Publié par Jean-Patrick Grumberg le 15 février 2014

HUMAN-MEAT

La police du Nigéria a découvert que le restaurant d’un hôtel d’Onitsha, l’Upper Class Hotel situé tout près du marché Ose-Okwodu de l’état d’Anambra, au Nigéria, servait de la viande humaine à une “clientèle” bien informée de ce qu’elle mangeait.

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20minutes.fr, cite The Independant et ils rapportent succinctement la nouvelle, et je confirme que l’information est exacte – à la nuance près qu’elle date de début août 2013, date à laquelle j’en ai pris connaissance, et non de maintenant comme l’indique 20minutes. La fin de l’histoire vous expliquera pourquoi je n’en avais jamais parlé…

3 têtes d’hommes et femmes encore dégoulinantes de sang dans des sacs en plastique

Donc, lorsqu’elle s’est rendue sur place, la police d’Onitsha a découvert une tête d’homme et deux têtes de femmes, récemment séparées des corps de leur victimes et encore dégoulinantes de sang, stockées dans des sacs en plastique, ainsi que deux fusils automatiques AK47 N° 1266 et 3170 avec 56 cartouches, une quantité importante de téléphones portables, et deux képis de l’armée (mais qui peuvent s’acheter sur le marché tout proche).

Le propriétaire de l’hôtel, Bonaventure Mokwe et une dizaine de personnes suspectés d’êtres des kidnappeurs et des ritualistes furent arrêtés, y compris Justin Nwankwo, un étudiant à l’université Nnamdi Azikiwe qui travaillait dans l’hôtel pour financer ses études, ainsi que, un peu plus tard, six femmes et quatre hommes.

Cette opération inhabituelle – le cannibalisme n’est pas nouveau dans la région, mais c’est la première fois que de la viande d’homme est servie dans un restaurant, fut possible car plusieurs personnes ont alerté la police.

 – Un pasteur, qui a souhaité garder l’anonymat, étonné du prix très élevé de la viande proposée, a déclaré : “j’ai séjourné dans cet hôtel en début d’année, et après le repas, j’ai appris qu’un plat de viande coûtait 700 Nairas (JPG: à peu près 3 euros soit trois fois le prix d’un Suya, le délicieux plat de viande traditionnel), ce qui m’a surpris. Je ne savais pas que ce que j’avais mangé à un prix si élevé, c’était de la viande humaine. Alors j’ai vomi le thé vert que j’étais en train de boire !”

– Une marchande de légumes dont le stand est situé juste en face de l’hôtel, et qui a également informé la police, a expliqué au quotidien nigérian OsunDefender : “chaque fois que j’arrivais au marché, et parce que l’hôtel est tout près, je voyais des allers et venues bizarres autour de l’hôtel, des gens louches et des sales têtes venaient tout le temps à l’hôtel. Et je n’ai pas été très surprise de ce que la police a découvert hier matin”. Selon une autre source, elle se serait plaint d’avoir plusieurs fois signalé les bizarreries de cet hôtel, mais n’aurait jamais été prise au sérieux.

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Le chef de la police de la région d’Onitsha, Benjamin Wordu, saisit également un 4×4 Infiniti SUV appartenant au propriétaire de l’hôtel, immatriculé DA203FST, puis l’hôtel fut immédiatement démoli “suivant la règlementation de l’état”, démolition qui portait même un nom de code: Nzacha.

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Le récit de 20minutes.fr et du Independant s’arrêtent là, c’est à dire à mi-chemin. Et pourtant, ce qui suit est plus important et donne une tournure différente à l’histoire. C’est pour cette raison que je n’avais pas, à l’époque, décidé d’en parler.

Il faut ici rappeler que plusieurs sous groupes de la population igbo – et non tout le peuple igbo, sur l’axe géographique Onicha-Oka-Nri au nord et nord ouest de la région igbo ont un passé de cannibalisme (Among the Ibos of Nigeria: An Account of the Curious & Interesting Habits …George Thomas Basden, Harvard University, 1927), ce que la population actuelle ignore largement et, lorsqu’elle en entend parler, tient cela pour du harcèlement contre le peuple igbo.

Coup monté ?

Nkiru Mokwe, la femme du propriétaire et avocate, et qui fut également arrêtée, déclara que son mari fut victime d’un guet-apens tendu par des individus qui voulaient lui voler son patrimoine, et que les têtes avaient été placées là par ses ennemis. “Mon mari est détenu dans des conditions dégradantes, et la police a refusé tout accès à sa famille, à ses avocats et à ses relations. L’hôtel de mon mari, situé au 8, Old Market Road, à Onitsha, dont il a hérité de son père, a maintenant été démoli.”

