Publié par Guy Millière le 22 janvier 2014

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Récemment, Bruno Gollnisch, outragé par mes remarques concernant l’absence de condamnation de l’antisémitisme par les dirigeants du Front National, m’a taxé d’être un « intellectuel communautaire ». N’étant pas juif, je suppose qu’il a voulu faire de moi un Juif d’honneur, et je pourrais en être flatté.

Je suis agnostique, mais mes valeurs éthiques sont celles qui sont nées depuis et par le judaïsme, je le sais. Tout en étant flatté, cela m’a conduit à une réflexion plus large : je dois remarquer que, parmi les intellectuels qui ne sont pas juifs, en France, il s’en trouve fort peu pour défendre Israël, et pour dénoncer explicitement l’antisémitisme. Je dois dire que cela me semble troublant.

Que sur un continent qui a vu s’accomplir la seule tentative d’extermination totale et industrielle d’un peuple, celle des Juifs, aussi peu d’intellectuels non juifs soient à même de voir ce que signifie la remontée de l’antisémitisme en Europe est un phénomène qui me consterne. Que, dans une période où le traitement d’Israël comme le Juif parmi les Etats de la terre s’accentue, il se trouve aussi peu d’intellectuels non juifs pour voir qu’Israël est traité comme le Juif parmi les Etats de la terre est une réalité qui me donne la nausée.

Je dois dire qu’il en est ainsi, je pense, parce que l’Europe a deux mille années d’antisémitisme dans son passé, parce que ce qu’on appelle la shoah a été mis entre parenthèse et passé sous silence pendant trente années après la guerre et n’a commencé à être regardé en face qu’à partir de 1978 et de la diffusion de la série Holocauste à la télévision : des gens se sont dits surpris et choqués de ce qu’Holocauste montrait, y compris des gens qui avaient une cinquantaine d’années et qui avaient donc vécu à l’époque de ce qu’Holocauste montrait. Etaient-ils sourds et aveugles à l’époque ? Ont-ils été ensuite frappés d’une amnésie soudaine ? Les deux hypothèses sont improbables. Il y a eu ceux qu’on honore comme les « justes » et il y a eu beaucoup de nazis en Allemagne, ou, pour le moins de sympathisants. Il y a eu en France quarante millions de pétainistes, quelques résistants, beaucoup de gens porteurs d’une veste réversible. Le film Shoah de Claude Lanzmann a eu un impact. Les cérémonies du cinquantième anniversaire de la chute d’Auschwitz ont marqué la fin d’une période, au terme de laquelle le dossier a été rangé sur une étagère. Je pense, pour reprendre à ma façon la célèbre phrase, que beaucoup d’Européens n’ont pas vraiment pardonné Auschwitz aux Juifs.

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Je dois dire qu’il en est ainsi, aussi, parce que la gauche en Europe a voulu démultiplier les objets de repentance et y a ajouté la colonisation (seulement la colonisation effectuée par des Européens, bien sûr), l’esclavage (dont seuls les Européens se seraient rendus coupables, cela va de soi), le racisme (qui s’est vu appliqué, entre autres, à la célèbre race islamique dans laquelle on entre sitôt on devient musulman, qu’on soit un petit brun ou un grand blond) : cette démultiplication a fini par créer une réaction de crispation très logique et conduit à un relativisme au sein duquel les mots ont perdu leur sens (perte du sens qui continue, puisque pour l’extrême gauche, on peut être « facho » dès qu’on s’assied sur la droite de Jean-Louis Borloo : ce qui est une façon de faire oublier que Mussolini était un socialiste).

Je dois dire que je pense que le traitement d’Israël comme le Juif des Etats a été assez vite entériné en Europe parce qu’Israël était l’Etat du peuple juif et que non, beaucoup d’Européens n’ont pas pardonné Auschwitz aux Juifs. Ils ne leur ont pas non plus pardonné de ne pas se laisser écraser par les armées arabes en 1948-49, ce qui aurait été conforme au scénario prévu. Pendant une vingtaine d’années, Israël ayant survécu, les Européens ne se sont pas acharnés contre Israël. Mais peu à peu est apparu la bonne raison de le faire : soutenir les armées exterminatrices du monde arabe n’était pas présentable. Soutenir les « Palestiniens » était beaucoup plus honorable.

Le soutien a commencé à l’extrême gauche, qui a toujours eu une affection pour terroristes et totalitaires. Il s’est propagé à la gauche, puis à l’ensemble de la classe politique européenne ou presque. Le « peuple palestinien » a été conçu pour que les Européens aient une « lutte de libération nationale » à soutenir et pour qu’ils retrouvent une raison de s’en prendre aux Juifs, et cela a fonctionné parfaitement.

On trouve aujourd’hui des gens qui se disent « défenseurs de la liberté », et hostiles au totalitarisme qui, d’un seul coup, oublient tous leurs principes lorsqu’il s’agit d’Israël, pays de liberté économique, politique et culturelle, et de l’Autorité Palestinienne, entité totalitaire aux allures de Troisième Reich miniature.

On trouve des gens qui se disent partisans de l’économie de marché et du droit naturel des êtres humains qui deviennent brusquement aveugles face au fait que l’Autorité palestinienne est une création artificielle qui ne survit que par des subventions massives servant essentiellement à une double violation du droit naturel des êtres humains (les subventions financent un endoctrinement imprégné d’idées nazies destinée à transformer des êtres humains en assassins et financent aussi l’assassinat d’autres êtres humains).

Rares, très rares sont ceux qui osent dire qu’Israël est une démocratie et un état de droit menacé, que ceux qui menacent Israël sont des antisémites criminels irrespectueux de l’idée minimale de droit, que la Judée Samarie n’a jamais été « colonisée » par Israël, mais l’a été, par contre, pendant dix neuf ans, par l’Etat palestinien de Jordanie, créé sur 78% des terres du Mandat palestinien, ou qu’en 1967, Israël a gagné une guerre contre des agresseurs aux projets génocidaires, en un moment où il n’existait pas un seul « Palestinien » (les principaux concernés n’avaient pas encore appris la leçon) et pas un seul « territoire palestinien ».

Pour noter tout cela, et mille autres choses encore, il n’y a pas à être un « intellectuel communautaire » : il y a juste à faire un travail des idées honnête et scrupuleux et à connaître l’histoire, et à ne pas avoir des valeurs à géométrie variable. C’est beaucoup demander ? Il semble que oui, désormais, c’est beaucoup demander.

Est-il risqué de faire un travail des idées honnête et scrupuleux, de connaître l’histoire, et de ne pas avoir des valeurs à géométrie variable. Il semblerait que oui, là encore.

Le venin antisémite a encore de beaux jours devant lui en Europe. Le venin anti-israélien a, lui, de très beaux jours devant lui.

Les dirigeants de plusieurs pays d’Europe ont convoqué ces derniers jours les ambassadeurs d’Israël de leurs pays respectifs pour les sermonner : Israël décide de construire des logements pour des Israéliens, ce qui est inadmissible. Les dirigeants des mêmes pays continuent à financer les incitations au meurtre d’Israéliens par des « Palestiniens » : cela, c’est très admissible, qui dirait le contraire ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

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