Publié par Guy Millière le 13 juin 2014

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J’écris ces mots très loin de la France. Je ne me suis pas tenu informé de ce qui s’y passe. J’avais trop à faire. Et puis, je dois le dire, quand je suis loin de la France, celle-ci ne me manque pas du tout. Je trouve au contraire dans l’éloignement des possibilités de regarder la France avec la distance nécessaire à l’analyse.

Plus le temps passe, et plus la France me paraît être un pays bloqué, étriqué, asphyxié. Il en est ainsi dans tous les domaines.

Mais le domaine essentiel, celui qui constitue la matrice, est celui des idées. Ce qui parait encore, là où je suis présentement, relever de la logique économique élémentaire se trouve marginalisé en France, et presque réduit à l’inexistence: il existe, en France, ce que mon ami Nicolas Lecaussin, dans un livre sur lequel je reviendrai plus longuement, appelle une “obsession antilibérale”.

Les définitions de la liberté, de la démocratie, du droit, de l’individualisme sont à ce point perverties en France que ces mots semblent y avoir perdu quasiment toute signification. Il en résulte que si le déclin du pays se trouve perçu par un nombre croissant de gens, ces mêmes gens apportent au déclin des explications qui ne permettent de trouver aucune réponse et aucune solution. Pas un seul parti politique n’est à la hauteur des enjeux du présent et du futur proche. Pas un seul livre largement diffusé en librairie n’est lui-même à la hauteur. Les intellectuels à même d’expliquer et donner à comprendre sont absolument marginalisés. A la misère économique qui gagne le pays et fait qu’il y a près de dix millions de pauvres, s’ajoute une misère dans le domaine de la réflexion. Cette misère là débouche sur des débats stériles et, souvent, stérilisants.

On parle de gauche et de droite en France. Ces mots n’ont plus de sens. L’UMP est moins socialiste que le Parti socialiste, qui est lui-même moins socialiste que le Front National ou le Front de gauche. Aucun parti n’est conservateur au sens américain du terme. Aucun ne défend l’état minimum, le droit naturel, la pleine liberté d’entreprendre. Aucun ne défend le capitalisme et les bienfaits de la globalisation.

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On parle d’extrême droite en France. Cette expression n’a elle-même plus de sens. Le Front National est nationaliste et, je viens de le noter, très socialiste.

Je dois constater aussi que tous les partis politiques français sont anti-américains à un degré ou à un autre, ce qui signifie qu’ils sont à un degré ou à un autre hostiles au capitalisme et à la libre entreprise.

Je dois constater qu’ils dont tous anti-israéliens à un degré ou à un autre, ce qui signifie qu’ils sont tous, à un degré ou à un autre, imprégnés de ressentiment.

Etant présentement à Los Angeles, je me dis qu’une ville comme Los Angeles serait impensable en France, indépendamment de tout élément historique ou géographique. Un réseau de freeways tel celui qui existe à Los Angeles serait un cauchemar pour n’importe quel politicien français, qui rêverait aussitôt de faire couler le béton, de créer des embouteillages et de multiplier les pistes cyclables. Quand j’arrive à Los Angeles, la première chose que je fais consiste, précisément, à rouler une heure ou deux sur les freeways. Rouler sans entraves ni blocages me permet de me sentir vraiment loin, très loin de la France.

Ici ou là, des crétins de gauche (pléonasme) m’insultent, pratiquent à mon égard ce que Leo Strauss a appelé la reductio ad hitlerum. Ils ne comprendront jamais. Je suis profondément attaché aux Etats Unis d’Amérique, précisément parce que c’est le pays qui a été jusqu’à ce jour le plus proche des idéaux du capitalisme et de la libre entreprise, parce qu’un Adolf Hitler y serait impensable, parce que si Obama y incarne une trahison de tout ce qui a fait ce pays depuis plus de deux siècles, il y est l’exception, alors qu’en France, il paraitrait être un politicien normal et pourrait avoir sa carte à l’UMP. Je suis profondément attaché à Israël parce qu’Israël est, avec les Etats Unis, un pays fondé sur des idéaux de droit et d’émancipation. Ces idéaux sont les miens. Et voir à quel point la France est aujourd’hui éloignée de ces idéaux me consterne absolument.

Je vais rentrer en France, car je le dois. Mais rentrer en France me donne chaque fois un peu plus la sensation de rentrer en prison.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

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