Publié par Gaia - Dreuz le 19 septembre 2013

Impliqué dans la mort d’un automobiliste en juin dernier, l’homme, sanctionné en 2008 pour conduite en état d’ivresse, totalisait 20 accidents en cinq ans et sortait de prison. Il est toujours salarié de la Régie.

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Le 19 juin dernier, un couple qui s’apprêtait à célébrer prochainement ses 40 ans de mariage se rend en voiture au cimetière d’Ivry-sur-Seine fleurir la tombe d’un proche. Le couple roule lentement, à 10 km/heure, quand il est percuté par un bus RATP de la ligne 323. Le conducteur de la voiture, âgé de 63 ans, mourra des suites de ses blessures. Quant aux passagers du bus, cinq (dont deux enfants âgés de 2 ans et de 26 jours) ont dû être hospitalisés ainsi que le gardien du cimetière.

Dans cette histoire, c’est le profil du conducteur du bus qui pose question. Ryan*, 30 ans, père d’un bébé de cinq mois, machiniste à la RATP depuis 2007, totalise 20 accidents en cinq ans dont une suspension de permis en 2008 pour conduite sous l’empire de l’alcool.

En 2012, il avait été condamné pour vol aggravé à 24 mois de prison, dont 18 avec sursis assorti d’une mise à l’épreuve. Il s’agissait en fait d’un braquage de prostituées dans un hôtel de Lons (près de Pau). Déguisé en policiers, avec faux brassards et pistolets à grenaille, Ryan était accompagné de deux comparses. Le butin de ce que son avocat avait qualifié d’«équipe de pieds nickelés» s’était élevé à 300 euros. Ryan était sorti de la maison d’arrêt de Pau début mars. Avant l’accident, le conducteur n’avait plus que 3 points sur son permis de conduire. En 2009, il en avait perdu 6, puis 3 en 2010 et en 2011, il avait dû effectuer un stage au cours duquel il avait récupéré 4 points.
Un rapport d’évaluation interne accablant

Ce fameux 19 juin, avant de percuter la voiture, il passe un appel avec son mobile personnel à propos de l’achat d’un chien de combat, un Staffie pour lequel il veut négocier un crédit. Puis il raccroche et redémarre.

«Je ne sais plus si j’avais mon téléphone à la main ou si je l’ai repris après dans ma sacoche, toujours est-il que je me suis retrouvé avec le téléphone dans la main droite, confie-t-il le 9 juillet au brigadier de police en charge de son audition lors de sa garde à vue dans le cadre d’une enquête préliminaire. Au début, je ne savais pas trop si j’envoyais un message à la vendeuse immédiatement ou si j’attendais d’être arrivé au terminus pour lui envoyer un message (…). J’avais mon téléphone à la main, il était déverrouillé, je suis rentré machinalement dans le menu message et j’ai abandonné l’idée d’envoyer un message. J’ai relevé les yeux, j’ai vu le véhicule devant moi, j’ai entendu quelqu’un me dire “attention!”, j’ai appuyé sur le frein et le choc s’est produit.» Question du policier: «Qui est responsable de l’accident?» Réponse de Ryan: «Je pense que si je n’avais pas eu le téléphone…» Question: «Comment expliquez-vous ces multiples accidents (les 20 en cinq ans, NDLR)?» Réponse: «Par manque de vigilance et une conduite parfois inadaptée (…) Je suis censé être maître de mon véhicule (…) en ayant le téléphone à la main, je ne pouvais pas totalement être maître de mon véhicule.»

En août 2012, Ryan avait subi une évaluation de la part de la RATP après un stage effectué quelques mois plus tôt. Le responsable de la formation notait sur son rapport: «Le respect du Code de la route reste du domaine du hasard.» Ou encore: «L’allure est souvent excessive en arrivant sur les feux et aux points d’arrêts», «la conduite n’est pas suffisamment sécurisante vis-à-vis des tiers et de la clientèle suite à une allure qui n’est pas toujours adaptée».

Aujourd’hui, Ryan ne conduit plus d’autobus mais il est toujours salarié de la RATP. Une procédure disciplinaire a été ouverte après l’accident pour «manquement aux obligations fondamentales de sécurité». Elle est toujours en cours. Selon nos informations, la famille de l’automobiliste décédé va porter plainte dans les prochains jours contre Pierre Mongin, le PDG de la RATP, pour mise en danger délibérée de la vie d’autrui. Une peine passible d’un an d’emprisonnement et de 15.000 euros d’amende.

(*) Le prénom a été modifié

http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/09/18/01016-20130918ARTFIG00497-l-etrange-profil-d-un-conducteur-de-la-ratp.php

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gaïa pour www.Dreuz.info

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