Michel Garroté, réd en chef –- Tandis que les Pays d’Europe Centrale et Orientale (PECO) ont rompu avec le communisme, l’Europe occidentale, notamment l’Union européenne, par le biais de sa bureaucratie communautaire et de ses bureaucraties nationales, a construit un système hyper-réglementé et liberticide qui s’apparente au communisme. L’interdiction de la publicité pour les cigarettes fut sans doute l’un des premiers grands pas vers cette forme de communisme. Après cette première grande interdiction, d’autres sont venues de façon presque naturelle et inévitable.
Aujourd’hui, en 2014, force est de constater qu’en quelques décennies, de nombreuses libertés ont été retirées aux Européens. Du reste, la plupart d’entre eux ignorent quand, comment et par qui ces libertés leur ont été retirées. Et la plupart d’entre eux ignorent qui décide quoi et ignorent quels sont les pouvoirs de la bureaucratie communautaire. On leur parle du chef de la Commission européenne et du président du Conseil de l’Europe. Mais la plupart des Européens ignorent les mécanismes et les règles qui régissent la Commission européenne et le Conseil de l’Europe.
Ils ignorent qui est membre de l’UE et qui est membre de la zone euro. Le fait est que les Européens ne sont plus libres de fumer et de manger comme ils le voudraient. Le recours au référendum est pratiquement inexistant. Le total des prélèvements obligatoires est plus proche du communisme que de l’économie libre de marché. Les diverses droites nationalistes européennes ont fait un score spectaculaire lors des récentes élections au Parlement européen. Le politiquement correct est souvent éthiquement abject, et, surtout, liberticide lui aussi.
Même ceux qui prétendent défendre la liberté, le libéralisme conservateur, deviennent parfois sectaires et bornés, dès que quelqu’un fait mine de défendre la culture judéo-chrétienne. La seule idéologie qui peut tout se permettre, c’est l’idéologie islamique, et ce, sous le prétexte imbécile que jadis, il y a eu croisades et colonies.
Le fait que l’islam de la péninsule arabique a été dès le début une croisade et une colonisation de terres judéo-chrétiennes, cela, en revanche, ne doit pas être dit ou écrit. A tel point que l’on peut se demander si l’Européen-type du futur ne sera pas musulman, non-fumeur et consommateur de carottes bio hallal.
Sur Figarovox, Hélène Strohl, inspectrice générale des affaires sociales, écrit (lien vers source en bas de page) : Demain nos enfants pourront nous dénoncer si nous fumons en leur présence, nous faire des procès si nous les nourrissons de chips et bien sûr installer un minuteur dans leur chambre afin de comptabiliser précisément le temps qui leur est consacré par leur père ou leur mère. Ils pourront également exiger de leur beau-père qu’il leur fournisse l’autorisation donnée par leur père de venir les chercher à l’école ou de se rendre à un cours de maths ou de tennis.
En même temps que le mariage seront pris les engagements concernant le divorce et notamment celui de partager strictement les dépenses entrainées par l’éducation des enfants à venir ainsi que les baisers attendus. Chaque enfant aura un dossier dans lequel seront exposées les conditions de sa conception, éventuellement complété de divers tests génétiques prédisant sa prédisposition à telle ou telle maladie et son talent pour telle ou telle activité.
Mais les parents comme les éducateurs professionnels ne seront pas seulement surveillés dans leurs actes éducatifs, ils devront également être exemplaires dans tout lieu dans lequel un enfant pourrait les voir: ainsi du bistrot proche de l’école ou même du trottoir devant celle-ci, où bien sûr ils ne pourront plus fumer de cigare ou de cigarette, ni vapoter leur substitut électronique.
On se demande même si les professeurs d’histoire auront le droit d’évoquer Nicot, ceux d’économie la Seita et ceux de sciences de la vie les aliments interdits. Bien évidemment ce sera le retour des blouses grises, pour filles et garçons, peut être assorties de petits bonnets empêchant le port du foulard ou des chevelures trop féminines. Enfin nos enfants seront éduqués de manière républicaine: saine, hygiénique, morale et laïque. Sans graisse ni croyance superflues.
Ce tableau paraît outrancier et provocateur. Pourtant, la ministre de la santé évoque le projet d’interdire de fumer à proximité de lieux recevant des enfants (le devant d’une école), dans les voitures (pourtant considérées par le conseil constitutionnel depuis 1974 comme élément du domicile, en principe inviolable) et le projet de loi famille, certes retiré, projetait d’instaurer un modèle de divorce favorisant le partage égalitaire des droits entre le père et la mère: tout devrait se passer comme si après la séparation, la vie devait continuer pour chaque parents comme avant, chacun restant titulaire d’une moitié des droits sur l’enfant.
