Publié par Guy Millière le 29 décembre 2013

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L’année qui vient sera marquée en France par les élections municipales et les élections européennes. Celles-ci devraient se solder par une débâcle pour la gauche et l’extrême gauche.

En un peu moins de deux années, les dirigeants socialistes présentement au pouvoir ont amplement démontré leur incompétence et leur incapacité absolue à conduire le pays vers autre chose qu’un déclin accéléré : en accroissant le nombre de fonctionnaires, en démultipliant les taxes et impôts (et le mois de janvier qui va commencer sera très lourd en matière de taxes et impôts supplémentaires), ils ont montré qu’ils n’avaient rien appris au fil des ans, et ne comprenaient toujours rien à l’économie contemporaine.

Keynes est mort en 1945, et il n’est pas certain qu’il était lui-même keynesien, mais, eux, pour les plus modérés d’entre eux, ils sont absolument keynesiens. Ils sont aussi, pour les plus radicaux, marxistes, ce qui ne les rajeunit pas, puisque Marx, lui, a disparu il y a cent vingt ans et disait lui-même explicitement à la fin de sa vie qu’il n’était pas marxiste.

Ils ont tenu à conserver une alliance avec les Verts, qui sont autant écologistes que je suis bonne sœur, et qui utilisent l’écologie pour faire avancer des idées néo-communistes ; et ils ont des rapports conflictuels avec ce qui reste des communistes estampillés tels, et rassemblés derrière un va de la gueule acéphale appelé Mélenchon qui lui, reste plus marxiste qu’eux et semble, au vu de certains de ses discours avoir beaucoup lu Sur la question juive, édition originale de 1843.

La débâcle attendue de la gauche et de l’extrême gauche va se traduire sans aucun doute par une forte poussée du Front National.

Celle-ci qui aura l’avantage de bousculer l’échiquier politique, mais l’immense désavantage de montrer que les idées économiques et géopolitiques à même de redonner du dynamisme à ce pays et de lui permettre de renouer avec la liberté sans laquelle rien n’est possible restent très largement absentes de l’horizon.

Hors de propos censés sur l’islam, je ne vois, de fait, rien à sauver du côté du Front National. A un programme économique inepte que j’ai analysé ici en détail, déjà, et destiné à attirer, sans doute, les déçus de Mélenchon, s’ajoutent des positions de repli sur soi, et des postures géopolitiques très ambigües concernant les Etats-Unis, Israël, le monde arabe, la Russie, l’Iran.

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L’UDI venant occuper une place semblable à celle des travaillistes au Royaume-Uni (socialisme soft) et comptant dans ses rangs une sénatrice qui aurait dû en être exclue depuis longtemps (je ne citerai pas son nom, elle envoie facilement la police au petit matin pour procéder à rafles et intimidations, ce qui montre qu’elle a des relations en haut lieu), je n’ai rien à en dire : ses dirigeants attendent un petit strapontin ministériel et auront peut-être un petit strapontin, pas davantage.

Reste l’UMP, dont émanent des propos souvent peu encourageants et qui valent très souvent à peine mieux que ceux émanant de l’UDI. L’UMP peut-elle porter un programme économique libéral, expliquer ce qu’est la mondialisation, ce que sont les vertus du libre échange et de la liberté d’entreprendre dans un pays où libre échange et liberté d’entreprendre sont devenus des gros mots ? J’aimerais le penser. Pour l’heure, j’en doute.

Quelques propositions économiques de l’UMP vont dans la bonne direction (et un texte de Génération Entreprise, sur lequel je reviendrai, est intéressant), mais ces propositions sont presque toujours reprises de manière si timide et si infinitésimale qu’elles ne sont dès lors pas à même de sortir le pays de l’ornière.

Ce qui manque à l’UMP c’est le travail des idées, mené de manière très insuffisante

Mais le travail des idées peut-il être mené dans un pays où les médias n’accordent quasiment aucune place au travail des idées, sinon pour accueillir la logorrhée vide d’imposteurs ressassant depuis des années des discours sans la moindre relation avec la réalité ? Le travail des idées peut-il être mené dans un pays où les idées qui font avancer le reste du monde ne peuvent franchir la porte des maisons d’édition et des librairies ?

