Publié par Guy Millière le 10 novembre 2013

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Lorsque le moment sera venu pour moi d’écrire un troisième livre sur les années Obama aux Etats Unis, je consacrerai un chapitre entier à l’Obamacare, la loi de réforme du système de la santé voulue par Obama, votée en 2009, et qu’Obama considère comme son accomplissement majeur en politique intérieure.

Pour un accomplissement, c’est un accomplissement !

Depuis le jour du lancement du site internet par le biais duquel tous les Américains sont censés passer pour s’inscrire en un système censé être obligatoire, ce site est en panne, et ne laisse passer que quelques dizaines de personnes par jour : des gens qui ont de la chance, ou qui sont assez opiniâtres pour tenter de s’inscrire plusieurs heures d’affilée, jusqu’au bout de la nuit. Les chiffres d’inscription sont si ridiculement bas que l’administration fédérale a refusé de les publier intégralement à ce jour : au moment où j’écris ces lignes, il y a, par exemple, quatre inscrits dans l’Etat de Delaware.

Le site est en train d’être réparé, dit l’administration Obama, qui dit avoir fait appel aux « meilleurs spécialistes informatiques » du pays, mais on se demande pourquoi elle n’a pas commencé par faire appel aux meilleurs spécialistes informatiques du pays, et pourquoi elle a fait appel à une société canadienne dont le contrat avec le gouvernement canadien avait été résilié parce qu’elle avait fourni, déjà, un site défectueux : est-ce parce que cette société avait un nom français, CGI, Ce qui signifie Conseillers en Gestion Informatique. On se demande pourquoi le fait que le contrat avec CGI ait coûté 645 millions de dollars au contribuable américain n’est pas un plus gros scandale encore que le fait que le site ne fonctionne pas.

Si le site finit par fonctionner (ce qui n’est, semble-t-il pas pour demain), le pire restera à venir. Le pire a, d’ailleurs, déjà commencé.

L’Obamacare, en effet, implique la mise en place de contrats qui sont toujours vendus par les compagnies d’assurance santé américaines, mais qui contiennent obligatoirement divers éléments qui ne sont pas inclus dans nombre de contrats existant jusque là, et qui doivent être reformatés pour inclure les personnes qui n’étaient pas assurées jusque là et qui souffrent de conditions préexistantes.

Cela implique une forte hausse des prix (pour certaines personnes, le prix de l’assurance se trouve multiplié par trois, ou quatre). Cela implique aussi la résiliation par les assureurs de nombre de polices d’assurance existantes aujourd’hui. Des millions d’Américains reçoivent des courriers de résiliation en ce moment, et dès lors qu’ils ne peuvent accéder au site, qui est le seul moyen de souscrire à l’Obamacare, ils se retrouvent pour l’heure sans assurance, et cela concerne, par exemple, des gens en cours de traitement pour des maladies graves. Les Américains qui parviennent à accéder au site découvrent, eux, le montant de l’addition.

La loi prévoyant une amende pour ceux qui ne souscrivent pas à l’Obamacare, certains savent qu’ils vont, en supplément, payer l’amende.

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Le calcul des compagnies d’assurance était qu’elles pourraient tirer profit de l’Obamacare (nous sommes en pleines économie mixte, ou plus exactement, en plein « crony capitalism », capitalisme d’accointances) en voyant augmenter le nombre d’assurés, en augmentant fortement les cotisations, et en calculant l’augmentation sur la base du fait que tout le monde devrait être assuré. Or il apparaît que les profits attendus ne seront pas au rendez-vous parce que nombre de gens jeunes et en bonne santé préfèrent, eux, délibérément payer l’amende que de payer un prix exorbitant. Et ceux qui réussissent à souscrire sont en majorité, pour l’heure, des gens âgés ou souffrant de conditions préexistantes. Tout l’équilibre financier prévu est gravement compromis. Des réunions houleuses ont lieu à la Maison Blanche entre assureurs, qui craignent des déficits abyssaux, et l’administration Obama, voire Obama lui-même.

Obama ayant déclaré au moment du vote de la loi que les Américains, dans le cadre de l’Obamacare, pourraient garder leur contrat d’assurance existant s’ils le voulaient considèrent qu’ils ont été trompés.

Après avoir tenté de dire qu’on l’avait mal compris et avoir rajouté des mensonges à ses mensonges de l’époque (style : j’avais dit que les Américains pourraient garder leur contrat si celui-ci n’était pas modifié après le vote de l’Obamacare), Obama a fini par s’excuser : mais il s’est excusé de ce qu’il s’est mal fait comprendre à l’époque du vote de la loi, et pas pour quoi que ce soit d’autre.

Pour l’heure, cela ressemble à une débâcle. Nombre de Démocrates sont inquiets des conséquences qui pourraient découler pour les élections de 2014.

Au vu des récentes élections, il faudrait, cela dit que la débâcle s’accentue pour que les tendances s’inversent.

Il faudrait aussi que le parti Républicain se rassemble et fasse preuve de détermination et de clarté, ce qui est loin d’être le cas présentement. Il faudrait, entre autres que le parti Républicain sache tenir un discours cohérent face au dossier qu’Obama va vraisemblablement utiliser pour faire diversion : celui de l’immigration clandestine.

Il faudrait que l’appui massif que les grands médias apportent aux Démocrates se nuance.

Il faudrait que les autres rouages du « crony capitalism » mis en place par Obama se grippent.

Si les tendances ne s’inversent pas, l’inquiétude présente des Démocrates risque d’être passagère, et se prépareront alors les prochaines étapes.

Obama, je le pense, veut la mise en place d’un système de santé monolithique et purement bureaucratique, à la française ou à la britannique, et les difficultés financières des compagnies d’assurance ne le dérangeront sans doute pas outre mesure. Ceux qui oublieraient que c’est un socialiste, et qu’il entend « radicalement » changer les Etats Unis devraient relire ce que j’ai déjà écrit sur Obama, depuis novembre 2008. Ils disposeront de toutes les explications requises.

Je ne pense pas qu’Obama avait prévu le désastre Obamacare tel qu’il a lieu présentement. Mais je pense qu’il avait prévu le reste, et tout ce qui mène vers un système de santé monolithique et purement bureaucratique. Je fais même davantage que le penser. J’en suis sûr.

Je pense même qu’Obama avait prévu la forte hausse des prix des assurances : celle-ci lui permettra d’ « aider » les familles en difficulté en subventionnant leur assurance, donc en la faisant payer par les impôts des autres, voire par les impôts de ceux qu’il « aidera », à moins qu’il n’envisage de payer en exacerbant l’endettement, déjà vertigineux, du pays.

Je l’ai écrit il y a plus de dix ans : les socialistes aiment tellement les pauvres qu’ils les multiplient.

Une fois les pauvres multipliés, les socialistes les maintiennent dans la pauvreté et les assistent.

C’est ce qui se passe en Europe. C’est ce qu’Obama veut pour les Etats-Unis.

Et, dirai-je pour conclure, ceux qui pensent que ce qu’Obama fait aux Etats Unis ne concerne que les Etats Unis devraient réfléchir davantage : que cela plaise ou non, les Etats-Unis tirent depuis plusieurs décennies le dynamisme économique mondial et en sont la locomotive (non, désolé pour ceux que le modèle chinois fascine, ce n’est pas la Chine). Quand la locomotive dysfonctionne, les wagons, souvent, déraillent.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

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