Publié par Abbé Alain René Arbez le 23 juillet 2013

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Il y a quelques jours, au journal de 20h00, dans les nouvelles internationales, reportage ciblé sur les JMJ à Rio. Cela, sous un titre racoleur martelé par le journaliste : « le Brésil, plus grand pays catholique au monde, ne le sera plus dans quelques décennies…L’Eglise catholique ne sera plus majoritaire, dépassée par les évangéliques ».

Et si le présentateur nous montre l’effervescence des préparatifs des rencontres avec le pape François (2 millions de jeunes) c’est pour affirmer aussitôt, sur un ton déterminé, que le Vatican a choisi le Brésil par pure stratégie ! Motif invoqué : les églises évangéliques locales en pleine expansion désertifient les sanctuaires catholiques, dont les fidèles se ruent dans les assemblées pentecôtistes…Pour enfoncer le clou, on nous montre d’abord une petite chapelle catholique avec seulement six personnes âgées et une religieuse, et en contraste une assemblée charismatique bondée, avec show à l’américaine, une foule de jeunes qui balancent les bras en répétant des slogans et en écoutant les admonestations d’un animateur survolté.

Le présentateur précise son analyse : les groupes évangéliques se multiplient et attirent les jeunes parce que leurs célébrations sont plus vivantes que chez les catholiques, mais surtout, insiste-t-il, les pasteurs redonnent de l’espoir à toute une jeunesse touchée par la pauvreté.

Il s’agit là d’une pure intox. En effet, il existe depuis un siècle dans l’Eglise catholique non seulement d’agissantes associations caritatives d’aide aux plus démunis, mais aussi des mouvements de jeunesse qui ont pris en compte les conditions de vie difficiles de certains milieux sociaux dans le but de former les jeunes à changer leurs situations. Qui va imaginer que l’Eglise catholique se contente de réunir ses fidèles à la messe dominicale ou de distribuer mécaniquement des sacrements?

Dans les milieux évangéliques qui se développent en effet avec fulgurance – soutenus et financés depuis les Etats Unis – on ne met l’accent que sur « la Bible », et c’est l’émotionnel qui conditionne les manifestations de groupes. On peut penser – devant cette effervescence – à la parabole du semeur qui avertit que certaines semences germent instantanément mais vont se dessécher rapidement faute de racines.

Car la carence d’enracinement est réelle ! Ces communautés qu’on peut difficilement appeler « églises » au sens traditionnel et historique du terme, se font et se défont au gré des stratégies de leurs animateurs et des états d’âme des jeunes ponctuellement sensibilisés. L’impact émotif peut être très fort chez les membres, mais la persévérance est rarement durable ! Ce qui fait que ces communautés, qui ne sont pas des Eglises historiques, et dont la théologie est plutôt sommaire, avec leur lecture littéraliste de la Bible, promettent aux pauvres la réussite et la richesse comme une bénédiction, pour autant que l’on se conforme aux injonctions tirées de l’Ecriture et que l’on paye la dîme.

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Le même phénomène existe d’ailleurs en Afrique et en Asie. Recyclant ainsi des prises en mains depuis longtemps abandonnées dans l’Eglise catholique, ces communautés évangéliques autoproclamées dispensent souvent une vision dualiste de l’existence, à la limite sectaire ; ainsi, la pratique ambiguë de l’exorcisme dépasse ce qu’on peut imaginer, car il y est plus question du démon que de Dieu, tant la mise en condition est culpabilisante.

Je ne généralise évidemment pas ces critiques à l’ensemble des courants évangéliques. En Suisse, ils sont aussi très présents dans leur diversité, et nous partageons avec certains d’entre eux une part de spiritualité consensuelle sur des points forts comme le goût de l’Ecriture sainte, la réflexion anthropologique, l’amour d’Israël et bien d’autres aspects de la foi judéo-chrétienne. Mais l’étiquette recouvre tout et son contraire.

Je crois qu’à Rio, en réponse à ces stéréotypes journalistiques, les JMJ vont montrer que la Parole de Dieu est centrale dans la vie de l’Eglise catholique et que les thèmes qui préoccupent la jeunesse du monde entier en recherche d’un bel avenir seront au rendez-vous, mis en valeur par les charismes du pape François, avec une vision éthique plus globale à traduire en actes sur le terrain.

Une nouvelle fois, France 2 joue les analystes avec ce subtil parfum anticatholique qui est habituel aux médias; mais l’articulation idéologique de ses argumentaires révèle non seulement les préjugés qui restreignent toute réflexion à la vulgate postchrétienne, mais aussi la profonde méconnaissance des phénomènes religieux qu’elle prétend expliquer au grand public.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez pour www.Dreuz.info

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