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Michel Garroté, réd en chef –- Le canton du Valais (en Suisse) est mon pays d’adoption. Certes, je suis d’origine germano-espagnole et je suis né à Genève. Je suis citoyen suisse. Cependant, le Valais est mon pays d’adoption, celui que j’ai librement choisi. J’aime le Valais, canton pas comme les autres. J’aime le Valais, car je peux y vivre et m’y exprimer librement. J’aime la montagne valaisanne où je réside, au-dessus et au-delà du politiquement correct urbain. Aujourd’hui, je vais vous parler d’Oskar Freysinger, et, surtout, de Slobodan Despot.
Editeur, essayiste, romancier, Slobodan Despot est aussi un communicateur patenté. Il rejoint l’équipe d’Oskar Freysinger, ministre valaisan de la formation et de la sécurité, pour assumer un mandat de relations publiques qui englobe également la stratégie. L’équipe Freysinger compte donc un nouveau pilier, quasiment au sens rugbystique du terme si l’on considère la carrure de Slobodan Despot.
Nouveau porte-parole du conseiller d’Etat (ministre de la formation et de la sécurité), l’éditeur Slobodan Despot basé à Saillon est un proche du politicien depuis des lustres: éditeur et biographe d’Oskar Freysinger (« Oskar et les minarets », éditions Favre), camping et VTT en commun, participation discrète à diverses campagnes.
Et surtout, les deux écrivains partagent la passion dévorante des mots et des beaux textes, ainsi qu’un culte joyeux du contre-pied et du politically incorrect. Détail sympathique : le Suisse Freysinger a des origines autrichiennes et le Suisse Slobodan Despot a des origines serbes. Ci-dessous, quelques extraits d’un entretien avec Slobodan Despot paru dans Le Nouvelliste du Valais.
Slobodan Despot, vous signez là votre entrée en politique ou ne s’agit-il là que d’un nouveau chapitre dans le livre de votre amitié ?
S. D. : Je ne fais pas de politique, à moins que la passion du débat d’idées et l’aversion pour le nivellement soient un programme électoral. Mais je considère Oskar Freysinger comme une apparition originale sur la scène publique suisse. Nous sommes tous deux des littéraires, tous deux issus de l’immigration (Autriche pour l’un ; Serbie pour l’autre). J’ai observé que les Suisses issus de l’immigration affichent toujours plus de liberté de parole que les vernaculaires C’est sans doute ce qui explique notre entente par-delà les éventuelles divergences d’idées (Note de Michel Garroté : je suis Valaisan d’adoption, de cœur, et, je suis d’origine germano-espagnole : vive la liberté à la mode valaisanne !).
Comment expliquez-vous ce phénomène, cette forme de complexe ?
La neutralité suisse, très respectable en termes de projet gouvernemental – même si elle est en grande partie un leurre – agit à la façon d’un dissolvant psychologique. Elle affadit les caractères, atrophie le débat, émousse la curiosité. La politique s’y réduit à de la gestion. Oskar Freysinger est inclassable: tout en défendant les positions de l’UDC, il est aussi curieux et souple que son parti ne l’est pas.
On vous sent plus attiré par le côté littéraire de cette relation amicale que par les défis politiques du ministre ?
Etre littéraire et politique en Suisse, c’est à la fois rare et suspect. Je trouve au contraire que cela dope l’intérêt que de communiquer en jouant de ces deux facettes.
Mais, avez-vous toutes les compétences pour exercer une telle fonction ?
J’ai créé et animé des magazines. J’ai fondé et dirige les éditions Xenia. J’écris et je publie dans plusieurs langues. Je suis sollicité par des médias de toute l’Europe sur des questions culturelles, sociétales et politiques, je suis donc familier de la com et des médias. D’autant que j’ai toujours considéré les livres comme le lieu idéal du dialogue et de l’échange. C’est ainsi que j’ai été amené à écrire ce qui est à ce jour l’unique biographie d’Oskar Freysinger, un livre que nul n’a pu réduire à une hagiographie dépourvue de critique. Cette distance, amicale et sceptique à la fois, est garante d’une vraie collaboration. Quand on écrit, on est un communicateur par excellence. D’idées. De sentiments. D’histoire. C’est ce que je fus jusqu’ici et ce que je serai demain.
Quels seront les axes de votre collaboration ?
La priorité ira aux faits, aux actions du Département et de ses services. Avec un esprit d’ouverture. Attaché à la notion classique d’honnête homme, je suis incapable de m’arrêter à un seul sujet. La société contemporaine souffre de cette tendance à la compartimentalisation qui favorise l’escamotage des stratégies réelles du pouvoir. A politicien atypique, porte-parole atypique.
On connaît votre amitié pour des personnages aussi différents que Georges Haldas ou Alexandre Zinoviev. Votre réseau, comme on dit, est multiple, international, parfois insondable, dit-on.
Tant mieux : il faut cultiver à la fois ses racines et ses ramures. Oskar Freysinger pense de même, en témoigne son nouvel essai sur les frontières que je publie la semaine prochaine. Peu de politiques possèdent les références et les grilles de lecture qui sont les siennes. Et l’on en revient toujours à cette langue que nous aimons, lui et moi, que nous avons apprise, choyée et défendue.
