Publié par Abbé Alain René Arbez le 7 août 2013
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Nous ne sommes plus dans les périodes opaques de l’antijudaïsme des siècles passés où l’Eglise, aidée de l’inquisition espagnole, voulait convertir les juifs à sa foi.

Depuis le Concile Vatican II, il y a maintenant une soixantaine d’années, les perspectives sont radicalement autres. L’Eglise a reconnu l’injustice nocive de son comportement antérieur qui reposait plus sur l’idéologie du pouvoir que sur la théologie biblique.

Le point de départ doctrinal de ce processus de clarification et de rapprochement a été  la déclaration « Nostra Aetate » qui a mis fin aux prétentions antérieures d’une substitution d’Israël par l’Eglise et aux accusations mortifères de « déicide ». Seuls les Lefebvristes – refusant les positions de Vatican II  et donc indépendants du magistère – demeurent dans cet ancien état d’esprit accusateur et hégémonique. A noter en passant que ces dérives antijudaïques n’avaient jamais atteint le statut de dogme et s’étaient élaborées au cours des siècles par le jeu d’une grave myopie envers l’histoire du salut. Cette posture ecclésiale était le fruit d’une amnésie et d’une autosuffisance culminant dans l’hérésie marcionite.

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Qu’en est-il aujourd’hui de l’évangélisation ? Les Juifs sont-ils visés par cette démarche de toute l’institution ? En ce qui concerne l’Eglise catholique, l’attitude officielle est claire.

Si les chrétiens ont une mission d’annonce à remplir dans le monde, c’est dans le respect de l’autre et non pour restaurer un imperium coercitif. Cette promotion des valeurs de l’évangile a essentiellement pour but de proposer aux mentalités païennes de nos sociétés un chemin d’humanité dans la conversion au Dieu de la Bible. Pousserait-on le paradoxe jusqu’à proposer aux Juifs de découvrir le Dieu d’Israël alors que les fondamentaux de la foi chrétienne ont été reçus du judaïsme ?

Le cardinal allemand Walter Kasper déclare à ce sujet en 2002 :

« Les juifs n’ont pas à devenir chrétiens pour être sauvés. S’ils suivent leur propre conscience et croient dans les promesses de D.ieu comme ils les comprennent dans leur Tradition, ils sont dans la ligne du projet de D.ieu qui, pour nous chrétiens, atteint son achèvement en Jésus ».

C’est là le fruit d’un repositionnement spirituel de l’Eglise catholique et d’une dynamique de rapprochement encouragée depuis des décennies par les papes Jean Paul II et Benoît XVI. Le pape François s’inscrit dans la même perspective et il professe le même désir de communion avec le judaïsme.

Benoît XVI appuie sa réflexion sur le fait que, dans ses discours eschatologiques, Jésus précise bien que la fin des temps et la gloire de tout Israël seraient précédées par la prédication du Règne de Dieu aux païens. Il appuie cette priorité en citant St Bernard de Clairvaux qui formule cette urgence au pape Eugène III. Benoît XVI cite également Hildegarde Brem, mère abbesse de Mariastern en Autriche : « L’Eglise n’a pas à se préoccuper d’une conversion des Juifs ! Il faut attendre qu’ait d’abord lieu l’entrée de la totalité des païens dans le Royaume de Dieu ». Le pape ajoute : « Les Juifs eux-mêmes sont une prédication vivante vers laquelle l’Eglise doit orienter les esprits ».

Le successeur du cardinal Kasper au dicastère romain pour l’unité des chrétiens et les relations avec les juifs est le cardinal suisse Kurt Koch. Il y a quelques semaines, il reprenait ces éléments éclairants dans une interview à AED (Aide à l’Eglise en détresse). Le cardinal Koch évoque « la légitimité théologique du peuple d’Israël à vivre sur sa terre » et il rappelle avec les mots de Nostra Aetate que « les Juifs restent, à cause de leurs pères, très chers à Dieu, dont les dons et l’appel sont irrévocables ». C’est pourquoi dit-il, « l’Eglise ne se donne pas de mission d’évangélisation à l’égard des Juifs, au contraire de certains groupes évangéliques ».

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Abbé Alain René Arbez pour www.Dreuz.info

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