Publié par Jean-Patrick Grumberg le 26 février 2014

AFP/Getty AFGHANISTAN-US-ATTACKS-BINLADEN-FILES

Les révélations que je publie vont sans aucun doute faire les choux gras et les gorges chaudes des conspirationnistes. De là à ne pas les publier, ce serait leur faire trop de cas.

John Solomon, journaliste au Washington Times, a appris un peu par hasard, que n’a pas été divulgué, lors des enquêtes officielles sur les attentats terroristes du 11 septembre 2001, le fait qu’une “source humaine” avait été mise “en contact direct” dès 1993 avec Osama Ben Laden par Bassem Youssef, un agent du FBI.

C’est à l’occasion des témoignages procéduraux d’un conflit salarial de 2010 entre le FBI et un de ses anciens agents, qu’a été révélé – et peu remarqué – que le leader d’al Qaïda envisageait de financer des attaques terroristes aux Etats Unis.

Les informations que reçut le FBI grâce à cet agent étaient si précises qu’elles permirent de déjouer un attentat terroriste contre une loge maçonnique de Los Angeles, selon les minutes du procès salarial.

“C’était la seule source que je connaissais, au “bureau”, qui soit directement connectée à al Qaïda, et directement impliquée” déclarait au tribunal Edward J. Curran, un ancien haut fonctionnaire du FBI de Los Angeles, en soutien à son ancien collègue et agent Bassem Youssef, lequel avait intenté un procès pour discrimination par son employeur, le FBI, qui après les attentats du 11 septembre l’avait écarté des dossiers sensibles, le pensant musulman, (alors qu’il est chrétien copte).

Le témoignage de Curran, en 2010, était destiné à attester de la parfaite bonne conduite de Youssef. Ce témoignage échappa totalement aux médias et aux spécialistes du terrorisme du fait qu’il s’agissait d’un conflit salarial, et que la salle du tribunal était pour ainsi dire vide. Le Washington Times l’apprit au cours d’une large enquête journalistique sur les origines d’al Qaïda.

L’autre point qui ne manquera pas d’alimenter les conspirationnistes est le fait que les membres de la commission d’enquête sur le 11 septembre, ceux des comités du Congrès sur le renseignement, et les analystes du terrorisme qu’a interrogé John Solomon sont tous stupéfaits que cette information émerge seulement maintenant, et elle soulève de sérieuses questions sur les autres informations que des Américains ont pu conserver sur les origines d’al Qaïda et son intérêt pour attaquer les Etats Unis.

“Je pense que cela soulève beaucoup de questions sur les raisons pour lesquelles cette information n’a pas été rendue publique, et pourquoi les commissions d’enquête du Congrès sur le 11 septembre n’en ont rien su”, a déclaré au Times Peter Hoekstra, ancien représentant du Michigan au Congrès, et qui présidait le Comité permanent du renseignement de 2004 à 2007, quand le législateur travailla sur le rapport officiel sur le 11 septembre.

“Voilà encore un autre exemple [d’informations] qui vont atterrir directement dans les cahiers de notes des aficionados des théories du complot, qui affirment que les autorités ne nous disent pas tout,” ajoutait Hoekstra au journaliste du Times. “C’est très mauvais pour la communauté du renseignement. C’est mauvais pour l’application de la loi, et c’est mauvais pour le gouvernement.”

Interrogé par le Times, l’ancien membre du Congrès, Lee Hamilton, Démocrate de l’Indiana, qui co-présidait la commission sur le 11 septembre avec l’ancien gouverneur du New Jersey Thomas Kean, a expliqué qu’autant qu’il se souvienne, le FBI n’a jamais dit à la commission qu’il travaillait avec une source si proche de Ben Laden, tant d’années avec les attentats du 11 septembre.

“Je ne me souviens pas que le FBI nous ait informé de contacts directs avec Osama Ben Laden,” a déclaré Hamilton au Times dans un récent interview sur le sujet.

John Solomon: Comment exactement l’information a été omise des différents examens du Congrès et du rapport de la commission sur le 11 septembre est un mystère. Les officiels du FBI et le personnel en charge des dossiers ont déclaré qu’ils ne peuvent dire avec certitude, si longtemps après, si l’information a été dissimulée, ou s’ils l’ont négligée, au milieu des milliers de pages de documents et d’enregistrements sur l’histoire d’al Qaïda qu’ils ont étudié.

