Publié par Jean-Patrick Grumberg le 9 septembre 2013

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Plusieurs faits majeurs semblent venir troubler le ronronnement des apprentis va-t-en guerre en Syrie, en cette fin de semaine.

Tout d’abord, il semble que Bashar al Assad n’a probablement pas donné l’ordre de commettre des attaques chimiques, selon des conversations interceptées par le navire des renseignements allemand Oker naviguant au large des côtes syriennes, et révélées par le quotidien allemand Bild am Sonntag1.

Les demandes d’autorisation, par le commandement de l’armée syrienne, d’utiliser des armes chimiques, ont constamment été refusées par Assad, et il n’a probablement pas autorisé l’attaque chimique, le 21 août dernier, qui a fait 1500 morts selon les Etats Unis, rapportent les services secrets allemands. Les écoutes dévoilent en outre que pendant environ quatre mois, les troupes du dictateur syrien et les commandants des brigades syriennes ont réclamé la permission d’utiliser des armes chimiques autour du palace présidentiel à Damas, et Assad aurait constamment refusé.

Cela n’enlève au rien au fait que Assad est un des principaux prédateurs du 21e siècle, et qu’il porte la responsabilité d’un nombre de morts dont le nombre est si grand que l’on a du mal à se l’imaginer. Alors pour rendre les choses plus palpables, imaginez la ville de Boulogne Billancourt en région parisienne. Imaginez : l’intégralité de la ville massacrée. C’est le Bashar al Assad que certains osent soutenir. Qu’ils viennent argumenter, je les attends au métro Boulogne Billancourt devant le Monoprix un samedi, pour les forcer à imaginer la foule, les gens, d’un coup, morts….

Second fait, le bureau des services de renseignements fédéraux allemands (BND) affirme que Assad a les moyens de rester très longtemps au pouvoir, et, toujours selon une information rapportée par Bild am Sonntag, le président des services de renseignement Gerhard Schindler a déclaré, lundi dernier, lors d’une session à huit clos du Bundestag, que la guerre civile peut encore durer très longtemps. Schindler a même dit : “ça peut durer des années.”

Lors de cette cession à huit clos, alors que les participants demandaient au chef des renseignements si la guerre civile était dans sa phase finale, Schindler compara les combats entre les rebelles et les troupes d’Assad dans la région de Damas à la bataille de Stalingrad, car a-t-il expliqué, la guerre en Syrie a la même signification symbolique pour la minorité alaouite du camp Assad que la bataille de Stalingrad pour l’URSS sous Staline.

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Par ailleurs, il s’est produit un changement radical de pouvoir au sein des rebelles, selon l’inspecteur général du Bundeswehr, Volker Wieker, et l’Armée syrienne libre soutenue par l’occident a perdu tout leadership militaire. C’est sous l’influence des groupes terroristes islamistes d’al-Qaïda que les mouvements rebelles agissent maintenant, avec les conséquences dramatiques pour les non-musulmans et les minorités non sunnites que l’on imagine. Selon Wieker, il y aurait, dans le camp des rebelles, très peu de transfuges venant des rangs de l’armée d’Assad du fait que les déserteurs ont systématiquement été abattus par les rebelles.

Hier, les 28 membres de l’Union européenne ont demandé aux Etats Unis de repousser toute frappe contre la Syrie jusqu’à ce que l’ONU rende son rapport complet sur l’utilisation des armes chimiques.

De son coté, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a mis en garde les leaders du G-20 contre toute attaque contre la Syrie. Par l’intermédiaire de son haut médiateur pour la Syrie, il a fermement critiqué toute frappe potentielle américaine contre la Syrie, en expliquant que l’utilisation de la force pouvait exacerber la guerre civile dans le pays tout en violant le droit international. S’exprimant en marge du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg, Ban a prononcé un sévère avertissement sur ​​le risque d’une action militaire, lors d’une réunion de dignitaires internationaux invités par le Premier ministre britannique David Cameron. «Je dois vous prévenir qu’une action militaire irréfléchie pourrait entraîner des conséquences graves et tragiques, et une menace accrue de nouvelles violences sectaires», at-il dit.

La Grande Bretagne a livré des composants chimiques à la Syrie

Le gouvernement britannique se retrouve sur la sellette depuis que The Daily Mail2 a révélé, hier samedi 7 septembre, que la Grande Bretagne a non seulement autorisé l’exportation, mais qu’elle a livré du fluoride de sodium à la Syrie, ce que le gouvernement avait précédemment nié, une substance qui entre dans la composition des gaz mortels. Le secrétaire du département du Commerce Vince Cable a délivré des licences d’exportation en janvier, 10 mois après le début de la guerre. Les produits chimiques étaient destinés à un “usage industriel” pour une entreprise de cosmétiques, mais les licences furent révoquées six mois plus tard en raison des sanctions imposées par l’Union européenne.

La France a livré des armes chimiques à la Syrie

Selon Asia Time3, les principales entreprises fournisseurs de la Syrie en armes chimiques et biologiques sont les mêmes que celles qui ont livré l’Irak, à savoir les Hollandais, Suisses, Français, Autrichiens, Allemands, et bien entendu les Russes.

En France, l’opinion publique s’est retournée.

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Avec les informations disponibles sur internet, le nombre de Français hostiles à toute intervention en Syrie a dépassé les 68%, mais François Hollande refuse d’en tenir compte. Il n’est pas homme à se mettre au service de ceux qui l’ont élu. A défaut d’écouter la volonté des Français – il n’envisage pas non plus de faire voter le parlement français, il se conformera à la décision des Américains, et il a déclaré attendre le vote du Congrès pour prendre toute décision.

Et la décision du Congrès ne semble pas être acquise, car le courant semble s’inverser. Selon un sondage d’Associated Press datant de vendredi dernier, le Congrès devrait voter à 6 contre 1 contre toute frappe en Syrie.

Quand à la Russie, elle ne restera probablement pas non plus les bras croisés à regarder les missiles passer au dessus de ses navires basés en méditerrannée, et ce pour plusieurs raisons.

Obama cancels meeting with Putin

D’abord, la base navale de Tartous, en Syrie, est la seule base russe stratégique en méditerranée, mais aussi la seule base militaire en dehors de l’ancienne russie soviétique. De plus, plusieurs dizaines de milliers de gradés russes vivent en Syrie et sont mariés à des femmes syriennes. La Russie se voit comme une ex-grande puissance blessée par l’histoire en besoin de revanche, elle possède toujours des réflexes de guerre froide, un sentiment d’insécurité qui l’encourage à soigner ses alliances, un dégoût pour les interventions de la “communauté internationale” qui évoquent le souvenir de l’impérialisme occidental, et Putin a un sens de l’intérêt national indestructible contre lequel Obama ne peut probablement rien.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info

1http://www.bild.de/politik/ausland/syrien-krise/assad-kommandeure-wollten-giftgas-einsetzen-32300094.bild.html

2http://www.breitbart.com/Big-Peace/2013/09/07/British-Companies-Exported-Sodium-Fluoride-Sarin-Gas-Agent-to-Syria

3http://www.atimes.com/atimes/Middle_East/ED19Ak05.html

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