Publié par Jean-Patrick Grumberg le 1 octobre 2013

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Mes oreilles bourdonnent.

Le gouvernement va fermer, c’est la 3 e fois en 18 ans, la 17e fois depuis 1976. L’impact psychologique, à défaut de réel, est immense. Les démocrates ont subi un lourd camouflet politique. Les médias vont mettre la responsabilité sur le dos de ceux d’en face. Le public suivra probablement.

Mes amis républicains m’appellent (il était 21 heures à Los Angeles quand le Shutdown est tombé) et blâment les démocrates. Ils me disent que le Congrès (majoritairement Républicain) a renvoyé, rien qu’hier, 11 fois au Sénat des propositions de compromis sur le budget du gouvernement qui inclut Obamacare, et qu’11 fois le Sénat – majoritairement Démocrate, a rejeté toute négociation, refusé le moindre changement, non sans accuser les Républicains d’être responsables d’une possible fermeture temporaire du gouvernement – le shutdown.

Mes amis républicains s’appuient même sur le gros titre du New York Times, quotidien étendard de ce qui est devenu une vraie gauche américaine, pour rendre les Démocrates responsables de la “tragédie” : “Senate Rejects House Demands to Curb Health Law” : le Sénat rejette la demande du congrès d’adoucir la loi sur l’assurance maladie.

Je n’ai pas de sympathie pour le parti Républicain : je n’aime pas les perdants. Et je les aime encore moins lorsque je vois, par avance, qu’ils vont perdre, comment ils vont perdre, pourquoi ils vont perdre, et que je les vois ne rien faire pour corriger leurs erreurs. Ce fut le cas lors des deux précédentes élections présidentielles. Et encore lorsqu’il fallait refuser le surendettement de l’Etat.

A l’inverse, mes amis démocrates, pleurnichant comme des enfants qui viennent de casser leur jouet – mais ce n’est pas leur faute – insultent les Républicains et leur entêtement, leur irresponsabilité, leur obstination à bloquer le système et exposer aux yeux du monde l’humiliation d’une vulgaire politique politicienne. Sans voir que c’est Obama qui dirige le pays et est responsable de ses décisions et de ses actes, et qu’il est un peu tard pour encore blâmer Bush, sans comprendre que c’est le gouvernement Obama qui n’a pas les moyens de payer ses factures, et personne d’autre, ils font diversion et accusent les Républicains d’être à la botte des “anarchistes du Tea Party” comme les a appelé Harry Reid, le patron démocrate au Sénat, qui dans un mouvement de mépris pour les réalités dont seuls les gens de gauche ont le secret, n’envisage pas une seule seconde que l’obstination est peut-être dans son camp.

Si Reid a habilement rappelé que les élections ont porté Obama au pouvoir, il a juste oublié un détail : les Américains, dans leur sagesse, n’ont pas eu confiance aveugle dans les Démocrates, et ont choisi un congrès républicain comme garde-fou.

Et hier 30 septembre 2013, les Républicains ont gardé les fous.

Le congrès vient de faire ce pour quoi il a été élu, et il faut la mauvaise fois des écervelés démocrates pour ne pas l’admettre.

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Passons… le monde et l’Amérique se remettra de ce shutdown comme les deux fois précédentes et les 17 fois depuis 1976, et je crois qu’on en fait tout un fromage pour ensevelir les Républicains sous la honte. A eux de ne pas tomber dans le piège.

Car c’est la 3e fois que le gouvernement ferme depuis 1995.

Les deux fois précédentes, le scénario était le même : Newt Gingrich était le président du Congrès, et il refusa à Clinton ses nouvelles demandes d’augmentation des dépenses pour financer Medicare, l’éducation, l’environnement, et les dépenses de l’état pour la santé publique dans le budget fédéral de 1996, qui ressemblait déjà à un trou sans fond.

Newt Gingrich gagna sur le plan politique, et perdit sur le plan personnel. Son image en prit un coup, mais, rappela-t-il, cela permit au budget 1997 d’être à l’équilibre, et d’obtenir 4 budgets successifs en équilibre,une première depuis les années 1920.

Car là se trouve la cassure, et le shutdown qui vient de se produire en est la conséquence:

D’un coté, les Démocrates veulent taxer toujours plus les contribuables et les entreprises, comme en Europe, afin de transférer vers l’Etat le contrôle de la vie de chacun. Ils voient que les peuples européens sont plus malheureux que les américains, moins riches, moins créatifs, moins cultivés, et moins libres. Ils voient qu’en Europe, tout va mal : le chômage a explosé, la démocratie a été confisquée par la bureaucratie, et le moral des peuples est au plus bas, sauf exception au nord, et cette perspective les fait saliver.

De l’autre, les Républicains veulent modérer l’intervention de l’Etat, composé d’incompétents dans les domaines qu’ils veulent diriger, ils veulent laisser chaque Américain goûter au bénéfice de son travail et conserver le contrôle sur sa vie et sa destinée, et calmer l’Etat fédéral dans son ivresse de dépenser plus que ce qu’il encaisse, un raisonnement de sagesse.

Après avoir une fois de plus insulté les Républicains et annoncé la fermeture du gouvernement, Harry Reid, qui doit tout de même se sentir un peu morveux de ne pas avoir osé proposer depuis 2010 un budget qu’il sait impossible à financer, s’est sauvé en douce et a refusé d’affronter les médias, ses larrons.

Des centaines de milliers de fonctionnaires des Etats Unis vont être mis au chômage à partir du 1er octobre.

Le président en charge des Etats Unis s’appelait, la dernière fois que j’ai vérifié, Barack Obama.

Donc si des centaines de milliers de fonctionnaires américains se retrouvent au chômage à partir du 1er octobre, c’est la faute aux Républicains, évidemment : Obama n’est pas un président responsable.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info

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