “suite à” mais “à la suite de”. Cette erreur peut vous paraître bénigne, mais mon boulot consiste à traquer sans pitié toutes les fautes sans exception.
On ne dit pas : “je vais sur Paris”, mais “je vais à Paris”, de même qu’on ne dit pas “je vais au coiffeur” mais “je vais chez le coiffeur”. L’emploi des prépositions n’est pas aléatoire en français (et dans aucune autre langue de ma connaissance d’ailleurs).
Prendre la suite d´une affaire, mais,
faire suite à quelque chose,
donner suite à une affaire,
donner suite à une commande,
comme suite à notre lettre d´hier,
donner suite à une décision,
venir à la suite.,
à la suite de la décision prise,
être à la suite de quelqu´un,
à la suite des uns des autres
Officier à la suite.,
et, ainsi de suite.
Par suite d´une erreur.?
« La relation entre le mode de pensée totalitaire et la corruption du langage constitue un problème important, qui n’a pas fait l’objet d’une attention suffisante ».
(George ORWELL, pseudonyme de Eric BLAIR, cité par Simon LEYS dans son essai « Protée »)
C’est un sujet intéressant, quoique très différent de celui du billet de l’abbé Arbez. Des études ont été faites sur le russe “soviétisé”, l’allemand “nazifié”. Il est de fait que les régimes totalitaires triturent un peu les langues pour les faire servir leur desseins.
Derrière toute intervention “académique” sur la langue, se cache une intention politique: souvenons-nous que l’Académie française a été fondée par Richelieu dans une intention clairement politique de surveillance “des lettres”, c’es-à-dire des opinions des lettrés, et qu’un de ses premiers pensums a été de donner “ses sentiments” sur le Cid, alors que la vraie raison était que le Cid faisait l’apologie des duels, que l’autorité royale tentait de réprimer. Même l’invention des voyelles dans l’alphabet grec avait pour but d’unifier les régions de locutions différentes sous une prononciation athénienne, comme le français imposé de force dans les pays de langue d’Oc, ainsi que rappelé par un autre intervenant. La novlangue, c’est du totalitarisme, pas de la lexicographie! (Ouf! pas de “du coup” dans ma copie!)
Vous avez raison : l’Académie française, c’est pour une part du bon vieux dirigisme étatique (et parisien) à la française. Mais, dans ce cas, ce dirigisme peine à s’imposer, tout simplement parce qu’une langue ne s’administre pas facilement depuis des bureaux de la capitale. Les étrangers s’imaginent que ladite Académie régule d’une main de fer la langue française, et que les Français sont suspendus aux lèvres augustes de ces messieurs de l’Académie. Mais on est dans l’illusion. Observer d’ailleurs que le Dictionnaire de l’Académie a un effet bien plus limité que ce que la légende prétend.
Et j’ai effectivement évoqué le souvenir du rouleau compresseur du français face à l’occitan, et, on pourrait ajouter, face au francoprovençal, au catalan, au béarnais, au basque, au breton, à l’alsacien. Il faut reconnaître toutefois que, pour une part, l’abandon de ces langues a été volontaire de la part des locuteurs. En tout cas, la quasi-totalité des Français d’aujourd’hui se fait de grosses illusions sur la proportion des sujets du roi de France qui parlaient le français de Paris vers 1750, ou même vers 1850.
Mais pour l’alphabet grec, j’ai des doutes. Ce ne sont pas les Athéniens qui ont décidé d’ajouter des lettres pour les voyelles à l’alphabet phénicien. Cette innovation aurait plutôt eu lieu, ce qui est géographiquement attendu, en Ionie (donc en Turquie actuelle), comme le suggèrent les auteurs grecs eux-même. Ou alors en Eubée. Après, il y a eu une unification, mais cette unification a été précédée par l’adoption de l’alphabet ionien par les Athéniens en 403 avant J.-C., les Athéniens ayant abandonné leur variété d’alphabet local.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_l'alphabet_grec
https://en.wikipedia.org/wiki/Archaic_Greek_alphabets
Pour la petite histoire : certaines inscriptions un peu anciennes (VIe ou VIIe siècle) en alphabet grec sont des graffiti gravés sur la pierre dans l’île de Théra (l’actuelle Santorin), et concernent les activités pédérastiques de leurs auteurs. Du genre : “Ici Tartempion a enculé Machin”. Les savants hellénistes se sont penchés sur ces texticules de la façon la plus austère.