Bien sûr, on peut penser qu’il s’agit là de tentatives maladroites d’occuper le terrain politique avec des réformes sociétales (qui n’ont de sociétales que le nom et sont en réalité morales) pour, comme le répètent à longueur d’antenne les médias, ne pas traiter les questions importantes que sont le chômage, le pouvoir d’achat etc. Ce sont en tout cas des réformes qui si elles ne rapportent pas grand-chose (l’économie dégagée par la baisse du nombre de fumeurs serait réelle si au lieu de mourir des effets du tabac, ils échappaient à la mort et aux maladies qui la précèdent immanquablement) ne coûtent pas grand-chose non plus.
De même pour les lois qui prétendent imposer une alternance dans la résidence de l’enfant chez chacun de ses parents, un partage de l’autorité entre parents et beaux-parents, même en plein conflit, et en général faire comme si vivre ensemble ou ne pas vivre ensemble pour un couple de parents n’avait aucune incidence sur la vie de l’enfant. Son bien dépendant uniquement de la mise en œuvre d’une stricte égalité entre les éducateurs père et mère.
Moins le législateur a de pouvoir réel, plus il devient tatillon dans ses préconisations, notamment celles concernant la vie quotidienne des citoyens: les murs de nos villes seront ainsi couverts de panneaux indiquant, de rue en rue, la tenue vestimentaire exigée (ou interdite), le droit ou l’interdiction de fumer, de vapoter, de manger des sucreries de manière ostentatoire (et celui qui lèche une glace en cornet ne l’est-il pas toujours ?) ; les plafonds de nos appartements seront équipés en détecteurs de fumées, sensibles à la fumée de tabac et à la vapeur etc.
Le Sénat légifère, mais ne gouverne pas: c’est ainsi qu’il a pu se pencher sur l’introduction d’éléments de secourisme dans le permis de conduire, qu’il est sollicité comme l’Assemblée à se prononcer sur la taille des steaks hachés servis dans les cantines comme sur le montant du pourcentage de bois obligatoire dans les constructions neuves, sur la taille des diverses pièces des nouveaux appartements et en général sur l’édiction de normes toujours plus nombreuses, grâce auxquelles les groupes de pression industriels et commerciaux peuvent se garantir des marchés inaccessibles à l’économie domestique ou artisanale.
Brossard ou Danone profitent ainsi de l’interdiction faite aux établissements médico-sociaux de laisser les résidents manger une pâtisserie confectionnée sur place dans un atelier occupationnel, thérapeutique ou éducatif comme de celle faite aux mères (et pères) de famille d’apporter à l’école un gâteau «fait maison» pour fêter l’anniversaire de leur bambin. La liste pourrait être infinie de ces ingérences du pouvoir, exécutif et législatif dans nos vies quotidiennes.
Toutes elles traduisent cette propension à faire le bien du peuple en modélisant les comportements et croyances souhaitées. Législations oublieuses de l’infinie diversité des modes de vie familiaux, alimentaires, culturels, religieux et spirituels de nos concitoyens. Qui bien loin de réduire leur vie à revendiquer un accroissement de biens matériels et de protection étatique se révoltent sans bruit ou avec fracas contre ceux qui veulent faire leur bien sans même entendre leurs souhaits.
Le taux d’abstention record des récentes élections européennes ne constitue-t-il pas une sanction de cet excès réglementaire? Car nos dirigeants non contents de donner libre cours à leur volonté prescriptive ne veulent pas assumer le mécontentement de leurs concitoyens, et renvoient à une Europe abstraite et bureaucratique l’initiative de directives qu’ils ont pourtant promues.
C’est cette Europe, artificiellement réduite à un monstre rationaliste et économiciste qui a été rejetée. Plus de la moitié des Français en ont sans doute assez qu’on leur dicte comment manger, aimer, enfanter, préserver sa santé, habiter, s’amuser, penser (fin de l’analyse de Hélène Strohl ; lien vers source en bas de page).
Reproduction autorisée avec mention :
M. Garroté réd chef www.dreuz.info
Source :
Je suis totalement d’accord avec cet article, qui avait dit déjà :
« arrêtez d’emm..der les français » ?
Faut pas exagérer non plus. Le tabac tue plus que la route, et l’obésité nous coûte la peau des fesses avec les problèmes de diabète, d’AVC et autres galéjades, il faut quand même le dire. Cependant, je rejoins M. Garroté sur le constat de l’excès de réglementation et l’absence de consultation populaire.
