Publié par Guy Millière le 10 mars 2014

Landfill-For-Interior

Des sondages récents dont j’ai déjà traité ici montraient que la population française était plongée dans l’angoisse et le désarroi, l’absence d’espoir dans l’avenir, la quête éventuelle d’un homme fort ou d’un sauveur suprême. Ces mêmes sondages montraient aussi une assez grande incompréhension des règles du marché et des enjeux de la globalisation, et une tendance au repli.

J’ai perçu ces sondages comme très inquiétants, et comme indicateurs du déclin que connait ce pays, et de l’inexistence de perspectives dynamiques pour sortir de ce déclin.

Le paysage économique confirme ces perceptions. Pauvreté et chômage insistent. La stagnation aussi. Les rappels à l’ordre de la technocratie bruxelloise ne sont, en ces circonstances, que des rappels à la réalité : si la France ne cesse pas rapidement de gaspiller des milliards d’argent pris aux contribuables, garde le niveau présent d’impôts, de taxes, de réglementations, elle va vers l’asphyxie et l’agonie.

Le paysage politique confirme ce que je viens d’écrire sur le paysage économique : aucun parti et aucun mouvement ne vient incarner tout à la fois la défense de l’économie de marché, la liberté d’entreprise, et l’affirmation des valeurs de civilisation qui seules permettent à l’économie de marché et à la liberté d’entreprise de durer et de prospérer. Les rares hommes politiques susceptibles d’incarner effectivement et efficacement ce qui devrait l’être ont quitté la carrière ou sont, présentement, marginalisés, salis, souillés.

Le paysage médiatique vient expliquer le paysage politique. Il existe des journalistes et des commentateurs pertinents et scrupuleux. J’aurais tendance à les compter sur les doigts d’une seule main.

A côté d’eux, c’est la meute aveugle de ceux qui ne comprennent pas ce qu’ils font et ce qu’ils contribuent à faire advenir.

Journaux, émissions de radio et de télévision, regorgent ces derniers temps de scandales aux allures insalubres de coups montés. De prétendues investigations ressemblent à des machinations sordides venues d’on ne sait quels égouts ou quelles officines.

Un jour, c’est Jean-François Copé qui se trouve accusé d’avoir été complice de « surfacturations », et il n’est plus question que de cela, qui fait passer au second plan la misère qui ronge le pays comme une lèpre : depuis que Jean-François Copé a parlé de pain au chocolat confisqués en période de ramadan, ce qui était abominablement incorrect aux yeux des bien pensants qui prient chaque jour dans les absidioles (islamisées) du politiquement correct, il est devenu le diable.

Un autre jour, c’est Nicolas Sarkozy qui est censé avoir reçu des enveloppes d’une vieille milliardaire, puis avoir commandé trop de sondages ou avoir reçu de l’argent de feu Mouamar Kadhafi, et enfin (last but not least) avoir fait avancer la carrière d’un juge réputé de « droite » en échange de renseignements confidentiels. Tout cela est affirmé sans preuves, mais depuis le temps de Beaumarchais, on connaît l’air de la calomnie dans les salles de rédaction. Les conversations entre Nicolas Sarkozy et ses avocats ont été enregistrées, elles, sur la demande d’un juge réputé de gauche, mais, quand bien même c’est une violation du secret professionnel des avocats et du secret de l’instruction, c’est, dit-on, très normal, puisqu’il s’agit d’un juge réputé de gauche.

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Un troisième jour, c’est Patrick Buisson qui se trouve décrit comme une incarnation de Lucifer. Il aurait enregistré des conversations avec celui qu’il conseillait, et il existe effectivement des enregistrements de conversations. Nul ne se demande si ces enregistrements ont été clandestins ou non. La chose est jugée d’avance parce que Patrick Buisson ne pense pas comme il faut (imaginez : il a osé parler d’ « identité nationale »!).

Nul ne sait exactement, précisément, comment ces enregistrement sont parvenus à la presse. Des suppositions circulent. Certaines laissent entrevoir qu’il aurait pu y avoir violation du secret de l’instruction (encore!) dans une affaire dont la justice est (abusivement) saisie, et, peut être, divulgation de documents saisis par la justice : mais qui s’encombrerait de scrupules dès lors qu’il s’agit de Patrick Buisson !

Ces mises au pilori successives, ces jugements péremptoires, ces absences de scrupules, ces façons de prétendre faire « avancer la vérité » en utilisant sans cesse des arbres fabriqués pour cacher une forêt en feu dégagent une odeur de pourriture. Les abus multiples et multiformes qui grouillent au pied de ces arbres renforcent l’odeur de pourriture.

Il se peut que l’odeur de pourriture vienne de manœuvres politiciennes, et il se trouve qu’elle sert le gouvernement dans un moment où sa crédibilité s’approche du zéro absolu. Socialisme et pourriture voisinent souvent dans les poubelles les plus sales de l’histoire.

Il se trouve que l’odeur de pourriture vient aussi des pages des journaux, même si celles-ci sont désormais souvent virtuelles, affichées sur un écran d’ordinateur connecté au net. Il se trouve qu’elle monte aussi des clameurs radiophoniques et télévisuelles.

Quand une odeur de pourriture se généralise dans un pays qui va déjà très mal, quand le sensationnalisme remplace la connaissance dans un moment où la connaissance est déjà très absente, quand des « coups » politiques semblent surgir de tripots fangeux, quand la présomption d’innocence est remplacée par la présomption de culpabilité et par l’insinuation crapoteuse, quand des juges sont bâtisseurs d’un « mur des cons » et se rêvent Saint-Just ou Jean-Paul Marat, quand l’information tenue par des gens formés dans des écoles où on enseigne moins le journalisme que la stérilisation des cerveaux, les conditions sont réunies pour qu’une avancée vers le pire survienne.

Je ne souhaite pas cette avancée vers le pire. Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’elle s’opère.

Je vais publier bientôt un petit livre décrivant l’état du pays. De semaine en semaine, je me demande avec tristesse si l’état du pays ne sera pas, quand le livre paraîtra, bien pire encore que celui que je me suis efforcé de décrire.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

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