Elle soutient que le gouverneur menaçait de démolir le plaza commercial de son mari situé à Ose-Okwodu et de confisquer d’autres propriétés qui appartiennent à sa famille, et s’est demandé pourquoi la police de l’Etat d’Anambra n’était pas intervenue jusqu’à ce que l’inspecteur général envoya des hommes à l’hôtel suite à sa pétition du 2 juillet 2013. Elle ajouta que son mari était dans l’immobilier, qu’il achetait des terrains, et qu’il avait de nombreux conflits de droit de propriété avec plusieurs personnes, ce qui mena à une tentative d’assassinat contre son mari le 9 mars 2009.

En octobre 2013, le site Modern Gana écrivait qu’un homme identifié comme étant Olisa Egbuchiem avait séjourné la veille dans la chambre 102 de l’hôtel sous le nom de John Obi, qu’il y avait laissé les têtes et les armes retrouvées par la police, et était parti en conservant la clef de la chambre. Son père déclara être dans le métier des pompes funèbres. Un autre homme du nom d’Ayadi Mba a également été identifié comme étant le commanditaire d’Olisa Egbuchiem. De nombreuses autres personnes qui auraient joué un rôle dans le coup monté auraient également été identifiées, ce qui placerait toute l’affaire sur fond de Mouvement pour l’Actualisation de la souveraineté de l’Etat du Biafra (MASSOB), et de conflit entre le peuple Igbo, essentiellement catholique romain, et le peuple Hausa, musulman sunnite, dont sont issus des membres de Boko Haram que l’on retrouve quelques fois dans la police régionale…

Controverse

La découverte macabre a déclenché une série de controverses au Nigeria, notamment sur le comportement impérial du gouverneur local, Peter Obi, qui règne sur la police comme s’il était le seigneur de l’Etat d’Anambra, et qui tenant son pouvoir de la loi, n’hésite pas à en abuser, jusqu’à utiliser la torture pour obtenir une confession.

Mokwe, le propriétaire de l’hôtel, déclara ne pas vouloir blâmer Peter Obi pour ses actions car il agissait sur de fausses informations, même s’il aurait pu prendre quelques précautions. Il remercia le commissaire de la police de ne pas avoir employé la torture contre lui.

Mais un groupe de défense des droits de l’homme, Network on Police Reforms in Nigeria (NOPRIN) a dénoncé le fait que la police arrête certaines personnes puis les relâche avant d’en accuser d’autres de meurtres et les laisse être condamnés pour des crimes dont ils ne savent rien.

La fondation NOPRIN (Network on Police Reforms in Nigeria) a également dénoncé les méthodes d’enquête d’un autre âge de la police et a demandé que ces pratiques soient interdites afin que les gens honnêtes n’en souffrent pas.

“La veille du jour où j’ai été arrêté et que mon hôtel a été démoli sur demande du gouverneur de l’Etat d’Anambra, déclarait Bonaventure Mokwe au Vanguard le 29 décembre dernier, j’étais au cœur d’une dispute au sujet d’un parking avec des natifs d’Onitsha. J’avais déposé plainte au tribunal, et la police et les natifs d’Onitsha commencèrent à me harceler. Peu de temps après, je fus victime de menaces de toutes sortes, dont le point culminant fut le coup monté des “preuves” placées dans mon hôtel. Quand j’ai été relâché de prison sous caution, un officiel du gouvernement de l’Etat d’Anambra supplia mon cousin de me convaincre de ne pas faire de vague jusqu’aux élections. J’ai obéi. Ainsi vous pouvez constater que cette histoire ne concerne pas la justice, mais ce qu’ils peuvent en retirer” concluait Mokwe après avoir passé plus de deux mois en prison.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

http://www.independent.co.uk/news/world/africa/cannibal-restaurant-with-roasted-human-heads-on-the-menu-shut-down-by-police-9123693.html

http://www.20minutes.fr/monde/nigeria/1298486-20140213-nigeria-police-fait-descente-restaurant-servant-viande-humaine
http://radiobiafra.co/news/three-fresh-human-heads-were-found-in-hotel-at-onitsha

http://www.giornalettismo.com/archives/1354595/la-vera-storia-del-ristorante-che-ti-fa-mangiare-le-teste-umane/

http://www.modernghana.com/news/497014/1/kidnap-of-bonaventure-mokwe-by-anambra-government-.html

http://www.punchng.com/news/human-heads-discovery-my-husband-was-set-up/

http://www.vanguardngr.com/2013/12/skulls-onitsha-hotel-room-story-citizen-mokwe/

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