Publié par Michel Garroté le 30 octobre 2013

 

Rançon-1

 

Michel Garroté, réd en chef  –-  Le Sahel est libéré d’un fardeau : les quatre otages français d’Arlit rentrent à Paris. Mais cela n’enlève rien à la menace des islamistes et des rebelles touaregs dans la région. Au contraire, ils pourraient même en ressortir renforcés.

On dit « contrepartie » et non pas « rançon »

Une rançon (en France on utilise le mot « contrepartie » pour qualifier cette rançon) a été versée aux preneurs d’otages pour obtenir la libération des quatre Français enlevés en 2010 au Niger. La Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) a remis aux ravisseurs de Pierre Legrand, Daniel Larribe, Thierry Dol et Marc Féret plus d’une vingtaine de millions d’euros (premier lien en bas de page).

Dans le passé, François Hollande avait fait savoir que la France ne verserait plus de rançon pour obtenir la libération de ses ressortissants retenus en otages dans le monde, assurant que l’État s’opposerait à toute transaction financière et toute forme de versement, même par des entreprises. Hollande avait assuré que son pays ne céderait pas sur les principes.

« La consigne du président est de ne pas payer de rançon, cette consigne est respectée », a raconté mardi Fabius, qui s’est rendu à Niamey avec Le Drian, pour récupérer les quatre ex-otages. « Ce que je peux vous dire, c’est que la France ne paye pas de rançon, c’est clair et net », a insisté Fabius.

La piste d’une contrepartie versée par le groupe nucléaire français Areva, pour lequel travaillaient une partie des otages a été évoquée mercredi par Diane Lazarevic, fille de Serge Lazarevic, l’un des trois otages français encore retenus en Afrique. « Le Quai d’Orsay m’a bien dit il y a deux mois que la France ne paierait pas, mais que sûrement Areva le ferait ». « Ce sont les mots du Quai d’Orsay », a-t-elle dit.

Les négociations autour de la libération des Français ont été menées par l’ancien ministre nigérien Mohamed Akotey, président du conseil d’administration d’Imouraren SA, la filiale d’Areva au Niger.

Certitudes à crever l’œil, flou artistique et implications gravissimes

Adam Thiam, dans Le Républicain, écrit (deuxième lien en bas de page) : Certitudes à crever l’œil, flou artistique, implications gravissimes, voilà comment, en résumé, on peut parler de la libération des otages d’Arlit. Certitude, ils sont bel et bien libres : le président français l’a publiquement annoncé, le triomphe modeste ; le président nigérien, sur un nuage, a consenti pour l’affaire à ce qui restera probablement une de ses plus longues interviews téléphoniques de l’histoire ; les familles des otages ont fait sauter le champagne ; et puis les heureux ex-otages étaient à la une des télés du monde entier.

Certitude encore, les salafistes – ou prétendus salafistes – ne kidnappent pas les « croisés » au Sahel pour leur infliger une sanction doctrinaire, mais pour espérer les échanger contre une faveur ou de l’argent. Dans un cas comme dans l’autre, ils n’accordent la liberté à leurs otages qu’en faveur d’un compromis.

Pour le flou artistique, silence de tombe sur la rançon payée. Les seuls commentaires sont ceux de la presse. Concernant le coup d’Arlit, on sait qu’il avait été porté par le remplaçant d’Abou Zaïd, islamiste algérien, commandant d’Aqmi, tué en mars 2013.

Mais mutisme absolu sur le pourquoi du comment ou si Iyad Ag Ghaly était le détenteur final des otages libérés. Iyad Ag Ghaly appartient au mouvement touareg malien, listé comme l’un des terroristes les plus recherchés de la région par les Etats-Unis. Les otages auraient été échangés entre Aqmi et les rebelles touaregs.

Les implications qu’on en tire ? Si de l’argent a été payé aux islamistes, alors l’opération Hydre  —  opération militaire lancée mi-octobre par la France avec le soutien de l’ONU face à la recrudescence des actes terroristes dans le Sahel  —  aura été bien nommée. Car des barbus pousseront d’autres têtes (dans la mythologie, l’Hydre est un serpent à sept têtes, qui repoussent dès qu’on les coupe). Pour le malheur immédiat du Sahel. Contre la sécurité mondiale, demain.

Dernière implication, pour les Maliens, déjà surchauffés par la gestion de Kidal (bastion touareg) : du fait qu’Iyad Ag Ghaly a joué un rôle important dans la libération des otages d’Arlit, on lui donne le Mali entier comme rançon. Où et quand frappera-t-il de nouveau ?

Reproduction autorisée avec mention :

M. Garroté réd chef www.dreuz.info

Sources :

http://www.lepoint.fr/societe/otages-francais-au-niger-au-moins-20-millions-d-euros-auraient-ete-verses-30-10-2013-1749801_23.php

http://www.courrierinternational.com/article/2013/10/30/les-otages-rentrent-les-terroristes-restent

   

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