http://www.ipce.info/library_3/files/thera.htm
Et l’empoi de “On”, au lieu de “nous” : Avec mes parents, on a été à la plage au lieu de : Avec mes parents, nous sommes allés à la plage…
Vous ne dites jamais jamais “on” au lieu de “nous” ? Permettez-moi d’en douter.
comment voulez vous que la langue française ne s’ appauvrisse pas ? AVEC UNE POPULATION ALLOGENE NOUVELLEMENT francaise ou en court de l’ etre ! 20% des eleves arrivant au secondaire qui arrivent a peine a lire et expliquer un texte dit classique ! qui ont un vocabulaire de 500 mots maximum , sans compter ceux qui arrivent en 6 éme et qui savent tout juste lire et ecrire ! la liste est longue pourtant il y a plus de 90 % de réussite aux bacs vraiment on nous prends pour des cons , les diplômes comme le bac et le brevet sont devenus des niveleurs de la société et sont donnés dans des cornets surprises ….!
Il est impossible que les élèves entrant en 6ème aient un vocabulaire (actif) réduit à 500 mots maximum. Pour les conversations courantes, on a besoin de plusieurs milliers de mots, au minimum 3000. Avec la liste des 1500 mots les plus fréquents compilée par Etienne Brunet, vous n’allez pas loin. Si vous ne me croyez pas, regardez la liste :
http://eduscol.education.fr/cid47916/liste-des-mots-classee-par-frequence-decroissante.html
Sans oublier le “en” payer en caisse. Payer en carte etc.
La langue suit la dégringolade du pays. A partir du moment où l’on impose l’anglais dans les universités à la place du français, il va de soi que la langue subit des dégratations. mais l’anglais que l’on veut imposer est aussi un anglais de bazard. Chaque jour, nous trouvons des raisons pour faire la révolution.
Merci pour l’article.
Je ne vois pas comment suivre des cours en anglais à l’université dégraderait la qualité du français. Quand les cours étaient en latin, ça ne dégradait pas le français.
Mmmh! Pas si sûr! la lettre par laquelle François Ier invite Léonard de Vinci (“Vous serez bien reçu ycy) sent son helléniste dévoyé!!!
(OK c’est pour du rire, en belgicain dans le texte!)
Je reviens à la charge. faites l’expérience suivante. Je l’ai faite c’est la raison pour laquelle je vous la propose. A compter des journaux du soir. 18 h3 – 19 pendant une heure forcez-vous à écouter BFTV. Les fautes de français énoncées par les journalistes lesquels prennent par ailleurs des postures tragiques sont pareilles aux :-* reflux castriques du chef de l’Etat Français. Il y en a tant et plus.
Avez-vous eu l’occasion de prendre la parole en public pendant 30 minutes d’affilée et de vous faire enregistrer ? Ça rend humble.
Le reflux castrique :ça veut dire qu’on les lui a coupées ?
Le mot d’introduction le plus utilisés des journalistes et des politiques c’est sans conteste “Ecoutez”. Egalement à la mode en ce moment dans les banlieues le “j’ai envie de dire”… Et pour terminer, le mot utilisé par 99 % de la population mais qui est pourtant incorrect : “dentition” à la place de “denture”.
Pour ma part, je trouve qu’au contraire la langue Française c’est enrichie.
De jolies expressions fleurissent de ci, de là, du style “Nique ta mère”, “Nique ta sœur”, “Nique la France”,”Sale blanc”, ” va niquer tes morts” etc…etc… ?:-)
+1
J’aime bien aussi “nique la religion de ta mère”.
