Publié par Guy Millière le 8 janvier 2014

unnamed

Après avoir fédéré autour de lui une nébuleuse nauséabonde où se mêlent extrême droite et extrême gauche, islamistes, enfants perdus des banlieues, adeptes de toutes les formes d’antisémitisme et ennemis d’Israël et de l’Amérique, Dieudonné semble fédérer aujourd’hui contre lui des milliers de gens qui considèrent que décidément, trop c’est trop.

Tous les grands partis politiques, sauf le Front National, condamnent l’infâme. Tous les intellectuels médiatiques vont dans la même direction. Toutes les organisations juives et toutes les organisations de l’antiracisme estampillé. Même des mouvements « pro-palestiniens » s’expriment et tiennent, de manière très opportuniste, à se dissocier d’un homme dont ils partagent pourtant, sur l’essentiel, les idées.

Des manifestations s’organisent. Discernant qu’on ne peut interdire des spectacles, certains évoquent des interdictions qui incrimineraient non pas les spectacles, mais les troubles à l’ordre public qui peuvent les accompagner.

Je comprends le mouvement qui se dessine. Je le pense légitime. Je comprends qu’il soit imprégné d’agitation, d’improvisations, de maladresses parfois. Je comprends que certains rats quittent le navire.

Je pense que Dieudonné est devenu un personnage infréquentable, dangereux, abject. Je pense qu’il doit être dénoncé.

Je pense aussi qu’à désigner essentiellement et uniquement Dieudonné, le mouvement qui se dessine est à même de faire de celui-ci un martyr, et que cela peut se révéler à terme très improductif, voire contre productif.

Je remarque, par ailleurs, que ceux qui désignent Dieudonné laissent de côté d’autres membres de la nébuleuse nauséabonde fédérée autour de lui, ou insistent moins sur leur cas : Alain Soral, par exemple.

Je remarque en outre que fort peu, à ce jour, ne s’intéressent à ce dont Dieudonné est, comme je l’ai déjà écrit, le symptôme.

Cet article vous a intéressé ? Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir les nouveaux articles de Dreuz, une fois par jour en fin d’après-midi.

Il existe présentement en France et ailleurs en Europe une remontée de l’antisémitisme qui se tresse étroitement à une détestation d’Israël, de l’Amérique, de ce que Karl Popper a appelé les « sociétés  ouvertes », du capitalisme, de la finance. Il existe une remontée générale du ressentiment.

C’est cette remontée qui, bien au delà de Dieudonné, est inquiétante. Et c’est elle qu’il faudrait pointer du doigt, comme on désigne un abcès qui gonfle et se fait chaque jour davantage purulent.

Si le combat contre Dieudonné ne devient pas un combat contre l’antisémitisme qui revient, contre la détestation et la diabolisation d’Israël que certains de ceux qui s’en prennent aujourd’hui à Dieudonné continuent à diffuser, contre l’anti-américanisme, contre l’hostilité aux sociétés ouvertes, contre le caractère vénéneux des discours hostiles au capitalisme et à la finance, contre le ressentiment, ce combat n’aura été qu’une gesticulation vaine.

Tout comme le combat contre le voile islamique a été un combat contre ce que des femmes posent sur leur tête, et pas un combat contre ce qu’il y a dans les têtes, le combat contre Dieudonné risque d’être un combat contre un clown sinistre devenu agitateur politique vomitif, mais de ne rien changer dans les têtes de ceux qui rient à des plaisanteries sordides. Et le combat contre la « quenelle » peut éventuellement supprimer un geste (ce qui reste à démontrer), mais pas ce qui hante les neurones de ceux qui font le geste.

Je notais récemment l’absence en France d’un courant libéral conservateur au sens américain du terme, et je disais cette absence effroyable.

Cette absence signifie stagnation économique, pauvreté galopante, chômage, perte des repères et des valeurs à même de réorienter une société vers le dynamisme et vers un futur fécond. Elle constitue un terrain propice à l’irruption du pire.

Les socialistes de diverses obédiences qui sont au pouvoir en France ou aspirent au pouvoir vivent de cette absence et l’entretiennent depuis des années : ils font le lit du pire.

Les adeptes du « politiquement correct » qui tiennent les grands médias depuis des années eux aussi vivent de cette absence, l’entretiennent et font eux-mêmes le lit du pire.

Les uns comme les autres ne voient pas que le public de Dieudonné, comme Dieudonné lui-même, ce sont leurs produits. Ils ne voient pas que le pire, qui semble chaque jour plus difficile à éviter, sera leur oeuvre.

Ce n’est pas Dieudonné qui a brûlé mille voitures et assassiné trois personnes dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier. Ce n’est pas lui qui a multiplié les zones de non droit. Ce n’est pas lui qui a créé cette déchéance qui conduit vers les files attendant la nourriture distribuée aux Restaurants du cœur. Ce n’est pas lui qui a disséminé les idées qui lui permettent de remplir les salles et d’avoir des millions de gens qui se connectent à la « dieudosphère ». Ce n’est pas lui qui a fait d’un assassin libanais emprisonné à vie en France un citoyen d’honneur de la ville de Bagnolet et qui glorifie d’autres criminels islamiques dans de multiples mairies. Ce n’est pas lui qui publie dans Le Monde des tribunes telles que « Libérez Marwan Barghouthi et tous les prisonniers palestiniens » (25 octobre 2013) ou, dans Le Figaro, « La guerre des olives fait rage en Palestine » (14 décembre 2013). Ce n’est pas lui qui traite les Républicains américains de gens d’extrême droite raciste, mais des blogs abrités par les mêmes journaux.

Il n’est pas l’abcès. Il vit sur l’abcès et de l’abcès.

Sans soigner l’abcès, rien ne s’arrangera, strictement rien. On s’en sera pris au symptôme (un symptôme immonde, c’est exact), pas au mal qui court, et continue à courir.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous

En savoir plus sur Dreuz.info

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading