Publié par Michel Garroté le 3 avril 2014

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Michel Garroté, réd en chef  —  Décidément, la Cinquième République était, demeure et restera la République des Affaires. A cet égard, le cas Sarkozy est tout de même assez extraordinaire. Certes, le  système français pousse en quelque sorte à la corruption. Mais le dossier du président-candidat-malheureux en 2012 pèse de plus en plus lourd. Et je suis forcé d’éclater de rire lorsque j’entends ou je lis tel ou tel individu alléguer que le pouvoir socialiste s’acharne contre Sarkozy.

Car il n’est nullement besoin de s’acharner, pour tout simplement constater, que de tous les présidents de la Cinquième République, Sarkozy est celui qui a le plus profondément creusé le fossé qui sépare les promesses de l’action. Les présidents prennent depuis toujours les Français pour des nuls. Mais Sarkozy, lui, les a pris et les prend encore pour de gros nuls ; de gros nuls qui selon lui pourraient même le réélire en 2017.

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Dans ce contexte, les juges d’instruction Serge Tournaire et René Grouman ont interrogé, vendredi 28 mars, le patron de la DCRI, Patrick Calvar. Et Calvar a confirmé aux deux juges que Sarkozy lui a téléphoné, à deux reprises, en juin 2013 et janvier 2014, pour se renseigner sur l’enquête liée à l’éventuel financement libyen de sa campagne présidentielle en 2007. Sarkozy a donc lui-même tenté de vérifier directement auprès de Calvar si la DCRI enquêtait sur les soupçons de financements occultes de sa propre campagne présidentielle victorieuse en 2007 par le régime de Mouammar Kadhafi.

Au cours de l’une des conversations captées par les enquêteurs, Sarkozy s’est montré préoccupé par une éventuelle audition, par la DCRI, de Moftah Missouri, qui fut l’interprète personnel de Kadhafi. Les juges Tournaire et Grouman semblent convaincus que Sarkozy et ses proches disposent d’informateurs bien placés au sein de l’appareil d’Etat. Une conversation captée entre, d’une part, Michel Gaudin, qui fut directeur de cabinet de l’ancien président, et d’autre part, Nicolas Sarkozy, après qu’ils aient cherché à se renseigner auprès de Calvar, conforte ce soupçon : Gaudin y rassure Sarkozy en évoquant d’autres sources d’informations.

Michel Gaudin a conservé d’importants relais au sein de la police. Nommé directeur général de la police nationale en 2002 par Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, Michel Gaudin a été nommé en 2007 préfet de police de Paris, poste qu’il a gardé jusqu’en mai 2012. Les magistrats ne traquent pas les sources de Sarkozy uniquement dans l’institution policière. En effet, ils ont également  —  dans le cadre de leur enquête  —  communiqué au parquet financier le contenu d’écoutes impliquant le haut magistrat Gilbert Azibert et l’avocat de Sarkozy, Me Thierry Herzog, ouvrant ainsi une information judiciaire pour trafic d’influence et violation du secret de l’instruction.

Les juges Patricia Simon et Claire Thépaut, saisies de cette information judiciaire, tentent de crédibiliser un soupçon : Sarkozy aurait tenté, par l’intermédiaire de Gilbert Azibert, premier avocat général à la Cour de cassation, d’influer sur le cours de l’affaire Bettencourt. Azibert a été interrogé par les juges Patricia Simon et Claire Thépaut. Puis, Azibert a regagné son domicile à Bordeaux, après avoir été hospitalisé, « notamment pour des problèmes psychologiques »…

Au tribunal de grande instance de Bordeaux, nombre de magistrats s’interrogent sur l’existence d’un réseau d’informateurs proches de Sarkozy au sein même de la juridiction, où l’affaire Bettencourt a été instruite de novembre 2010 à octobre 2013. Les liens de proximité entre, d’une part, l’actuel procureur général, André Ride, et d’autre part, Gilbert Azibert, qui occupa le même poste de 2005 à 2008, sont confirmés. André Ride a contraint le parquet de Bordeaux à requérir un non-lieu en faveur d’Eric Woerth, dans « le trafic d’influence de l’affaire Bettencourt », contre l’avis de la substitute chargée de régler le dossier. Cette initiative avait choqué de nombreux magistrats bordelais.

Reproduction autorisée avec mention :

Michel Garroté réd en chef www.dreuz.info

Source :

http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/04/03/ecoutes-les-appels-suspects-de-sarkozy-au-patron-de-la-dcri_4394756_3224.html

 

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