“La langue Française c’est enrichie” ?
Pas l’orthographe en tout cas !
De mon jeune temps on avait juste “nyctalope”
Oui, et celui-ci aussi :
http://fr.wiktionary.org/wiki/nycthémère
La multiplication des tics de langage et autres formules à l’emporte-pièce ne révèle pas seulement un appauvrissement de la langue mais trahit également un appauvrissement de la réflexion, un profond mépris pour ses interlocuteurs et une méconnaissance des fonctions de la communication (voirJakobson) : ponctuer ses phrases de “effectivement”, de “voilà”, de “du coup” ou ce que vous voulez, pour gagner du temps ou meubler ses interventions, revient à utiliser la fonction phatique du langage. Wikipedia : «Chaque fois que l’on “parle pour ne rien dire” c’est cette fonction qui est exercée ».
Aujourd’hui il faut avoir la tchachte, aller au clash (“joute verbale” en novlangue), occuper le terrain, monopoliser l’espace et le temps en parlant coûte que coûte. L’heure est au stand-up. Les “djeuns” en raffolent et il n’est pas étonnant que Debouze et consors puisent les nouveaux “talents” de demain en banlieue, source intarissable en la matière. Force est de leur reconnaître un savoir-faire indéniable dans cette discipline si particulière. Par sûr que la culture et la langue française en sortent grandies…
Dans toutes les langues, tout le monde, depuis toujours, a recours a des petits mots pour meubler. Rares sont les locuteurs capables de “parler comme un livre”, avec très peu d’hésitations. Strictement, c’est en fait impossible. Chez certains, c’est excessif, ça devient un tic pénible. A doses modérées, c’est normal.
Un des indices montrant que vous commencez à très bien connaître une langue, c’est quand vous êtes capable d’hésiter dans cette langue de façon correcte. Chaque langue a sa manière de faire “euh” : celui du français, de l’espagnol, du persan, de l’anglais, diffère à chaque fois. Il faut attraper la bonne voyelle, “eu”, “é”, “o”, etc.
Tout à fait d’accord. La fonction phatique sert aussi à maintenir le contact avec son auditoire et a, dans ce sens, un rôle important et justifié. Le problème de l’appauvrissement du français n’en reste pas moins réel. Comme le souligne l’abbé Arbez, les tics (qui ne sont pas toujours des hésitations, loin de là) sont omniprésents dans la bouche des journalistes (entre autres) et nous pouvons constater quotidiennement les effets de cette communication “virale”, typique des médias, d’abord sur nous-mêmes. Il ne s’agit plus de doses homéopathiques – petits tics inévitables dans le langage courant et qui rendent la langue vivante – mais d’une généralisation de ces comportements qui entraîne un nivellement par le bas regrettable.
Le niveau scolaire a été abaissé ces dernières décennies afin que plus d’élèves aient leurs examens, les façons d’enseigner ont changé également, le vocabulaire s’en est ressenti, il s’est restreint aussi, une personne munie d’un simple certificat d’étude qu’elle passait dans sa 14 ème année avait un vocabulaire bien plus riche qu’un adolescent d’ aujourd’hui avec le brevet des collèges passé à 15/16 ans, mais il y avait une discipline en classe qui n’est plus de mise à l’heure actuelle qui pourtant permettait un meilleur apprentissage..
Il faut tenir compte aussi du fait que beaucoup se servent d’une expression entendue lors d’une émission télé ou bien dite par quelque personnage connu, mais le verbal et l’écrit sont souvent différents, à l’écrit on a généralement du temps et on se relit mais quand on parle il n’y a pas de rattrapage.
Le vocabulaire n’est pas le mème selon l’appartenance sociale et le lieu de vie, sans parler du langage corporatif, bien que ces dernières années il se soit un peu uniformisé comme dilué..
Il faut dire aussi que la presse donne le plus mauvais exemple en n’appelant pas les choses par leur nom, induisant ainsi es lecteurs dans l’erreur.