Les idées économiques pertinentes existent en France. J’ai salué ici le travail effectué par Contribuables associés (contribuables.org), par l’ALEP et l’IREF, par les textes publiés sur des sites tels que libres.org. Ces idées restent étouffées en France alors qu’elles triomphent ailleurs, et il est paradoxal et consternant de voir qu’elles circulent plus aisément à Pékin qu’à Paris.

Les idées géopolitiques pertinentes existent beaucoup moins en France. J’ai, au temps où je présidais l’Institut Turgot, tenté de montrer qu’économie et géopolitique étaient indissociables : je l’ai fait sans grand succès, je dois le dire.

J’ai publié fin 2009 un livre appelé La Septième dimension*, qui devait être le premier d’une série de trois volumes. Je n’ai pas écrit les deux autres volumes, car La Septième dimension n’a pas encore été compris. Parfois, des fragments infimes de ce que j’ai écrit dans La Septième dimension font l’objet d’un livre qui, lui, rencontre un plus grand écho. J’en déduis que deux pages de la Septième dimension délayées en deux cent pages intéressent, à condition d’être détachées du reste. Mais j’en déduis aussi que la présentation d’une analyse cohérente et plus vaste passe au dessus de la tête et des capacités mentales et intellectuelles d’un trop grand nombre de gens.

La situation est-elle désespérée ? Il m’arrive de le penser.

Je dois en tout cas constater que le niveau des débats intellectuels dans ce pays est affligeant.

Je dois constater l’absence d’un courant libéral et conservateur dans ce pays : un courant libéral économiquement, et conservateur géopolitiquement au sens que le mot conservateur peut avoir dans le contexte du conservatisme et du néo-conservatisme américains.

Je dois dire que cette absence me semble effroyable et avoir des teintes crépusculaires.

J’aimerais y changer quelque chose. Je doute pouvoir y changer quelque chose.

La ligne suivie par dreuz est celle de ce courant libéral et conservateur. C’est pour cela que j’écris sur dreuz. Aucun autre site, aucune autre publication ne correspond à ce courant. Atlantico contient, parfois, des textes dignes d’intérêt. Je dis : parfois. Valeurs actuelles est dans l’ensemble un hebdomadaire digne d’intérêt : c’est le seul hebdomadaire à propos duquel j’utiliserai ces termes. Le Figaro inclut un article de qualité chaque semaine, sous la signature d’Ivan Rioufol. Parfois il en inclut un deuxième. On m’a dit du bien de l’Opinion, mais je n’ai pas encore eu le temps de vérifier par moi-même. Contrepoints peut contenir des articles intéressants, quand il s’agit uniquement et strictement d’économie. Boulevard Voltaire est devenu un site phagocyté par le Front National et l’extrême droite, dérapages « antisionistes » compris, et désormais nombreux. Un ou deux commentateurs sur BFM Télévision tiennent des propos pertinents. Ayant eu le prix du livre Libéral voici quelques années, je fais partie du jury qui décerne ce prix chaque année : les livres susceptibles d’être récompensés se font rares. Les grands éditeurs veillent avec attention à ce que cette rareté tende vers le néant.

Nous en sommes là ? Oui, nous en sommes là.

Au lendemain des émeutes de 2005, j’avais écrit un petit livre appelé Pourquoi la France ne fait plus rêver*. Depuis il n’y a pas eu d’émeutes de grande ampleur, mais l’état de la France a empiré. Beaucoup empiré. Nous passons de la fin des rêves au cauchemar, et le cauchemar vient peu à peu occuper presque tout l’horizon.

L’année qui vient sera-t-elle celle du cauchemar ? Pas davantage que l’année qui s’achève. La France me semble trop épuisée pour que le cauchemar y soit vraiment violent.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

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