Pie XII – Le Saint-Siège tente une explication
Michel Garroté
Mercredi 23 décembre 2009 – 6 Tevet 5770
Comme c’est amusant. Avant-hier, je me suis permis de signaler – par écrit – qu’il serait bon de pouvoir étudier l’ensemble des archives, avant d’ouvrir le procès en béatification de Pie XII. Or, le Directeur de la Salle-de-Presse du Saint-Siège, le Père Federico Lombardi, fait part, aujourd’hui, d’une note, réactive, concernant la signature du décret sur les vertus héroïques de Pie XII ; et concernant, aussi, à la fin de la dite note, les archives ad hoc. Il eut été judicieux de faire ces précisions avant et non pas après les réactions – pourtant prévisibles – au décret.
Une fois de plus, la bureaucratie vaticane révèle son manque de coordination interne et son incapacité à anticiper les réactions. Depuis l’affaire Williamson, rien de concret et de sérieux n’a été fait pour améliorer réellement la communication vaticane en dépit des promesses en la matière. Et par conséquent, je me permets de réitérer ce que j’ai déjà écrit récemment – de façon plus détaillée – dans un autre article : il faut au Vatican un responsable de la communication qui, au plan fonctionnel, dépende directement du Pape, tout en étant, au plan administratif, intégré dans une Congrégation romaine.
Extraits de la note susmentionnée : La signature par le Pape du décret sur les vertus héroïques de Pie XII a suscité diverses réactions dans le monde juif, probablement car il s’agit d’une signature dont le sens est clair pour l’Eglise catholique et les experts en la matière, mais qui mérite quelque explication pour un public plus large, en particulier les juifs, très sensibles, de façon compréhensible, à cette période historique de la Seconde Guerre mondiale et de l’Holocauste. Lorsqu’un Pape signe un décret sur les vertus héroïques d’un Serviteur de Dieu il confirme l’évaluation positive que la Congrégation pour les causes des saints a déjà votée.
Naturellement, dans cette évaluation, les circonstances dans lesquelles la personne a vécu sont prises en compte. Un examen attentif d’un point de vue historique est ensuite nécessaire, mais l’évaluation se réfère essentiellement au témoignage de vie chrétienne donnée par cette personne (sa relation intense avec Dieu et sa recherche perpétuelle de la perfection évangélique) et non à l’évaluation de la portée historique de toutes ses décisions (Note de Michel Garroté : cette allégation me semble maladroite et j’y reviendrai un autre jour). (…) Ainsi, elle n’entend donc pas limiter au minimum la discussion autour des choix concrets faits par Pie XII dans la situation dans laquelle il se trouvait (Note de Michel Garroté : cette deuxième allégation, elle aussi, me semble maladroite et j’y reviendrai un autre jour). Pour sa part, l’Eglise affirme qu’ils ont été pris dans la seule intention d’accomplir au mieux le service de très haute et importante responsabilité du Pape (Note de Michel Garroté : cette allégation contredit partiellement les deux allégations précédentes et j’y reviendrai un autre jour).
Ainsi, l’attention et la préoccupation de Pie XII pour le sort des juifs, qui ont certainement été prises en compte pour l’évaluation de ses vertus, ont été largement témoignées et reconnues même par de nombreux juifs.
C’est pourquoi, la recherche et l’évaluation des historiens dans leur domaine spécifique, reste ouverte. Et dans le cas présent, on comprend la demande d’ouverture de toutes les possibilités de recherches sur les documents. Pour l’ouverture complète des archives, comme il a été dit plusieurs fois déjà, il faut d’abord procéder à la mise en ordre et au classement d’une masse énorme de documents qui demande techniquement un délai de quelques années encore (Note de Michel Garroté : ce qui, sauf votre respect, confirme ce que j’ai écrit avant-hier, à savoir q’une fois classés, d’ici cinq ans peut-être, il faudra étudier ces documents, ce qui prendra encore cinq ans au minimum).
Le titre est tendancieux. Il laisse supposer que le Saint-Siège a tort et est pris en faute. Qui décide le bien et le mal? Cela laisse supposer que le magistère de l’Eglise catholique doit demander la permission de gérer ses affaires à des tiers extérieurs au catholicisme, si oui, il faut le dire.
Cordialement
Il est vrai que le comportement actuelle de la Congrégation romaine pour la foi, qui avait été présidée au temps de Jean-Paul II par le pape Benoît XVI, incite à la suspicion. Beaucoup d’historiens et de philologues s’interrogent sur les évènements, qui se sont produits pendant les 12 années de ténèbres, que l’Eglise catholique veut dissimuler à l’humanité.
Si le comportement de Pie XII, face à la barbarie nazie, n’a pas été celui qu’aurait voulu les hommes épris d’humanisme, les Juifs et les Tzigane tout comme beaucoup de chrétiens et même de hautes personnalités ecclésiastiques catholiques, il vaut mieux pour tout homme épris de Justice, profane ou Divine, de connaître le déroulement de ces évènements transcrits et archivés par l’Eglise. La clémence et le miséricorde Divine sont là, pour pardonner ou consoler !