Share et enjoy avec plaisir ! un excellent article qui résume un état d’esprit, celui peut-être d’une société qui ne prend plus le temps,ni de vivre ni de parler, mais nous savons aussi et surtout que parler c’est vivre……… !
il y a aussi le problème continuel des liaisons:
combien de commentateurs disent: les être-humains au lieu de : les z êtres z humains…
quant aux chiffres, c’est la cata: mille zenfants, cent zeuros, etc, etc
Et la paresse de la prononciation : par exemple, ne dites plus « maintenant », mais dites « main’nant » !
Et l’handicap des zandicapés .
Là , c’est le contraire: ils ne peuvent pas ou alors ils refusent de marquer l’h aspiré
Article fort intéressant, merci, M. l’abbé! Il me semble que la langue française s’est appauvrie avec l’arrivée massive d’immigrants d’Afrique du Nord dont le français est très approximatif, avec l’utilisation exponentielle des messages textes, avec la complaisance des médias qui, sous prétexte de vouloir se faire comprendre par tout le monde, abaissent la langue à son niveau, avec la dégradation de l’école, où l’on n’enseigne plus vraiment la grammaire, et j’en passe.
La langue française est à l’image de la dégradation de la France sous l’emprise de gouvernements, de droite comme de gauche, dont la priorité est le profit personnel de ses membres et non l’intérêt du pays.
Une langue évolue, certes, mais elle ne doit pas évoluer vers le bas, et c’est, hélas, ce qui se produit actuellement.
“Il me semble que la langue française s’est appauvrie avec l’arrivée massive d’immigrants d’Afrique du Nord dont le français est très approximatif”
ils ne sont pas responsables de tout !
j’ ai connu beaucoup de gens venant d’ Afrique du nord. des étudiants, dans les années 70, qui parlaient un français impeccable, des collègues, même bien plus jeunes que moi, qui parlaient un français encore très correct.
la baisse de niveau du français a été proportionnelle à la baisse de qualité des élèves : manque de discipline, irrespect des enseignants, inattention, fatigue par manque de sommeil, inintérêt pour la langue à cause du langage SMS et de la flemme, et baisse du niveau des enseignants démotivés et dépassés.
A la lecture- coup de fouet de ces menues dérives syntaxiques lues, entendues, ou exprimées par les expressionnistes d’une langue lourde de malfaçons, j’en reste coite ! Voilà, c’est décidé: je m’en va tirer vers le haut la langue de chez nous, tout en m’exerçant aux mille vertus du Bled des escholiers!
…. Mon mari a reçu ce matin une lettre de sa banque lui demandant s’il “était satisfait de son équipement bancaire” (sic) !
Sans doute voulait-on savoir s’il souhaitait renouveler sa garde-robe de billets de banques ou s’il estimait nécessaire que l’on repeigne les toilettes de son agence bancaire? Le langage des banquiers se veut frivole, parfois. Aux clients d’en apprécier tout l’humour et la finesse!
Le français est galvaudé parce qu’il n’est plus étudié que comme un langage suranné, doté d’une orthographe impossible, de règles débiles, de mots inadaptés, etc. Bref, le français n’est plus aimé. Nous savons pourtant qu’un langage est une culture et que si nous ne faisons pas l’effort de l’appréhender, de l’assimiler, on ne comprendra jamais sa force, sa spécificité. Un élève croit généralement qu’avec le parler populaire, il en sait suffisamment et qu’il arrivera toujours à se débrouiller. Il se servira, en effet, d’un dialecte qui l’aidera sans doute à se faire comprendre dans la vie courante, même en s’exprimant mal et on lui apportera le vocabulaire nécessaire pour cela car un dialecte sait récupérer les mots indispensables et délaisser ceux qui ne le sont plus, car c’est bien à un vocabulaire qu’il a réduit instinctivement une langue (il suffit de voir le sujet des discussions sur les forums). Ce qu’il ne sait pas est qu’avec cet état d’esprit, il ne connaîtra jamais une vraie langue. Celle-ci donne une structure mentale qui serait un atout dans tous les secteurs de l’existence. On n’a pas à chercher longtemps pour trouver qu’ils sont nombreux à ne pas parvenir à seulement transmettre une idée pleine par écrit (on est, alors, assujetti à former une phrase sans tourner autour du pot et sans pouvoir y mettre le ton pour s’aider). Beaucoup s’y agacent, deviennent irascibles et agressifs, avec des mots démesurés… Nous sommes loin de Valéry qui conseillait de « deux mots, il faut choisir le moindre ».
Chose amusante, l’article et les commentateurs ne citent pratiquement pas les fautes de français les plus courantes. Elle pullulent sur Internet. Pour ce qui est de la seule orthographe, elles révèlent qu’une majorité de Français, même assez instruits, n’arrivent pas à la maîtriser.
C’est ce qu’a révélé la navigation sur Internet. C’est aussi ce qu’a révélé la nouvelle façon de publier les livres, où l’auteur livre un document numérisé, mal relu ou pas relu par des correcteurs. Alors éclate le honteux secret : des professeurs d’université qui écrivent “répliqua-t’elle”.
Regardez bien sur Internet, vous allez trouver, à la tonne, des “celà”, des “çà” pour “ça”, des “sa” pour “ça”, des “ç” devant les lettres “e”, “i” (“ceçi”), , et, bien entendu, les sempiternelles confusions entre “-er”, “-é”, “-ez”, sans parler des “déclara-t’il” à foison. Et aussi : des “quelque” pour “quel que”, des “œ” qui ont disparu, des “quand à” , des “tord” pour “tort”, des “côte” pour “cote”, des “tâche” pour “tache”, la confusion “près” / “prêt”.
Il faut reconnaître que le français a une orthographe difficile (et son enseignement a été quelque peu négligé, il faut bien le reconnaître). Les petits francophones en bavent. Les Italiens, les hispanophones, sont gâtés à côté de nous. Les anglophones sont logés à la même enseigne que nous.
La réponse est dans votre question.
C’est aussi pour ce genre d’article, qui interroge les modifications structurales qui nous affectent à travers la langue et ces petites choses discrètes du quotidien, que j’aime bien lire Dreuz …
Merci pour ces fines observations Mr l’abbé.
Je suis d’accord avec vous.Notre langue, celle de tous les jours, s’appauvrit.Moindre exigence au bac, mauvais exemples des gens qui sont censés parler correctement (médias, politique). Usage du langage texto et, j’ose le dire : langage des cités et immigration de masse. Tout nous tire vers le bas; Vive l’églitarisme :tous égaux dans la médiocrité. Quant à hollandouille 1er, lui il milite pour la suppression de l’article indéfini :” avec le premier sinistre, nous menons combat contre…” Contre quoi déja ?
Aie, il m’est arrivé d’écrire ” du coup !. Je l’ai aussitôt effacé , mais “du coup” je dois le dire! Je vais donc me surveiller.
“Pas d’ souci ” est pour les jeunes femmes branchées. Donc pas de risque pour moi.
J’ai réussi récemment à me débarrasser d’un ” Voilà” de confession.
Mais je n’ai jamais suivi “Quelque part ” qui pourtant séduit depuis plus de 30 ans et que j’ai entendu pas plus tard que cet aprés midi, associé à
“l’Utopique”!! dans une conférence sur l” Épargne solidaire”.
L’abbé Arbez n’aime pas “du coup”, il est bien libre : des goûts et des couleurs, on ne discute pas. Mais “du coup” est du français impeccable, et on ne voit pas pourquoi Loco y renoncerait sous son influence. Comme je l’ai dit, si on suit ce raisonnement, il faudrait bannir “beaucoup”, et un nombre important d’expressions avec “coup” (certains étrangers en concluent humoristiquement que les francophones sont des brutes qui ne rêvent que plaies et bosses).
Voltaire avait décidé de partir en guerre contre “par contre”, qui a soulevé les passions puristes pendant deux siècles, mais André Gide s’est efforcé de montrer qu’on ne peut pas systématiquement dire “en revanche” à la place de “par contre”.
