Publié par Guy Millière le 3 octobre 2013

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Le discours de Binyamin Netanyahou aux Nations-Unies ce mardi fut, comme je m’y attendais, superbe, intense, remarquable d’intelligence.

Un commentateur israélien a utilisé l’adjectif « churchillien » pour le qualifier, et c’est un adjectif que je reprendrai a mon compte. Netanyahou est le seul homme d’Etat à avoir parlé ces derniers jours dans l’enceinte où il a parlé. C’est un témoignage de ses immenses qualités. C’est aussi un signe supplémentaire de l’époque consternante où nous vivons.

Il fallait qu’un homme ait le courage de dire ce qu’est le régime islamique iranien, et Netanyahou a eu ce courage.

Il fallait qu’un homme ait la lucidité, le talent et la rigueur pour dire que Rouhani n’est que l’agent d’un régime abominable et mortifère, aux intentions hégémoniques tentaculaires, et Netanyahou a eu cette lucidité, ce talent et cette rigueur.

Netanyahou a expliqué ce que des dirigeants occidentaux dignes de ce nom devraient tous expliquer. Il a donné des faits : précis et vérifiables, citant, entre autres à l’appui de ses dires un livre que Rouhani a publié en 2011. Il a expliqué quelles conclusions devaient être tirées, et quelle stratégie devait être adoptée par quiconque voudrait effectivement écarter le danger.

Il a écarté une à une, dans le détail, toutes les objections qu’on pouvait lui faire et démonté tout aussi précisément tous les subterfuges que pouvait utiliser l’Iran pour rouler ses interlocuteurs dans la farine.

Il a conclu en disant que si Israël devait agir seul, Israël agirait seul. Et il était très important qu’il le dise, et maintienne ainsi une position ferme dans un contexte où plus personne n’a de position ferme.

Il a, et certains le lui reprocheront, je le sais, évoqué les négociations en cours et la perspective de création d’un Etat palestinien, en disant qu’il souhaitait la naissance de cet Etat. Mais il n’a pas manqué de rajouter aussitôt que cet Etat ne naîtrait que quand l’Autorité palestinienne aura reconnu les impératifs de sécurité d’Israël, et Israël lui-même en tant qu’Etat du peuple juif, sachant parfaitement que l’Autorité palestinienne ne fera rien qui aille en ce sens.

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Ce discours s’adressait aux représentants des pays membres des Nations Unies. Mais il s’adressait aussi aux dirigeants européens, soudain amoureux transis de Rouhani prêt à leur vendre la corde pour les pendre : non pas pour les faire changer d’attitudes, mais pour les placer face à leur posture d’idiots utiles. Il s’adressait, beaucoup, à Barack Obama, amoureux éconduit de Rouhani, adepte du téléphone rose tourné vers Téhéran, et qui avait cité la semaine dernière telle une garantie de la bonne foi de Téhéran une « fatwa du Guide Suprême Ali Khamenei disant que la bombe atomique est incompatible avec l’islam ». Il parlait en sachant que pour les Etats-Unis d’Obama l’option militaire est désormais totalement écartée, et la route vers le nucléaire iranien grande ouverte, avec, au bout, la perspective d’un « grand règlement régional » qui pourrait inclure une dénucléarisation visant le nucléaire israélien.

Il parlait en sachant qu’Obama avait dit la semaine dernière que la « paix » entre Israël et la Palestine était la clé de la paix dans toute la région et que, lorsque les négociations échoueront, Obama fera retomber la responsabilité sur Israël.

Il parlait en sachant qu’il devait faire un geste verbalement en direction des pays arabes sunnites hostiles à l’islam radical, qui sont aujourd’hui alliés tactiques d’Israël face à l’Iran.

Je dirai qu’il aurait été difficile de faire mieux, et que ce fut magistral.

Cela ne changera, hélas, rien à la réalité : Obama et les dirigeants européens vont continuer à se courber ou à se mettre à plat ventre devant les dirigeants iraniens et ce cher Rouhani.

Obama et les dirigeants européens vont tenter d’avancer vers le « grand règlement régional » évoqué par Obama, avec le nucléaire israélien dans leur ligne de mire (l’Iran se dira prêt à renoncer à la bombe si Israël se désarme).

Obama et les dirigeants européens vont dire comme Obama l’a fait, que la « paix » entre Israël et la Palestine est la clé de la paix régionale et, quand les négociations échoueront, incrimineront Israël.

De rudes batailles auront lieu.

Mais Binyamin Netanyahou aura montré ce qu’est la politique au sens le plus noble du terme. Il aura pris place plus nettement encore parmi les très grands dirigeants dans l’histoire du monde occidental. Il aura pris date. Il aura gardé ouverte la possibilité d’une action et dit qu’Israël ne tombera pas, et que le peuple juif ne fléchira pas.

Quand des historiens, plus tard, regarderont cette période où nous sommes, je pense qu’ils auront peu de mansuétude pour l’abominable personnage installé à la Maison Blanche, beaucoup de mépris pour les piètres pantins qui régissent la France ou le Royaume Uni, mais beaucoup d’admiration pour Binyamin Netanyahou.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour www.Dreuz.info

PS Les journaux français n’ont, bien sûr, presque pas parlé du discours de Netanyahou. Il y avait des sujets plus importants : Cécilia a « une envie de vérité », c’est la « fashion week » à Paris, Ayrault a confiance en Valls, et Britney Spears est toujours cool. C’est très professionnel de savoir parler des sujets importants.

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