Publié par Magali Marc le 24 juillet 2013

al dura faux

Par Magali MarcPh.D Science politique – Université de Montréal 

[dropcap type=”circle” color=”#ffffff” background=”#ce2121″]C[/dropcap]eux qui n’ont pas suivi la saga médiatique et judiciaire de l’Affaire Al-Dura ne se sont sans doute pas rendu compte que le 26 juin dernier, la Cour d’Appel de Paris a décidé que Philippe Karsenty s’était rendu coupable du délit de diffamation envers le journaliste Charles Enderlin et France 2 pour avoir osé dire que le reportage d’Enderlin, dans lequel il était question de la supposée mort en direct d’un enfant palestinien, Mohamed al-Durah, sous les balles de l’armée israélienne le 30 septembre 2000, était une fabrication.

Pour Philippe Karsenty, Mohamed al-Durah n’est pas mort ce jour-là (en tout cas pas dans les circonstances décrites dans le reportage) et l’armée israélienne n’a pas tiré sur lui. Mais la Cour d’Appel a estimé que ses critiques du reportage étaient attentatoires à l’honneur d’Enderlin et de France 2 et qu’il ne disposait pas d’une «base factuelle suffisante» au moment où il a entrepris de dénoncer la fraude de France 2.

Depuis 2000, les images du reportage ont fait le tour du monde et surtout du Moyen Orient. Le journaliste Daniel Pearl a été assassiné pour venger la mort du jeune Al-Dura et en mars 2012, en France, Mohamed Merah, le terroriste franco-algérien a dit avoir voulu venger la mort d’enfants palestiniens. Un peu partout dans les pays musulmans, des monuments à la mémoire de Mohamed al-Durah ont été édifiés et les enfants dans les écoles se font montrer cet enfant martyr comme un exemple à imiter.

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Pour mémoire : lors d’un reportage diffusé lors d’un journal télévisé, le 30 septembre 2000, Charles Enderlin, directeur du bureau de France 2 à Jérusalem, commente des images filmées à Gaza par le cameraman palestinien Talal Abou Rahma, collaborateur de la chaîne publique française. N’ayant rien vu lui-même et n’étant pas allé sur place, Enderlin affirme que ces images montrent la mort d’un enfant, Mohamed al-Durah, «pris pour cible par l’armée israélienne» alors que son père, Jamal, aurait, lui, été grièvement blessé.

Mais il y a quelques problèmes avec ce reportage que d’aucuns n’ont pas manqué de remarquer :

  1. L’enfant bouge encore suite aux tirs soi-disant fatals ;
  2. Les tirs ne pouvaient pas provenir de la position israélienne ;
  3. Ni l’enfant ni son père ne paraissent criblés de balles ni couverts de sang comme ils devraient l’être si on avait tiré sur eux pendant 45 minutes comme le prétend le caméraman.
  4. Ni France 2, ni Enderlin n’ont été capables de produire les images montrant l’agonie de l’enfant censément coupées pour épargner la sensibilité des téléspectateurs.
  5. Les images de l’enfant et son père portés par d’éventuels ambulanciers et installés dans une ambulance, sont inexistantes. Un extrait montre simplement qu’ils ne sont plus là.

On souhaiterait que les Israéliens traînent en Cour  France 2 et Enderlin pour diffamation ce qui serait la suite logique de ce rapport et de la condamnation de Karsenty mais personne ne retient son souffle!

Dreyfus a longtemps été seul et Karsenty n’a pas trouvé son Zola.

© Magali Marc

Ph.D Science politique

Université de Montréal

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