A ce sujet, votre premier roman, “Le Miel”, une fable sur l’éclatement de la Yougoslavie, doit sortir dans quelques mois en France. Vous aurez le temps de tout faire ?
Pour l’enfant accueilli sans discrimination par la Suisse, pour l’adolescent du collège de Saint-Maurice, c’est une consécration que de se retrouver en compagnie des grands auteurs de la langue française, que j’ai apprise dans les classes de Sion. La littérature est mon fer de lance. Elle seule, j’en suis convaincu, permet d’accéder aux grandes vérités sur l’être humain. Cela dit, je continue de piloter les éditions Xenia, et la nuit est la vraie complice de l’écriture romanesque, alors ne vous faites pas de souci pour mon emploi du temps! J’aime les cadences infernales. Ce qui me sera utile quand on connaît la force de travail d’Oskar Freysinger.
Un regard sur les difficultés actuelles du Valais sur la scène politique suisse ?
Notre canton souffre de la montée en puissance de la Suisse urbaine. De la prise de pouvoir – qu’on constate au niveau planétaire – des villes et de leur rationalisme sur les structures organiques d’une société. Il est aussi victime d’une paresse intellectuelle due en grande partie à un esprit encore clanique. Le message à faire passer est clair: on nous voit comme un canton bourru et rétrograde; or nous sommes tout simplement plus clairs dans nos idées, plus francs dans nos propos et plus déterminés dans notre action. C’est ce qui s’appelle avoir du caractère. C’est cela qu’il faut expliquer sans relâche aux Confédérés (Note de Michel Garroté : les autres Suisses).
Reproduction autorisée avec mention :
M. Garroté réd chef www.dreuz.info
Source :
http://www.valais-region.com/aggregator/categories/1
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Très bien dit, Slobodan Despot : « Notre canton souffre de la montée en puissance de la Suisse urbaine ». D’ailleurs, le problème n’est pas nouveau. Dans l’ancienne Confédération déjà, les villes (Zurich, Bern, Fribourg, Soleure, Lucerne) ont détourné la véritable vocation démocratique de notre Etat. Après la sortie de la Suisse embryonnaire du Saint-Empire, elles se sont vendues au roi de France ; Leur marchandise : les pauvres mercenaires qui servaient à pousser la frontière de la Grande Nation vers le Rhin (écoutez la chanson du mercenaire suisse condamné à mort par son officier français : « zu Strassburg auf der Schanz «). Aujourd’hui, nos « élites » urbaines et leurs collabos font tout pour vendre notre pays aux bureaucrates et lobbies de Bruxelles et par ce biais à l’OTAN qui domine militairement la CE.
P.S. Récemment, un historien russe présente la théorie que l’attentat de Sarajevo avait été orchestré par les services secrets britanniques (à l’instar de l’assassinat du moine Raspoutine, pacifiste et conseiller du Czar). Il est aujourd’hui bien évident que la City of London et la Wall Street faisaient tout pour que la 1ère Guerre Mondiale éclate. Elles sont en train de récidiver en poussant l’Europe et le Moyen Orient dans une 3ème Guerre. Que pensez-vous, Monsieur Despot, de cette théorie ?
@MG
Comme vous, j’aime la Suisse, je l’ai souvent dit et écrit, je ne suis pas citoyen suisse, mais comme vous aussi je réside souvent dans le Valais, en montagne, au-dessus de Sion, et comme vous également je pense que la liberté de pensée, là-haut, doit être ravivée par l’air plus frais des montagnes. Si j’aime ce pays, je me méfie tout de même de certaines dérives gauchistes qui prennent, semble-t-il et comme vous le dites, leurs racines plutôt dans les grandes villes que dans les campagnes.
J’étais dans le Valais, il y a peu et comme d’habitude, je parlais aux gens, les questionnais et leur disais aussi tout le bien que je pense de ce si beau pays, si bien géré également. Mais le refrain qui revient aussi souvent auprès des commerçants que je croise est que justement le socialisme s’étend dans les grandes villes et qu’il corrompt doucement les campagnes et les montagnes. Il faut se battre, en Suisse aussi, pour défendre les idées de liberté ou les valeurs qui ont pourtant fondé la société suisse et font encore son succès. Rien n’est jamais acquis et la bêtise pourrait hélas un jour emporter la Suisse comme elle a emporté l’Amérique et notre stupide Europe vieillissante. Mais je n’y crois pas parce que je pense que le suisse est de bon-sens et tient à sa liberté.
