Publié par Jean-Patrick Grumberg le 10 février 2014

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Mortensrud, Norvège — Lise et Kjetil Ulvestrand sont arrivés dans cette petite ville au sud d’Oslo en 2005 pour son espace, la vue, la forêt et les loyers très abordables. Madame Ulvestrand, ex employée pour le développement en Amérique latine, et maintenant travailleuse sociale pour les immigrants en Norvège, explique qu’elle se sent très à l’aise parmi les étrangers de différentes cultures.

Mais tandis que le nombre d’immigrants – y compris musulmans – augmente à Mortensrud, elle a commencé à se faire du souci pour ses enfants et pour leur éducation.

“J’aimais la forêt, et j’avais des amis, mais les Norvégiens ethniques déménagent, et mes enfants perdent leurs amis,” explique-t-elle. “Au bout d’un certain temps, quand mes enfants eurent 5 ou 6 ans, tout le monde était parti. Nous avons commencé à nous poser des questions concernant les défis sociaux à l’école,” où le nombre d’enfants qui ne sont pas norvégiens ethniques progresse rapidement.

Ketil Solvik-Olsen, Ministre des transports et des communications, interrogé sur les valeurs de la nation, expliqua : “certaines personnes se réveillent un matin, et leur quartier a changé. Des étrangers se sont installés progressivement, et ils ne comprennent même pas ce qu’ils disent, alors ils se sentent étrangers dans leur propre ville”.

Et donc les Ulvestrand décidèrent de retourner vivre à Oslo. “Je me suis sentie un peu coupable, après avoir travaillé en Amérique du Sud pour défendre les droits des minorités,” mais “ce n’était pas seulement les norvégiens ethniques qui partaient, c’était tous ceux qui avaient les moyens.”

L’inquiétude du défi que représente l’islam pour les valeurs nationales est largement partagée, en Norvège, même à gauche, et beaucoup à droite, et en septembre dernier, les Norvégiens ont mis au pouvoir le parti conservateur dirigé par la premier ministre Erna Solberg, ainsi que le parti du Progrès, anti-immigrationiste, après 8 ans de gouvernement d’une coalition de gauche conduite par le parti travailliste.

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Selon Tore Bjorgo, qui étudie l’extrémisme de droite au Collège universitaire de la police norvégienne, il est difficile de classer le parti du Progrès à l’extrême droite, car ils sont également pour la réduction des impôts, un allègement des tracasseries administratives pour les entreprises, une meilleure protection sociale pour les personnes âgées, et pour l’élimination des postes frontières.

“C’est un parti démocratique,” avec des membres qui sont racistes et xénophobes et d’autres qui ne le sont pas. “Mais ils portent en eux des éléments qui soulèvent les tapis et les dessous la politique.”

“Le débat public sur l’islam concerne moins leurs croyances et leurs couleurs de peau que leur manque d’éducation, et leur besoin de formation” expliquait la ministre Solberg dans un interview. Compte tenu du généreux système social norvégien, le gouvernement veut s’assurer que “vous gagnerez toujours plus en travaillant qu’en ne faisant rien, et ici, c’est un sujet de débat national plus important que l’immigration.”

D’ailleurs, après la publication de cet article dans le New York Times, la famille Ulvestrands voulut préciser au journaliste sa position sur le changement qui s’opère en Norvège : tandis qu’ils sont inquiets concernant l’immigration, ils affirment ne pas être dérangés que l’islam représente un défi pour les valeurs nationales de la Norvège.

Pour ma part, je suis stupéfait de constater que le débat soit si vite passé, en Europe, de la négation de l’islamisation à la négation de ses dangers.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

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