Publié par Jean-Patrick Grumberg le 5 octobre 2013

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Il existe une profonde dissonance cognitive chez les Républicains. Pendant la présidence de George W. Bush, les démocrates l’ont traité d’idiot, de rustre, et même de chimpanzé. Pourquoi, dans ce cas, les conservateurs ont-ils inventé l’idée qu’Obama est un “génie” machiavélique ?

Ils font une grosse erreur stratégique, et même politique, en décrivant les dégâts commis par Obama comme le résultat d’une intelligence destructrice. Rien ne le prouve, d’ailleurs le camp opposé est le premier à affirmer que sans les médias qui se sont refusé à décortiquer son passé comme pour tout candidat, Obama n’existerait pas, n’aurait pas été élu, et encore moins réélu.

Il est difficile d’imaginer que le président le plus anti-américain de l’histoire des Etats-Unis ne se réjouisse pas de ses exploits à “transformer en profondeur”, comme il l’avait promis, la première puissance libre au monde. Certes.

Mais tout le monde sait qu’il faut trente ans pour faire pousser un arbre, et seulement quelques minutes pour le couper.

Tout le monde sait cela, et tout le monde s’étonne que Barack Obama ait été capable de détruire -à ce point – l’image de surpuissance des Etats-Unis auprès du monde en si peu de temps.

Et tout le monde, au GOP, semble également avoir des difficultés à comprendre que plus Obama donnera des Etats-Unis une image de faiblesse, plus c’est lui qui apparait faible, et plus sa propre image se détachera de celle de l’Amérique. Surtout si les républicains laissent un sang neuf irriguer le parti et reprendre la main, comme cela vient de se passer avec la fermeture du gouvernement fédéral, le “shutdown”.

Prenez Ted Yoho par exemple, un cas typique de la nouvelle garde dont on ne parle pas et qui ne court pas le risque d’être transformé en étoile filante. Il vient d’entrer en politique et vit son premier mandat. L’an dernier, il était vétérinaire en Floride du nord et n’avait jamais été élu nulle part. Lui, et d’autres comme lui, ont fait mettre Obama et les démocrates genoux à terre. Pas la vieille garde.

Ted Yoho fait partie du bloc le plus influent du congrès, la ligne dure et pure qui a rejeté le chantage des démocrates et n’a pas hésité un seul instant à affronter le président.

Là, tout de suite, avec les parcs nationaux fermés et les fonctionnaires suspendus, Yoho est supposé prendre une terrible première leçon de politique : faire attention aux conséquences de ses décisions…

Et bien pas du tout. Bien au contraire. Car Ted Yoho est plus encouragé que sous pression.

Par email, par twitter, et aussi par téléphone, Ted reçoit le pouls de ceux qui l’ont élu, en direct. Et ils l’approuvent. C’est internet au service de la démocratie.

“Bien joué, tu t’es défendu comme un lion” lui a envoyé une de ses électrices, une vieille dame de 72 ans, en texto. Ted Yoho reçoit des dizaines de texto d’encouragement de ce genre pour avoir fait fermer le gouvernement.

En voilà un autre, dit-il avec enthousiasme au journaliste du Washington Post qu’il l’interviewe : “il y a juste écrit “shutdown :-)) “, avec un smiley”.

Ceci ne contribue pas, comme les démocrates l’espéraient, et comme les médias le prétendent, à mettre la pression sur les républicains… bien au contraire, le soutien quasi unanime qu’il reçoive, de l’extérieur mais aussi à l’intérieur du Capitol, le renforce dans sa détermination – tandis que les leaders républicains n’arrivent pas à cacher leur sentiment de malaise et de faiblesse.

C’est ce qui se passe en ce moment à Washington. Et voilà pourquoi ce qui se prépare pourrait en surprendre beaucoup, moi le premier.

Car Yoho annonce qu’il est prêt pour un plus grand challenge. “Ce que vous avez vu, c’est la pluie avant la tempête, dit Yoho, car je ne vais pas relever le plafond de la dette”.

Yoho, 58 ans, vétérinaire jusqu’à l’an dernier, est un homme de génie et de bon sens qui a remporté les primaires du GOP sur son concurrent Cliff Stearns, lequel affiche pourtant 23 ans de carrière politique, puis les élections, avec pour tout slogan : “ vous n’en avez pas assez ?

“Je vois les 2/3 de notre gouvernement rouler à 200 km/h vers le socialisme”, explique Yoho, en évoquant Obama et le Sénat. “Et je sais que les gens sont d’accord avec moi, car lorsque je leur demande, dans des réunions publiques : “combien d’entre vous pensent que nous nous dirigeons vers le socialisme”, toutes les mains se lèvent”.

“Sur les 1200 emails, fax et appels que j’ai reçu, environ 800 sont des messages de soutien : “tenez bon” m’a dit quelqu’un de Newberry, en Floride, tandis qu’un autre email explique “peut être que 40% du gouvernement va fermer, mais cela n’a aucun impact en dehors de Washington.”

Alors le député Ted Yoho est prêt pour le combat. Il ne veut pas augmenter le plafond de la dette, et il ne le fera pas – jamais plus. “Nos experts, nos leaders du parti républicain annoncent que cela déclenchera une catastrophe financière”. Mais Yoho ne les écoute pas, et regardez le résultat…

“Je pense que nous devons arriver au moment où nous réalisons que nous sommes ruinés. Et si le plafond de la dette n’est pas remonté, c’est sûr que nous y allons !”, dit Yoho, qui ajoute que cela apportera de la stabilité aux marchés mondiaux et non l’inverse.

“Est ce qu’il y a autre chose que nous pouvons faire, demande Yoho à voix haute. Je pense que nous devons encourager les démocrates à s’asseoir à table pour faire un compromis.”

http://www.washingtonpost.com/politics/for-ted-yoho-government-shutdown-is-the-tremor-before-the-tsunami/2013/10/04/98b5aa8c-2c3c-11e3-8ade-a1f23cda135e_story_1.html

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