Publié par Jean-Patrick Grumberg le 5 mai 2014
Saira Masih, petite chrétienne de 8 ans
Saira Masih, petite chrétienne de 8 ans

Dimanche 20 avril, jour de Pâques, Saira Masih, petite chrétienne de 8 ans du village de Mally Ki près de Daska city, dans le district de Sialkot au Pakistan, était en train de faire des courses chez l’épicier quand trois musulmans sont apparus, lui ont bandé les yeux et l’ont emmenée dans un endroit inconnu, où ils l’ont brutalement violée à de nombreuses reprises.

Les violeurs, Mohammad Alam Fakhar, riche propriétaire terrien de la région, Ahmad Yar Nagra et Zulifqar Nagra ont ensuite enlevé Iqbal Masih, le père de la petite fille, afin de le forcer à signer un « arrangement » avec les agresseurs.

La fillette, souffrant de graves blessures et d’une sévère hémorragie, est ensuite restée sans soins pendant trois jours, les agresseurs ayant menacé sa famille qui n’osait ni porter plainte ni conduire Saira à l’hôpital.

Sous la pression de la communauté chrétienne et des organisations de défense des droits de l’homme, dont Life for All Pakistan, la police a fini par intervenir, faisant libérer le père de l’enfant, et elle a accepté, à regret, d’enregistrer la plainte car elle se range généralement du côté des agresseurs, et tente de dissuader les victimes de porter plainte, rapportait dans une note envoyée à la British Pakistani Christian Association le 26 avril, Me Sardar Mushtaq Gill, l’avocat qui représente la famille de Saira.

Saira est devenue le symbole de la situation dramatique que subissent les femmes, les enfants et tout particulièrement les petites filles de la communauté chrétienne en milieu musulman.

« Le silence de la société sur ce drame barbare est inquiétant : une enfant de ce pays a été brutalement violée et les autorités gardent le silence », a dénoncé Life For All Pakistan.

Mais selon les ONG locales, l’actuelle recrudescence des agressions sexuelles contre des enfants chrétiens par des adultes musulmans n’est que la partie visible d’un iceberg cauchemardesque, la plupart des familles subissant d’importantes pressions pour ne pas dénoncer les agresseurs ou porter plainte.

Le Pendjab, où sont concentrés deux millions de chrétiens pakistanais, est la province la plus touchée par les agressions par des musulmans, suivie par le Sind, le Khyber-Pakhtunkhwa et enfin le Balouchistan.

Dans cette province, les chrétiens, souvent des familles pauvres, sont constamment soumis aux abus de propriétaires terriens musulmans.

• 3 viols de fillettes ont déjà été enregistrés depuis début mai.

• une petite fille de 6 ans a été violée le 26 avril à Faisalabad (son état est considéré comme très critique par les médecins).

• une fille de 9 ans a été tuée après avoir été victime de violences sexuelles « d’une grande barbarie » dans le district de Jhang.

Pour l’année 2013, selon une étude récente réalisée par les ONG Masihi Foundation et Life for All Pakistan citée par le professeur John Ayub, qui lutte pour la protection des mineurs au Pakistan, il y a eu :

• 370 cas de viols dont 185 collectifs,
• plus de 1 600 « crimes d’honneur »,
• 2 133 « violences diverses envers les femmes »
• 406 mariages forcés dont 176 mineures,
• 220 femmes exécutées pour adultère,
• 887 femmes torturées par la police.

Et selon les auteurs du rapport, seuls 10 % des cas de violence figureraient dans ces statistiques.

Me Sardar Mushtaq Gill ajoute que « les abus contre les femmes et les fillettes par des hommes de religion musulmane sont représentatifs de la façon dont les minorités au Pakistan sont soumises à la peur constante de la persécution ».

Quasi-impossibilité d’obtenir une condamnation pour viol auprès des tribunaux

• Fouzia Bibi, jeune chrétienne âgée de 15 ans, a été violée en janvier 2013 dans le district de Kasur par deux musulmans propriétaires terriens.

• Une autre écolière chrétienne a été violée en juillet 2013 à Vehari par un garçon musulman en présence de deux hommes armés.

• En décembre 2012, une fillette hindoue de 6 ans, Wijenti Meghwar, subissait un viol collectif alors qu’elle jouait dans une rue de Ghulam Nabi Shah, dans la province du Sind.

• Le 12 septembre 2013, à Lahore, une enfant de 5 ans était enlevée d’un quartier populaire de Lahore, brutalement violée à plusieurs reprises, puis retrouvée le lendemain baignant dans son sang près d’un hôpital.

Le ministre de la Justice de la province, Rana Sanaullah, avait déclaré qu’il « serait appliqué un châtiment exemplaire aux auteurs de ce crime qui n’étaient pas des humains mais des bêtes ».

Aucun coupable ne fut arrêté, tous les suspects ayant été relâchés « faute de preuves ».

En avril 2011, cinq hommes condamnés à mort pour le viol collectif de Mukhtar Mai en 2002, une jeune femme musulmane, étaient acquittés en appel par la Cour suprême.

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Les viols de très jeunes chrétiennes sont également le préliminaire à des mariages forcés et ne sont pratiquement jamais sanctionnés, les familles des victimes étant contraintes au silence par les agresseurs.

Selon un rapport du Mouvement pour la Solidarité et la Paix, chaque année un millier de jeunes chrétiennes et hindoues sont « enlevées, violées et contraintes à contracter un mariage islamique ».

La petite Saira est sortie de soins intensifs, sa vie n’est pas en danger, mais elle restera traumatisée à vie.

Quand aux trois violeurs, l’un d’eux a déjà été relâché.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Jean-Patrick Grumberg pour Dreuz.info.

Sources : eglasie.mepasie.org
dailytimes.com.pk

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