Publié par Jean-Patrick Grumberg le 16 janvier 2014
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Je republie régulièrement cet article que j’ai publié pour la première fois en 2010, car me dit-on, il existerait des antisionistes…

J’ai reçu cette curieuse question d’un anonyme fort courageux qui signe “sans nom” et me dit : « je n’ai pas de problèmes avec les juifs, mais êtes vous sioniste ? »

Ma première tentation a été de lui répondre qu’il s’est trompé de porte, car je ne soigne pas les problèmes des autres. Ma seconde a été : sioniste moi ? Quelle question idiote ! Le sionisme est l’idée la plus généreuse, la plus humaniste du 20e siècle, comment ne pas être sioniste !

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Je suis au soleil, à la terrasse d’un café de Tel Aviv…

Le sionisme passe devant moi : deux jolies filles en mini jupes marchent en riant. Je lève les yeux vers le ciel bleu, sans un nuage, et mon regard tombe sur un exceptionnel immeuble Bauhaus, un chef d’œuvre architectural parmi les cinq mille autres immeubles Bauhaus sionistes de Tel Aviv, classée ville blanche, patrimoine de l’humanité par l’Unesco.

Tel Aviv, patrimoine de l’humanité pour son architecture : quelle mesquinerie. C’est le judaïsme en entier qui mérite d’être inscrit au patrimoine de l’humanité.

Tel Aviv a récemment été classée parmi les dix villes les plus désirables au monde par le guide touristique Lonely Planet – pas une seule ville française n’est dans ce classement.

Tel Aviv est classée comme première destination au monde pour les homosexuels. Je ne suis pas homosexuel, mais je considère que la façon de (bien) traiter les homosexuels est un marqueur fort de l’évolution d’une société. A ce titre, je suis fier qu’Israël soit considéré par les homosexuels comme la ville où le regard des autres est bienveillant. D’autant que les Juifs orthodoxes font partie du paysage de la ville.

Tel Aviv, symbole du vivre sioniste

Tel Aviv est une ville pour ainsi dire sans policier. Touriste, ne vous attendez pas à demander votre chemin à l’agent chargé de la circulation, vous n’en trouverez pas. C’est aussi une ville qui ne dort pas : dans n’importe quel quartier, il y a au moins deux ou trois supermarchés ouverts 24h/24, sans parler des bars, des restaurants, des petits épiciers… des taxis et des pharmacies. A n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, trouver un taxi sans attendre, pour un citadin nocturne, cela mérite une mention.

Médaille aussi pour la sécurité : ici, les jeunes filles se promènent seules, la nuit, sans risque d’agression, sans inquiétude, sans jeter des regards inquiets autour d’elles. Et il n’y a ni police, ni armée.

Anomalie ? Oui, anomalie sioniste : chaque citoyen veille sur la vie des autres comme si c’était un membre de sa famille. A Tel Aviv, je peux poser mon iPhone sur ma table à la terrasse d’un café, il ne disparaîtra pas. Cela ne sera peut-être pas toujours ainsi, mais qui se souvient qu’un jour, en France, on pouvait laisser les clefs sur le tableau de bord de sa voiture stationnée ?

Encore une autre anomalie sioniste : les illégaux musulmans soudanais. Ils sont soixante mille. Ils ont traversé l’Egypte musulmane, leur objectif était la terre sioniste, pour y trouver du travail. Un pays que l’on dit raciste et d’Apartheid. Paradoxe sioniste.

Sionisme, définition :

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– Le sionisme est un mouvement nationaliste et politique qui réclame le retour du peuple Juif vers sa terre ancestrale d’Israël, par l’établissement d’un foyer national Juif en Palestine. C’était une réponse aux oppressions subies par les Juifs d’Europe, bien avant la Shoah. C’était une formidable dimension humanitaire : sauver un peuple persécuté depuis des siècles, à peine émancipé des lois discriminatoires.

– Le sionisme est à la fois avocat et acteur de la solidarité entre les Juifs, et de la lutte contre l’antisémitisme.

– Il demande la création, en Israël, d’une armée pour protéger les Juifs contre ceux qui veulent les détruire.

– Il considère que les Juifs de la diaspora vivent en exil, il encourage leur Aliyah (immigration en Israël), et souhaite faire de l’Hébreu la langue des Juifs.

– Il manifeste le désir de créer une société moderne qui croit aux vertus du libre échange et de la libre entreprise, de la démocratie et des droits de l’homme.

– Il rappelle que la sécurité des Juifs qui vivent en dehors d’Israël n’est pas assurée, notamment en Russie et dans les pays arabes, et que l’Etat d’Israël doit se porter garant de cette sécurité.

Cette lecture inspire une première remarque :

  • Le sionisme est le principal obstacle à l’exercice de l’antisémitisme.

    Il lui coupe la route sur tous les fronts, et construit des barrages partout ou la judéophobie veut s’infiltrer. En ce sens, l’antisémite a vraiment bien raison d’être antisioniste.
  • Vous ne trouverez pas d’antisémite qui ne soit pas antisioniste.
  • Si je n’étais pas juif, et si j’étais antisémite, je serais enragé par l’efficacité et la pertinence du message sioniste, sa capacité à bloquer tous mes projets génocidaires. Je serais naturellement antisioniste.

Et moi, suis-je sioniste ?

  • Si être sioniste consiste à défendre l’idée d’un Etat Juif en Palestine, non, je ne suis pas sioniste. Car Israël est une réalité et non une idée.
  • Si être sioniste consiste à défendre à Israël le droit d’exister, non je ne suis pas sioniste. Car Israël a le droit d’exister, la question est sans objet et n’a pas à être défendue.

    (L’établissement d’un foyer national juif en Palestine a été légalement décidé par un vote de la Société des Nations en juillet 1922, puis par une résolution de l’ONU en Novembre 1947. Bien peu de pays peuvent se vanter d’une légitimité juridique, internationale, aussi forte.)
  • Si être sioniste consiste à demander aux Juifs de partout, de s’établir en Israël, non je ne suis pas sioniste. Car j’ai trop de respect pour la liberté individuelle, et de respect pour la volonté de chacun. En bon juif, je ne veux pas faire à autrui ce que je n’aimerai pas qu’on me fasse.

Je suis, en revanche, profondément pro-israélien, amant et ami d’Israël.

Le sionisme, quelle belle idée humaniste

Le sionisme, dans la dimension de solidarité humaine et de lutte contre l’antisémitisme, oui je l’approuve.

C’est une très noble cause, la plus humaniste qui soit, et ce n’est que par une grossière réécriture de l’histoire qui ne prospère qu’auprès d’une certaine population, que l’on tient le sionisme pour responsable des maux de la région.

Un million de Juifs ont été chassés des pays arabes, sans espoir de retrouver leurs racines et leur terre. La dernière fois que j’ai vérifié, ils n’avaient pas l’air si déprimés que ça. Si les arabes, dont une minuscule partie a été chassée de Palestine, étaient chassés une nouvelle fois, je ne vois pas de quoi en faire un drame.

Le Sionisme devrait inspirer le respect à tous les progressistes qui militent pour la solidarité.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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