Un côté sympathique de ces discussions est qu’elles témoignent de la passion pour la langue française, patrimoine commun. Enfin, au moins théoriquement…
un exemple qui m’ énerve, là où autrefois on aurait dit “permis” ou “interdit”, “légal” ou “illégal”, aujourd’ hui on ne connait plus que le “licite” et “l’ illicite” à tout propos. cela dénonce une influence en profondeur de toute une société.
Il doit y avoir des gens qui découvrent avec ravissement ce mot. Autrefois c’était “occulter”, et des tas d’autres. Maintenant, on a “en même temps” = mais, “en mode X”, “juste”.
cette année, 87% de reçus au bac, est ce que c’est bon signe pour la langue française, je dirai plutot, qu’il faut s”en inquieter .
La langue française fout le camp,c’est sur,mais c’est à l’école que ça commence qu’apprend-t-on aux enfants ? Rien qui n’enrichisse l’esprit de même au collège et idem au lycée,chez moi pas de langage de banlieu un langage correct, je ne vais pas voir les sms dans les portables mais si on me laisse un mot pour me dire qu’on mange chez un ami ou autre je veux que ce soit sans faute si possible et dans un français acceptable surtout !!!!
Un mot (parmi d’autres) me hérrisse le poil “c’est ma copine” ou “c’est mon copain” alors qu’on vit ensemble depuis un;deux,voire quatre ou cinq ans !!!!
le cas se répète ausi dans l’hébreu… :chic:
venez comparer la langue hébraïque de la thora et l’ivrit des rues.
vous seriez surpris !
on ne peut tout de même pas causer comme au temps de Louis 14.
A propos de ce que dit l’abbé Arbez, plus haut : les règles de la prononciation française veulent qu’il y ait des liaisons obligatoires (“les Z alligators”), interdites (“Les koalas Z habitent en Australie”), et optionnelles (“les droits humains” ou “les droits Z humains”). Donc, dans l’exemple de l’abbé Arbez, on peut dire soit “les Z êtres humains”, soit “les Z êtres Z humains”, selon son choix, et selon les circonstances.
Pour les optionnelles, certains locuteurs font beaucoup de liaisons et trouvent les autres laxistes, d’autres locuteurs font peu de liaisons et trouvent les premiers guindés. Ne pas faire les liaisons optionnelles n’est en aucun cas incorrect. Le nombre des liaisons peut dépendre du contexte, de la situation dans laquelle on se trouve. On en fait plus que d’habitude quand on parle le “français du dimanche”, et on y renonce en partie dans la conversation familière.
Ceci posé, il y a un comportement absurde, contraire à la fonction des liaisons, qui est de lier, et c’est ce genre de manie, caricaturée par les imitateurs de Jacques Chirac, qui consiste à prononcer la consonne de liaison, puis… à marquer un temps d’arrêt : “les Z [silence d’une seconde] alligators”.
Quant à la paresse de prononciation du genre “main’nant” pour “maintenant” qu’évoque mzzchzzi, là encore, c’est une affaire de circonstances. Il n’existe aucune langue dans laquelle on prononce systématiquement chaque mot de façon complète dans tous les cas. D’ailleurs quelqu’un qui parlerait ainsi donnerait une impression d’artifice, ça sonnerait faux, comme certaines productions de discours synthétique produit par des logiciels. Il y a plus de 2000 ans, les savants grammairiens du sanskrit, dans l’Inde ancienne, avaient décrit avec un grand luxe de détails ce genre de phénomènes de “relâchement” de la prononciation qui se produit quand on assemble les mots pour construire une phrase.
Nous avons l’illusion de prononcer toujours soigneusement nos mots, mais il suffit d’entendre un enregistrement pour que cette fiction s’évanouisse. Le plus souvent, les gens qui prétendent ne jamais dire “ya” pour “il y a”, “chè” pour “je sais”, et ainsi de suite, sont inconscients de leur prononciation réelle.
il me semble que la liaison : les droits z humains, ou les êtres z humains, ne peut être facultative.
Reoorter télé sur FR 2: “les sabots des chevaux claquent le pavé”…
Ce ne sont plus des fautes d’inattention mais des fautes grammaticales et de syntaxe.
Des incultes que j’vous dis ! Ca va sauver la France ça…j’en doute beaucoup ! :devil: :reallypissed: :pissedoff: :monkey:
Apparemment, c’est une expression qui se répandrait : “La ligne parfaite des Muratti Melita s’allie à un superbe cuir aux teintes profondes pour vous permettre de claquer le pavé avec fierté”.
Les tics de langages personnels, les modes langagières, ont toujours existé.
Mais, comme le fait remarquer mzzchzzi, les moyens de communication modernes permettent une diffusion de ces innovations qui est désormais bien plus rapide et bien plus large. On le voit bien avec la diffusion d’anglicismes boboïdes comme “définitivement” (= “definitely”), “juste” (“C’est juste trop cool”).
Plus haut, Hagdik a voué “pas mal de” aux gémonies. Ceux qui adorent le déterminant “pas mal de” (j’en suis) se délecteront de ce savantissime article, qui vous décortique la chose de belle manière :
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/igram_0222-9838_2001_num_88_1_2724
Yankee Alpha, comme bien d’autres, a “suite à” dans son collimateur, et fait feu sans pitié sur la pauvre bestiole. Comme Yankee Alpha est, en somme, un professionnel de la langue, j’écoute ce qu’il dit avec attention. Toutefois Grevisse, cet aimable grammairien belge, ni je-m’en-foutiste ni puriste doctrinaire, signale que “suite à” (semble-t-il dérivé de “comme suite à”) pénètre l’usage littéraire, relevant un exemple chez Proust. J’opine que le mauvais jugement sur “suite à” est, comme dans certains autres cas, dû au fait que cette locution est sentie comme relevant d’un usage commercial, et donc censément vil (les personnes du monde évitent le contact polluant des fournisseurs et des gens de peu). Le “en suite de” du français classique s’est fait rare, sauf peut-être dans “ensuite de quoi”, que j’utilise, concurremment avec “suite à”. A ce propos : j’écris scrupuleusement “il s’ensuit que” et non “il s’en suit que”, mais je reconnais que je dis “il s’en est suivi que”, alors que je sais que je “devrais” dire “il s’est ensuivi que”. Le juste tombe sept fois, est-il dit dans le livre des Proverbes, qui ajoute que ledit juste se relève sept fois. Mais pas toujours.
En bonne Suissesse (je suis en pétard avec les minuscules et les majuscules), je ne trébuche pas, je m’encouble. Un moineau c’est un tiolu (mot venant du franco-provençal ou de l’occitan). J’échange volontiers ma serviette et mon gant de toilette contre un linge et une lavette. Et, chez moi, quand il y a du désordre, c’est plutôt du chenit. quand je nettoie mes sols, je fais mes fonds et je n’utilise pas une serpillière mais une panosse. Et je pourrais en rajouter tant et plus…
Très bien. Gardez précieusement ces mots. Je ne connais que les “ch’nis”, mais vers chez moi, c’est la poussière sur le sol, sous les lits.
http://fr.wiktionary.org/wiki/cheni
Vous dites “les équevilles” ?
Tout à fait mon père !
Merci, oh merci, Monsieur l’Abbé de votre réquisitoire contre les mécréants (pardon, mais le respect d’une langue, la nôtre, est une forme de dévotion qui mérite bien une prière) qui massacrent notre français. Il faudrait que nous soyons nombreux à rappeler à l’ordre les responsables de rédaction dont un des devoirs est d’imposer correction et rigueur à leurs journalistes. Ils sont les vecteurs d’un parler qui s’immisce dans les cervelles de façon subliminale, d’où la part qu’ils prennent à l’appauvrissement et à la déformation de notre langue à chaque fois qu’eux-mêmes l’emploient en la déformant.