Publié par Jean-Patrick Grumberg le 14 septembre 2013

Soutien au bijoutier de Nice

Mercredi 11 septembre à 9 heures, un bijoutier de Nice, Stéphane Turk, 67 ans, a été attaqué par deux hommes armés de fusils à pompe, alors qu’il était en train d’ouvrir sa boutique. Les deux racailles l’ont menacé de leurs armes, frappé, puis dépouillé.

  • Alors que ses agresseurs s’enfuyaient avec le butin sur un scooter identique à celui du djihadiste Mohammed Merah, le bijoutier a ouvert le feu dans leur direction, abattant le passager, un multi-récidiviste de 18 ans, déjà condamné à de nombreuses reprises pour vol et violence.
  • Après avoir ressenti de fortes douleurs consécutives aux coups reçus durant son agression, le bijoutier a été hospitalisé jeudi soir aux urgences.
  • Vendredi matin, il a été placé sous surveillance électronique et mis en examen pour homicide volontaire.

Dans son intéressant exposé sur la légitime défense qui déjà était au cœur de l’affaire Galinier, mis en examen en 2010 pour “tentative d’homicides volontaires” après avoir “blessé par armes à feu deux jeunes femmes tentant de cambrioler son domicile”, Philippe Landeux* expliquait, le 30 août 2010 :

“Les individus se constituent en Société pour augmenter leurs chances de survie, donc leur sécurité, ce qui implique qu’ils aient les uns envers les autres un devoir de non-agression et d’assistance mutuelle. L’ennemi des uns est l’ennemi de tous. En revanche, cela n’interdit pas à chacun de défendre ses droits (en particulier ses biens et sa personne) par ses propres moyens quand il ne peut compter que sur lui-même. La Société est faite pour décupler la force des citoyens, non pour affaiblir par des lois iniques les individus plus qu’ils ne le seraient dans l’état de Nature où il n’y a pas de lois, où chacun se défend comme il peut.

Un agresseur rompt le pacte social (si tant est qu’il soit citoyen) : il est dans l’état de Nature vis-à-vis de sa victime qu’il plonge dans le même état vis-à-vis de lui, et ce tant que cette dernière ne peut compter sur le secours de la Société. Il a violé et anéanti toutes les lois : sa victime n’en a aucune à respecter envers lui. A chacun dès lors d’user des moyens dont il dispose pour repousser l’autre ou en venir à bout. Que le premier soit vainqueur ou vaincu (et vivant), il se retrouve face à la Société qu’il a trahie et dont il a agressé, voire tué, un membre. C’est assez dire qu’il sera poursuivi. Mais, s’il a péri, tant pis pour lui : son sort tragique n’intéresse pas la Société. Quant à sa victime qui l’a maîtrisé, repoussé ou même tué, la Société ne peut non seulement rien lui reprocher mais doit au contraire le féliciter d’avoir su défendre les droits qu’elle lui reconnaissait et de lui avoir conservé un citoyen qu’elle devait protéger.

Telles sont l’origine et les conséquences du Principe de légitime défense.”

Lorsque je préparais cet article, 1 million de personnes avaient apporté, sur Facebook, leur soutien au bijoutier de Nice qui a tué l’un des deux braqueurs de sa boutique alors qu’il s’enfuyait en scooter avec son butin.

Sommes nous dans une situation de légitime défense ?

Quelques heures plus tard, au moment de rédiger l’article, le nombre de soutiens est passé à 1.1 millions. Alors que mon article est prêt à être publié, le nombre est passé à 1.2 millions.

Et pourtant…

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Philippe Landeux ajoute :

“La seule chose que la Société puisse et doive faire lorsqu’il est invoqué pour justifier une défense victorieuse est de vérifier les faits pour s’assurer que celui qui l’invoque défendait bel et bien ses droits qui étaient ou qu’il pouvait croire menacés.”

1.2 millions de personnes ont-ils vérifié les faits ?

Ont-ils vérifié ce que légitime défense signifie au regard du droit ?

La police n’est qu’au début de son enquête. 1.2 millions de personnes, derrière leurs ordinateurs et sur Facebook l’ont déjà cloturée ? Ils ont déjà décidé de l’innocence du bijoutier ?

  • Il est indiscutable que le bijoutier est victime du sentiment d’abandon des honnêtes gens par les pouvoirs publics qui relâchent les délinquants sitôt présentés devant un tribunal.
  • Il est indiscutable que le bijoutier, frappé par les malfrats, menacé de fusils à pompe, humilié, choqué, et cambriolé, n’était pas en possession de tous ses moyens et ne peut être jugé sans tenir compte de ces circonstances atténuantes.
  • Il est indéniable, enfin et surtout, que le sentiment d’injustice ressenti par les honnêtes gens vis à vis de la sollicitude du gouvernement pour les voyous ne peut qu’être nié par le pouvoir, et plus encore par les magistrats extrémistes du mur des cons, puisque ce sont précisément ces voyous là que le projet de loi pénale de Christiane Taubira va remettre en liberté, et le 1.2 million de soutiens est le cri des Français impuissants qui se sentent abandonnés à la violence urbaine.

Mais si le bijoutier a tiré alors que ses cambrioleurs prenaient la fuite, il n’est pas possible d’invoquer la légitime défense : il n’était plus en danger, n’avait rien à défendre, et quelque soit le degré de préjudice moral, on ne tue pas pour récupérer des bijoux volés.

Si, en revanche, le voyou qui était passager sur le scooter a pointé son arme en direction du bijoutier, alors la légitime défense reprend toute sa place.

Il faudra, pour le savoir, attendre les enquêtes balistiques, et les extraits des vidéos surveillance.

Il faudra souhaiter, si la légitime défense est avérée, que le gouvernement ne fasse pas du bijoutier un nouveau martyr sacrifié au nom de l’idéologie “du mur des cons”.

D’ici là, je ne peux pas apporter mon soutien au bijoutier. Pas tant que les éléments de l’enquête qui préciseront les circonstances des suites du cambriolage ne seront pas connues, même si, et j’en suis scandalisé, les criminels bénéficient de la grande tendresse des bien pensants.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info

* Je ne partage certainement pas l’admiration de Philippe Landeux pour l’antijuif Alain Soral. Cela ne justifie pas pour autant que je m’interdise de le citer : quand Jean Marie Le Pen dit qu’il fait beau, je ne hurle pas au loup.

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