Publié par Guy Millière le 7 août 2013

Vier Jahre Haft fuer Berlusconi wegen Steuerhinterziehung

[dropcap type=”circle” color=”#ffffff” background=”#ce2121″]J[/dropcap]e sais. Il est de bon ton de s’en prendre à Silvio Berlusconi.

Dans sa vie personnelle, celui-ci est sans aucun doute loin d’être irréprochable, et son goût pour les femmes en général, et pour les prostituées en particulier incitent à le ranger dans la même case qu’un homme qui failli devenir Président de la république française et à se détourner. Il n’empêche, dans le contexte italien tel qu’il est, Silvio Berlusconi a été à la tête de gouvernements de droite libérale. Ses positions et ses actions en matière économique et en politique étrangère en font non pas le meilleur, mais le moins pire des Premiers ministres que l’Italie a pu avoir.

Il dispose d’une fortune personnelle qui le met à l’abri de la corruption qui a marqué nombre de ses prédécesseurs, et aucun de ceux qui l’incriminent pour sa fortune ne voient rien de précis à lui reprocher sur ce plan, sinon qu’il a fait fortune : pour ce qui me concerne, dès lors que mes valeurs sont celles de la réussite, et pas du ressentiment, un homme qui fait fortune dans le secteur privé a plutôt ma sympathie.

Il aurait pu rester en dehors de la politique, et il est entré en politique essentiellement par anticommunisme et pour faire barrage à la gauche : quand il a créé Forza Italia en 1994, le parti qui était donné favori par tous les sondages était le parti communiste italien, sous la façade tout juste repeinte et portant le nom de « parti démocrate de la gauche ». La séparation des pouvoirs existant en Italie, et nombre de juges ayant, disons, certaines orientations, pour ne pas dire des orientations certaines, la victoire électorale de Silvio Berlusconi a coïncidé avec le début d’un véritable harcèlement judiciaire.

Combien de mises en examen ont été prononcées contre Silvio Berlusconi avant 1994 ? La réponse est simple : zéro. Combien ont-elles été prononcées depuis la création et la victoire de Forza Italia en 1994 ? Quatre cent quatre vingt. Pour les motifs les plus divers, et, souvent, les plus futiles.

Combien de fois Silvio Berlusconi a-t-il dû répondre à la convocation d’un juge avant 1994 ? La réponse est la même que pour ce qui concerne le nombre de mises en examen cité plus haut : zéro. Et combien de fois depuis 1994 ? Deux mille huit cent à ce jour.

Depuis dix-neuf ans, Silvio Berlusconi a été tout à la fois premier ministre (trois fois), chef de l’opposition, hommes d’affaires, et justiciable à temps complet.

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Cela montre qu’il y a quelque chose de profondément pourri et politisé dans la justice italienne. La justice italienne n’est pas la seule à être dans cette dérive vers l’arbitraire et le non droit, mais elle est caricaturale et particulièrement ignoble.

Depuis dix-neuf ans, Silvio Berlusconi a aussi été traîné dans la boue par la quasi-totalité de la presse et par les milieux intellectuels et culturels de son pays : ce qui a créé, bien avant ses frasques sexuelles, des rumeurs absolument malsaines et abjectes à son propos.

Il a, enfin, fait l’objet d’une forme de putsch qui a toutes les apparences d’un putsch sans en porter le nom, lorsque l’Union Européenne a décidé de procéder à un chantage et à des manipulations destinées à l’évincer de son poste de premier ministre pour le faire remplacer par un homme venu de Bruxelles : les détails sont donnés dans un article (en italien) de Fabrizio Goria paru le 23 juillet dernier dans le magazine en ligne Linkiesta (Le preoccupanti analogie di un Paese senza memoria).

Dans l’affaire qui vient de valoir une condamnation à Silvio Berlusconi, ce qui lui était reproché était une fraude fiscale. Celle-ci n’est pas du tout avérée, et les éléments du dossier montrent qu’en réalité, loin de ce que je lis à ce sujet dans la presse en ce moment, qu’il s’agit d’une erreur comptable due à un changement de réglementations fiscales. La somme citée est de 7 millions d’euros, ce qui semble considérable, mais l’est beaucoup moins si l’on prend note de la somme d’impôts versée l’année concernée par la compagnie de Berlusconi, Mediaset : 517 millions d’euros. Qui peut croire une seule seconde que Silvio Berlusconi, se sachant qui plus est traqué par la justice, aurait décidé de tricher sur 1,5 pour cent de ce qu’il devait au fisc, et risquer pour cela plusieurs années de prison et l’inéligibilité.

L’Italie va très mal aujourd’hui, comme nombre de pays d’Europe. Hélas. Silvio Berlusconi n’est sans aucun doute pas moralement irréprochable. Mais la conduite de la justice italienne à son égard a une dimension totalitaire qui devrait faire frémir et indigner. Le comportement de l’Union Européenne lorsqu’il a perdu son poste de Premier ministre devrait conduire à s’interroger non pas sur Silvio Berlusconi, mais très fortement sur la dictature technocratique qui s’installe en Europe.

En appelant au calme, Silvio Berlusconi s’est conduit de manière responsable, mais les membres de son parti qui ont démissionné collectivement et les milliers d’Italiens qui ont manifesté pour le soutenir ont compris ce qui est en jeu.

J’aurais pu ajouter que Silvio Berlusconi a toujours été un ami d’Israël, tendance Likoud Beitenu, et un ami des Etats-Unis, au temps où le Président ne s’appelait pas Barack Obama. Cela a, nettement, aggravé son cas. Bien sûr.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour www.Dreuz.info

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