Madame Strohl et bien gentille mais que faisait elle quand elle était à l’IGAS ?
Je suis un libéral convaincu, je sais que l’Etat nous emm… mais ce n’est pas avec de pareil combats stupides qu’on va le rendre moins communiste…. et qu’on va convaincre les gens de se battre pour plus de liberté.
Et pourtant, c’est l’idéologie libre échangiste qui domine, semble t il…?
Et ce n’est pas avec des bolchos comme Peillon dans les ministères (grâce à Dieu il a été viré) que les liberticides vont diminuer.
« l’édiction de normes toujours plus nombreuses, grâce auxquelles les groupes de pression industriels et commerciaux peuvent se garantir des marchés inaccessibles à l’économie domestique ou artisanale »
C’est le fond du problème. Je suis à la retraite et si je veux reprendre mon ancienne activité, je suis obligé de passer un examen alors que j’ai pratiqué ce métier plus de 40 ans. Et si je passais ce fameux examen pour monter mon entreprise, je suis obligé d’avoir un associé au démarrage, c.-à-d. pour un CA nul!
« Le recours au référendum est pratiquement inexistant ». En effet, et quand les peuples votent mal aux rares référendums qui se présentent, les gouvernements s’assoient dessus comme ils le firent en France les 4 et 8 février 2008 en imposant le Traité de Lisbonne, ou les font revoter jusqu’à ce qu’ils votent bien, comme en Irlande.
L’Occident bien-pensant s’indigne de ce qui se passe en Thaïlande, où les militaires tentent de remettre en place ce que les Thaïs appellent la « démocratie à demi-cuite ». La junte ferait mieux de s’inspirer de l’Union Européenne où 80% des lois sont imposées aux peuples par une assemblée non élue et où, en France, les 20% restants sont votés par deux « partis de gouvernement » qui font la même politique et se torchent avec le vote de leurs concitoyens quand ils votent mal. Dans le genre « démocratie à demi-cuite », c’est quand même plus présentable devant l’opinion internationale.
Mais il y a une grande différence entre les Thaïlandais et les Français : quand les choses vont vraiment mal, les premiers descendent dans la rue avec des armes et sont prêts à risquer leur peau pour conquérir leur liberté, les seconds attendent les prochaines élections tout en sachant qu’elles ne serviront strictement à rien. C’est toute la différence entre la démocratie à demi-cuite et la démocratie bientôt cuite.
Pour être plus précis : 75 à 80% des lois nationales viennent d’une Union Européenne dont la tête pensante, la Commission Européenne, est une assemblée non élue.
Ce chiffre est celui de Viviane Reding.
http://www.fdesouche.com/443125-viviane-reding-80-des-lois-nationales-sont-decidees-par-le-parlement-europeen
N’ayant jamais fumé, j’ai accueilli les premières lois anti-tabac avec complaisance et continue à penser qu’elles n’auraient jamais vu le jour si les fumeurs s’étaient montrés plus courtois dans les lieux publics.
J’ai pourtant fini par comprendre que ces lois hygiénistes n’étaient pas de simples mesures de santé publique, mais plutôt une sorte d’avant-garde stratégique de la nouvelle politique, conçue comme une hygiène du peuple. Plus que des subterfuges de diversion ou des marques d’impuissance (qu’elles sont aussi bien sûr), elles constituent le modèle de l’action politique dans un système pré-totalitaire. Que sont les lois antiracistes ou antisexistes ? Qu’est le discours « antifa » appliqué à tout et à n’importe quoi, c’est-à-dire à tout ce qui n’est pas de gauche, sinon un hygiénisme social et mental. Dans tous les cas le discours visé est dénoncé comme une pathologie individuelle ou collective dont il s’agit de guérir le peuple impur par un processus de rééducation purificatrice. La phraséologie du nouvel ordre moral socio-hygiéniste (la récurrence du mot « nauséabond », l’emploi des termes « toxic people » par les féministes américaines pour qualifier toute la gente masculine, les similitudes, toutes choses égales par ailleurs, entre les rhétoriques puritaines islamiques, gauchistes et écolo, etc.) me semble assez claire. Les exemples abondent dans la presse subventionnée et la gauchosphère depuis les dernières élections. Il s’agit ici, pour reprendre la définition du totalitarisme par Castoriadis, de « contrôler la pensée et l’âme des gens », donc leur comportement, par une hygiène à laquelle nul ne saurait s’opposer sous peine de complicité avec l’Impur. Le « progressisme » montre ici son vrai visage, celui de Séraphin, l’ange purificateur. Et qui veut faire l’ange…