Publié par Guy Millière le 27 janvier 2014

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Le 21 janvier dernier est un jour dont on reparlera sans doute dans les livres d’histoire, et on l’accolera au 24 novembre dernier. Le 24 novembre, un accord qui n’en était pas un, puisqu’il n’était pas formalisé, s’esquissait à Genève, et faisait penser à un accord de Munich, façon 1938, pour l’ère contemporaine. Le 21 janvier, l’accord qui n’en était pas un est devenu un accord.

L’Iran est censé renoncer à ses programmes nucléaires militaires, mais pas à ses programmes nucléaires civils : seuls les aveugles volontaires penseront qu’une frontière étanche sépare les deux. Des inspections sont censées se mettre en place pour veiller à ce que l’Iran fasse ce que le reste du monde, dont les Etats-Unis, attend de lui, mais les Iraniens serviront de guides aux inspecteurs qui viendront : seuls les aveugles volontaires penseront que les Iraniens feront preuve d’une impeccable transparence.

Le reste du monde est censé mettre fin aux sanctions économiques et financières contre l’Iran, et le processus est déjà enclenché : seuls les aveugles volontaires ne verront pas que la levée des sanctions a sauvé un régime qui, par delà les déclarations de Rouhani sur la scène internationale, reste aussi cruel, fanatique et totalitaire que ces dernières décennies, et toujours en guerre contre Israël et le monde occidental.

Dans six mois, les différentes parties concernées sont censées se revoir pour examiner si l’Iran a respecté sa part du contrat : si ce n’est pas le cas, vient de dire John Kerry, toutes les options restent sur la table. Seuls les aveugles volontaires penseront que toutes les options restent sur la table et ne verront pas que les sanctions ne seront jamais rétablies.

L’une des parties concernées devrait être Israël, mais Israël n’a pas été consulté : Israël a, au contraire, été placé par le reste du monde, et en particulier par l’administration Obama, en position de nuisance. Ce qui ne peut déplaire aux dirigeants iraniens : si Israël voulait agir, Israël serait le pays qui trouble la paix et l’espoir, et si Israël proteste sans agir, Israël sera aussi le pays qui perturbe la paix et l’espoir. Seuls les aveugles volontaires ne verront pas qu’il s’agissait en tout cela d ‘isoler et d’entraver Israël et de placer Israël en position de nuisance.

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En ce contexte, les pourparlers concernant la Syrie apparaissent bien inutiles, et on peut se demander à quoi ils servent : le régime Assad est soutenu par la Russie et par l’Iran, et la politique des Etats-Unis et de l’Union Européenne par rapport à l’Iran montre que les Etats Unis et l’Union Européenne ont choisi leur camp. Les factions islamistes sunnites en Syrie ont, largement, perdu la partie : s’agit-il lors des pourparlers de négocier un statu quo qui laisserait un régime Assad en place dans les régions alaouites, druzes et chrétiennes, et qui laisserait le reste du pays aux factions islamistes sunnites ? C’est une hypothèse. Seuls les aveugles volontaires ne voient pas que le régime Assad a gagné.

En ce contexte, les pourparlers concernant la résolution du conflit dit « israélo-palestinien » apparaissent eux-mêmes bien inutiles : sauf si on retient l’hypothèse que l’administration Obama entend, après avoir isolé et entravé Israël, et après avoir placé Israël en position de nuisance, tenter d’exercer des pressions maximales sur Israël et imposer à Israël la création d’un « Etat palestinien ». Ce que serait cet Etat dans le contexte régional est une énigme. Un récent voyage de Mahmoud Abbas à Moscou peut laisser penser que l’Autorité palestinienne se rapproche de la Russie, ce qui signifierait un rapprochement avec l’Iran et la Syrie d’Assad.

L’Arabie Saoudite, les émirats, voient ce qui se profile, et tout en combattant les Frères musulmans, potentiels alliés de l’Iran, et tout en aidant Sissi à écraser les Frères musulmans en Egypte, ont tout intérêt à financer les factions islamistes sunnites actives en Syrie : pour freiner l’avènement de l’hégémonie iranienne sur la région. Ce financement est une action défensive. Les jeunes Européens venant mener le djihad en Syrie sont un effet collatéral de cette action défensive, tout comme la recrudescence d’actions djihadistes sunnites en Irak. Le retour de jeunes Européens formés au djihad vers le sol européen ouvre au sein de tout cela des perspectives intéressantes.

Le 21 janvier, cela faisait cinq ans que Barack Obama était à la Maison Blanche. Au cœur de la doctrine Obama, il y avait la volonté de rendre le Proche-Orient plus sûr pour l’islam radical. Les aveugles volontaires diront que cela n’a aucun rapport avec tout ce que je viens de décrire, je sais. Sans doute ont-ils raison ? Les aveugles volontaires ont toujours raison.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

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