“Autant la commission que le gouvernement américain, nous avons tous compilé une assez grande quantité de preuves sur les activités des groupes qui plus tard seront connus sous le nom d’al Qaïda [début 1990], quand le groupe terroriste s’est installé au Soudan. Nous n’avons pas fouillé cette période en profondeur parce qu’elle était très distante des préparations qui ont mené aux attaques du 11 septembre,” explique Philip Zelikow, ancien directeur exécutif de la commission de 9/11, et qui enseigne maintenant l’histoire à l’université de Virginie.

John Solomon: Et tout comme Hamilton, Zelikow dit ne pas se souvenir avoir jamais entendu le FBI parler de cette source de 1993, et ajoute que les révélations de Curran semblent pourtant renvoyer à des “renseignements de grande valeur récoltés en 1993 et 1994.”

John Solomon: mais Zelikow met en garde contre toutes conclusions hâtives, car les activités si anciennes de Ben Laden auraient [si elles avaient été connues par les enquêteurs] été considérés comme “très faiblement reliées au 11 septembre.”

John Solomon: interrogés, les officiels du FBI ont expliqué au Times que le bureau ne pouvait pas dire avec certitude si ses agents avaient informé spécifiquement la commission d’enquête, au sujet de l’agent infiltré en 1993, ou au sujet d’un plan terroriste, mais qu’il était fier d’avoir donné un accès complet à ses archives aux enquêteurs.

“Le FBI a fourni toutes les informations pertinentes à la Commission sur le 11 septembre et aux demandes des enquêteurs. Au travers de ces informations, le FBI a partagé tous les documents et le savoir des personnes qui en possédaient, afin de présenter toutes les informations connues à la commission et au enquêteurs,” a déclaré l’assistant directeur du FBI, Michael P. Kortan.

John Solomon: Stephen Kohn, l’avocat de Youssef, qui avait contacté Curran pour témoigner en faveur de son client dans le procès de 2010, déclare cependant que le FBI a dissimulé cette information pendant des années.

John Solomon: selon Kohn, même son propre client ne lui a pas parlé de cette sensationnelle révélation du fait qu’elle était classée top secret, jusqu’à ce qu’elle sorte pendant le procès.

“J’ai reçu un choc quand elle est sortie, et j’ai été frustré car clairement, le FBI a censuré cette information pour que le public ne l’apprenne pas,” a expliqué Kohn, qui a été à plusieurs reprises le conseil de plusieurs agents du FBI qui ont ébruité des informations.

“Il n’y avait absolument aucune raison de garder ça secret,” a déclaré Kohn lors d’une interview au Times. “D’une certaine façon, cela allait même contre le FBI, de garder secret l’une de ses belles victoires contre le terrorisme, juste pour ne pas reconnaître le bon travail de Bassem Youssef. La conséquence, aucun agent du FBI ne put s’approprier le mérite de la spectaculaire opération de contre-terrorisme” [de l’attentat déjoué à Los Angeles].

John Solomon: Au tribunal fédéral, en 2010, Curran témoignant en faveur de Bassem Youssef, expliqua en détail les nombreux succès de son ancien agent, au début des années 90, alors que le gouvernement venait juste d’entamer -officieusement- sa guerre contre le terrorisme. Parmi les succès de Youssef, Curran cita une tentative d’attentat contre un bateau de croisière britannique, et un autre dans la région de Los Angeles, tous les deux déjoués grâce au travail de Youssef.

BIO-OMAR ABDEL RAHMAN-JAMAA ISLAMIYYA

John Solomon: l’ancien supérieur de Youssef révéla également au tribunal que ce dernier avait infiltré un agent auprès du “sheik aveugle” Omar Abdel-Rahman, le cerveau derrière l’attentat de 1993 contre le World Trade Center, et qu’il réussit à envoyer cette même source rencontrer personnellement Ben Laden.

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John Solomon: La source était “très proche” du dirigeant d’al Qaïda, connu à l’époque sous le nom de “Groupe islamique” (IG), dit Curran. “Cette source revint, après avoir été directement en contact avec Ben Laden,” témoigna Curran, ajoutant qu’à son retour, la source indiqua au “Sheik aveugle” que Ben Laden “avait choisi une cible à faire exploser dans la région de Los Angeles. Je pense que c’était la loge maçonnique.”

John Solomon: Curran a également révélé que la source fournit des informations au sujet d’une cellule terroriste qui opérait en Californie. Durant son témoignage, il expliqua en détail comment Bassem Youssef retourna son indicateur pour “qu’il travaille avec nous”, décrivant comment le FBI collabora avec la femme de la source, qu’il avait épousée lors d’un mariage arrangé, afin de le faire expulser des Etats Unis pour lui mettre la pression. “Il voulait revenir, et c’est la carotte qu’on a utilisé contre lui pour obtenir sa coopération,” a expliqué Curran.