Il y a deux ans, je m’étais battu, en Suisse, contre un projet idiot. Il a fallu faire échouer une tentative absurde menée par le président de la commune, un socialiste qui avait soudain imposé, suite à une décision du Conseil communal dominés par les rouges, un sens unique général sur la seule route du village. L’immense majorité des gens était contre ce projet, mais, sans rire, le président de la commune prétendait que c’était pour notre bien. Eux savaient, nous ne savions pas, le vieux crédo des rouges qui savent ce qui est bien et ce qui est mal, suivant leur doctrine toute personnelle. Suite à cette décision grotesque nous étions soudain tous contraints de suivre un immense sens giratoire de près de 4 km, alors que dans l’ancienne formule, nous pouvions parcourir, dans un sens ou dans un autre les quelques centaines de mètres qui nous séparaient les uns des autres. Ils voulaient sans doute nous contraindre à aller à pieds, ce qui est fort pratique quand on est chargé comme des baudets pour aller faire du ski. En effet, nous étions en pleine vacances de Noël et c’est à ce moment que cette mesure irréfléchie est tombée comme le décret fou d’une instance folle. Le plus comique là-dedans est que ce décret imposait également un sens unique dans notre garage, sur les voies d’accès intérieures. Or ces garages sont privés et je ne voyais pas très bien ce que la commune avait à dire sur le sujet. Très énervé par cette situation, j’ai pris par la manche, devant tout le monde et après son discours du 1er janvier, le président de la commune pour lui dire qu’il était un pur bolchévique et qu’il violait notre droit de propriété dans les parkings. Le bonhomme a bredouillé quelques mots inaudibles, ensuite, pour se défendre et défendre sa position imbécile, il m’a prétendu que la commune payait 30% des frais des garages. Evidemment il m’a mis encore plus en colère puisque du coup, je lui ai confirmé qu’il était un bolcho, parce que je ne voyais vraiment pas en quoi ce fait lui permettait de décider à la place des propriétaires qui en outre payaient 70% des frais de gestion de l’ensemble. Rien n’est jamais acquis avec les cons, il faut se battre, mais dans ce domaine, nous avons gagné, la Suisse est un « Grand » pays et quand le peuple tonne, les élus écoutent parce qu’ils sont obligés de le faire. Cet imbécile a annulé sa décision après quelques mois ! Mais, les rouges guettent encore à imposer leurs dogmes !
Plus récemment, le Conseil fédéral a adopté l’ordonnance sur la limitation des résidences secondaires (20%) suite à l’initiative populaire conduite par l’écologiste Franz Weber http://www.admin.ch/aktuell/00089/index.html?lang=fr&msg-id=45587 . Ici aussi, les villes ont voté contre les campagnes qui elles étaient contre le projet, par exemple, dans le Valais, 75% des gens était contre ce projet parce qu’ils vivent du tourisme…Bref cette initiative populaire est passée de justesse (50.6%), mais elle est passée et contraint maintenant tous ceux qui ne voulaient pas ! Certes, il faut un règlement urbanistique, mais fallait-il en arriver là, non, je ne le pense pas. Etant propriétaires, nous avons suivis les débats et comme toujours la gauche voulait imposer ses vues, débat aussi sur lits chauds et froids (une théorie de plus) et sur le fait également qu’il serait préférable de construire plutôt des hôtels que des résidences privées. Soit, mais nous allons en Suisse parce que nous sommes propriétaires, nous y allons plusieurs mois par an et quand nous n’y sommes pas, notre appartement est loué (tout février) ou il est occupé par la famille ou des amis et tout ce petit monde dépense en Suisse et sans un appartement il ne viendrait tout simplement pas ! Les gauchistes veulent nous dire jusqu’à la façon de passer nos vacances, ce sont des cons, toujours et partout ! Mais j’aime toujours la Suisse et comme ce sont des gens intelligents ils s’accommoderont des lois idiotes et les feront évoluer. Mais, attention, le dogme guette, il ne faut pas se laisser faire !
En novembre 2012, une autre initiative populaire lancée par la Gauche (avec les Verts et le PS) voulait supprimer les privilèges fiscaux des millionnaires (suppression des forfaits fiscaux), ici, c’est le Conseil Fédéral lui-même qui a appelé à rejeter cette initiative parce que « l’imposition d’après la dépense est un instrument politique d’une grande importance pour l’économie suisse ». Ouf, voilà des ministres intelligents, vive la Suisse ! Mais le dogme revient ici, c’est tout ce que je voulais dire ! http://mobile.lacote.ch/fr/suisse/le-conseil-federal-rejette-l-initiative-anti-privileges-fiscaux-594-1197359 . On notera aussi, pour la bonne forme, que le public n’a pourtant rien à perdre de l’avantage fiscal dont bénéficie les millionnaires étrangers puisque ceux-ci paient encore plus d’impôts que le commun des mortels. Au-delà de cela, ces mêmes millionnaires dépensent aussi un tas d’argent en Suisse, ce qui ne fait que prêcher toujours plus en leur faveur et en faveur du Conseil Fédéral qui a tout compris. Les seuls qui auraient à en redire ce sont les très riches suisses qui sont logés à une autre enseigne, mais je ne les ai pas entendus se plaindre !
Conclusion la Suisse reste un pays efficace, intelligent que j’aime et admire, mais rien n’est jamais acquis, il faut être vigilant… Bon, je crois que je vais retourner aussi sec vers « mes » montagnes helvétiques.
ATB