Publié par Guy Millière le 18 novembre 2013

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J’ai traité ces dernières semaines de la montée du Front national, du rejet croissant de François Hollande, et de la révolte qui monte en ce pays.

Mais, si on élargit le regard et qu’on se tourne vers l’Union européenne, on découvre un continent qui va très mal, et où des causes proches produisent des effets eux-mêmes proches : des partis que les journalistes spécialisés qualifient, dédaigneusement, de « populistes », se lèvent et rencontrent des succès croissants, au point qu’ils devraient représenter, au moins, un quart des députés au sein du Parlement européen qui sera issu des élections du printemps prochain.

Ces partis n’ont pas tous les mêmes orientations ou les mêmes positions sur tous les sujets. Certains sont plus imprégnés de libéralisme, d’autres plus étatistes. Certains sont autoritaires, d’autres ne le sont pas. Mais ils ont tous en commun un discours hostile à l’Union européenne telle qu’elle se construit, et à l’euro.

Les dirigeants politiques en place ne sont pas tous contestés au point où peut l’être François Hollande, mais, à de rares exceptions près, comme Angela Merkel en Allemagne, ils sont l’objet d’une désaffection qui semble d’autant moins à même de se calmer que la croissance reste partout proche de zéro, que le chômage monte presque partout, que la déflation est proche, et que des tensions avec les immigrants s’installent dans le quotidien.

La révolte n’est pas, sur tout le continent, aussi palpable qu’elle peut l’être en France, mais les craintes concernant l’avenir sont, elles, partout très nettes. Et à juste titre.

L’Europe est un continent qui va très mal, oui. C’est un continent où il existe encore de la richesse, mais il est clair que la prospérité est loin d’être assurée dans le moyen terme. Les statistiques montrent que le développement prend surtout place, désormais, dans d’autres contrées du monde.

C’est un continent démographiquement sinistré où le remplacement des générations n’est assuré dans aucun pays, où le vieillissement s’accélère et où s’opèrent, à des degrés divers, des changements de population que certains analysent en y voyant des changements de peuple.

C’est un continent que la construction européenne était censée rassembler et qu’elle vient fracturer, parce qu’elle en a chassé très largement la démocratie, la souveraineté, et parce qu’elle a tenté d’y éroder les identités nationales et culturelles.

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C’est un continent pour lequel la mise en place précipitée de l’euro a été, très visiblement, la décision de trop, celle qui contribue à mettre au jour toutes les déshérences et tous les dysfonctionnements antécédents, celle qui fait apparaître l’absolutisme technocratique européen dans toute son horreur inhumaine.

Faut-il l’ajouter ? C’est un continent assiégé et menacé. Le chaos qui règne dans une bonne part de l’Afrique subsaharienne pousse des gens qui n’ont rien à perdre à tenter la traversée et à s’efforcer de trouver les filières qui les mèneront vers Athènes, Rome, Madrid, Paris, Londres ou Berlin.

Certains de ces gens finissent tragiquement, comme à Lampedusa, voici quelques semaines. D’autres ont plus de chance. La compassion qu’ils peuvent inspirer ne peut effacer dans les esprits européens le sentiment d’une lente invasion.

La situation présente dans le monde musulman et la persistance de l’islam radical s’ajoutent. Il existe dans toute l’Europe, aujourd’hui, un rejet réel et global de l’islam et des musulmans quels qu’ils soient.

Ce qui prend forme a les allures d’une tragédie, car, s’il est très difficile de prévoir l’avenir de l’Europe, il est, par contre, assez facile de songer que cet avenir ne sera pas faste et prendra des allures de déclin, de déchirures, de tensions, de violences, d’effondrement…

Il y a sept décennies, l’Europe était en ruine. La construction européenne a été d’emblée porteuse de ce que Friedrich Hayek a appelé l’erreur constructiviste. Cette erreur se paie toujours. Très cher. Et ce ne sont pas ceux qui ont commis l’erreur, et qui regardent ce qui les entoure depuis des hauteurs distantes, qui paient alors l’erreur…

© Guy Millière, publié dans Les 4 vérités.

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