John Solomon: le témoignage de Curran a été confirmé par deux documents. Son propre rapport de performance du personnel en tant qu’agent spécial assistant en charge de Los Angeles, et un rapport d’inspection de 1995 du bureau du FBI de Los Angeles, lesquels font tous les deux référence à cette source et aux complots d’attentats déjoués.

John Solomon: “au cours des 6 derniers mois, au travers des efforts du personnel ASAC (Assistant Special Agent in Charge), le FBI a identifié et enquêté puis découvert un important groupe terroriste qui opérait entre Los Angeles et San Diego,” peut-on lire sur les documents d’évaluation de Curran de 1994, dont nous avons pu obtenir une copie.

John Solomon: Le document [d’évaluation] indique que Curran “a personnellement participé à l’interview à l’étranger d’un potentiel agent qui est en position d’apporter des renseignements de valeur à toute la communauté du renseignement national.”

John Solomon: Bien que le document ne fait pas spécifiquement référence à la proximité de cette source avec Ben Laden, il indique clairement que “le développement de cet agent, ainsi que la mise en place d’autres techniques d’enquête, a permis au bureau de Los Angeles d’obtenir des renseignements significatifs qui n’ont pu être obtenus par aucune autre source ni aucune autre agence.”

John Solomon: Le rapport d’inspection de 1995 du bureau de Los Angeles salue les agents qui ont “analysé les informations de l’agent reçues immédiatement avant l’attentat du World Trade Center en 1993, et ont démontré la présence d’une infrastructure terroriste active.”

John Solomon: Youssef apporta des réponses écrites au tribunal, confirmant qu’il avait personnellement supervisé une source qui permit de découvrir deux cellules terroristes actives en Californie. Youssef écrit qu’il commença son travail d’enquête en janvier 1993 — environ un mois avant le premier attentat contre le World Trade Center — qu’un Egyptien était impliqué dans des activités terroristes en Californie, et que “ces efforts me permirent de me rapprocher d’une source qui avait été précédemment contactée par une autre agence du gouvernement.”

Bassem Youssef: “J’ai rapidement élaboré un scénario pour gagner la confiance de la source, et en un temps assez court, j’ai obtenu sa confiance. Pendant cette relativement courte période de recrutement, il est devenu évident que cette source bénéficiait d’une position unique, et pouvait fournir des informations de valeur, non seulement sur le sujet principal, mais également au sujet de deux cellules terroristes très actives du Groupe Islamique.”

John Solomon: Manque au témoignage l’information qui permette de dire si la source était toujours au services des Etats Unis plusieurs années après. Les officiels américains refusèrent de nous donner des informations postérieures à 1994.

John Solomon: Ni le rapport officiel de plus de 500 pages de la commission d’enquête, ni les rapports détaillés des Comités de renseignement du Sénat et du Congrès, ni le bureau de l’inspecteur général de la CIA, ne font mention de l’existence de cette source, ou de sa contribution à déjouer un attentat terroriste à Los Angeles.

John Solomon: Le rapport de la Commission du 11 septembre mentionne d’une manière globale et non spécifique comment, au début des années 90, Ben Laden cherchait à développer al Qaïda, y compris en “construisant des alliances aux Etats Unis,” et que “le Sheikh aveugle, que Ben Laden admirait, faisait également parti du réseau”, mais le rapport minimise le fait que Ben Laden recherchait activement à financer spécifiquement une attaque à l’intérieur des Etats Unis en 1993 — deux informations qui, selon le témoignage de Curran et les documents d’époque, sont confirmées par le bureau des agents de terrain du FBI de Los Angeles de l’époque.

John Solomon: Concernant l’implication de Ben Laden dans le premier attentat contre le World Trade Center, le rapport indique que “l’implication de Ben Laden est, au mieux, assez floue.”

John Solomon: Zelikow considère Youssef comme un “agent de valeur du FBI”, et il ne doute absolument pas de la crédibilité de Youssef ou de Curran, mais il ajoute que si la source “était restée proche de la direction d’al Qaïda pendant la période afghane, je suis presque certain que nous l’aurions appris.”

John Solomon: Mais Hoekstra en doute : “Je pense que si une des agences veut vous cacher quelque chose, c’est assez difficile de le découvrir,” déclare-t-il. “Mon hésitation vient du fait que si le FBI était au courant mais qu’il voulait le dissimuler, il le pouvait, absolument.”

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

http://www.washingtontimes.com/news/2014/feb/25/fbi-source-had-contact-with-osama-bin-laden-in-199/?page=all#pagebreak

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