Publié par Dreuz Info le 5 juillet 2014

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Guy Milliere est un universitaire, géopolitologue et écrivain français. Il enseigne l’histoire des cultures et la philosophie du Droit à l’Université de Paris. Il collabore avec des think tanks aux Etats-Unis et en France. Il a écrit plusieurs ouvrages, tels que Le Désastre Obama. Il a accepté de répondre aux questions de Simon Leduc, du Prince Athur Herald. Cet entretien va porter la situation en Irak, sur la présidence de Barack Obama et sur les deux favoris pour les courses républicaine et démocrate pour la présidentielle de 2016.

Q : Dans vos écrits, vous affirmez que Barack Obama est le pire président de l’histoire des Etats-Unis d’Amérique, pourquoi?

Parce c’est le premier Président issu de la gauche radicale, et parce que son objectif a été d’emblée, il l’a d’ailleurs dit lui-même, de transformer « radicalement » les Etats Unis. Il a, de fait, remporté, de ce point de vue, des succès indéniables. L’endettement des Etats Unis s’est considérablement accru sous sa présidence. Le nombre de gens qui sont sortis du marché du travail a fortement augmenté, tout comme le nombre d’assistés sociaux. La loi sur la santé, dite Obamacare, a fait passer sous contrôle du gouvernement fédéral 16 pour cent de l’économie du pays et a alourdi les charges des entreprises, ce qui explique largement la croissance négative enregistrée lors du premier trimestre de 2014. S’ajoute à cela la régularisation en cours de onze millions d’immigrants illégaux, accompagnée de promesses d’allocations. Obama applique à l’intérieur du pays la stratégie dite Cloward-Piven, du nom de deux professeurs gauchistes des années 1960, qui expliquaient dans un article publié dans The Nation, comment faire exploser le système américain de l’intérieur. Je pourrais ajouter diverses décisions en matière d’environnement prise par l’administration Obama, de multiples violations de la Constitution. Mais il faut dire un mot de la politique extérieure : Obama voulait affaiblir les Etats Unis à l’échelle internationale, permettre l’avancée de l’islam radical au Moyen Orient, renforcer un cartel de régimes autoritaires, Russie, Chine, Iran. C’est là encore une réussite : l’Egypte reste au bord de la guerre civile. La Syrie et l’Irak sont plongés dans un chaos meurtrier. L’Iran devient puissance hégémonique de la région. Les organisations terroristes islamiques ne cessent de se renforcer, jusqu’en Afrique subsaharienne. L’Afghanistan repassent aux mains des talibans. La Russie peut rêver de l’Eurasie conceptualisée par Alexandre Douguine. La Chine affirme sa prééminence sur l’Asie orientale. J’avais prévu tout cela dès le début de 2009, hélas.

Q : Depuis quelques années, l’Irak est plongé dans la violence et est menacé par des groupes terroristes. Qui est responsable de ce chaos, la politique de l’ancien président Georges W. Bush où le retrait des troupes militaires américaines décrété par le président Obama?

La guerre en Irak faisait partie d’une stratégie de transformation de tout le Moyen Orient en direction de l’émergence de régimes modérés et plus démocratiques. Bush avait dit que mener à bien cette stratégie prendrait au moins une génération, et qu’elle impliquait l’union du monde libre. Le monde libre s’est désuni, et Chirac et Schröder ont choisi de se faire les chefs de file d’une alliance anti-américaine. La stratégie n’a pu être déployée le temps d’une génération. Et il se produit ce que Bush anticipait dès 2007 si un retrait prématuré d’Irak avait lieu. A la fin de la présidence Bush, l’Irak était un pays stable, allié du monde occidental, où al Qaida avait échoué, quasiment sans attentats. Le retrait total décidé par Obama a totalement déstabilisé le pays. Le gouvernement Maliki est passé sous la coupe de l’Iran et a mené une politique anti-sunnite. Les groupes issus d’al Qaida en Syrie ont pu se renforcer. L’Etat Islamique en Irak et au Levant a pu se structurer et se renforcer. Il s’est emparé en quelques jours des régions sunnites d’Irak. C’est non seulement un chaos, mais une avancée considérable de l’islam radical. Les régimes arabes du statu quo, Jordanie, Arabie Saoudite, pétromonarchies du Golfe sont sur la défensive, tout comme Israël, et ne font plus aucune confiance aux Etats Unis.

Q : Selon-vous, qui sont les cinq plus grand président de l’histoire des USA et pourquoi?

Je dirais : George Washington, parce qu’il a été le premier, celui qui a permis l’indépendance du pays à la fin de la Révolution américaine, et parce qu’il a été l’incarnation au pouvoir exécutif de l’esprit des pères fondateurs, Thomas Jefferson, parce qu’il a posé les principes de la démocratie américaine et les a lui-même incarnés, Abraham Lincoln, parce qu’il a sauvé l’Union et réaffirmé lui-même l’esprit des pères fondateurs à un moment où le pays aurait pu sombrer, Ronald Reagan, parce qu’il a permis le renouveau de l’économie américaine et en s’appuyant lui aussi sur l’esprit des pères fondateurs, a fait tomber l’empire soviétique, libérant ce faisant, des millions de gens, et George W. Bush, dont la place dans l’histoire sera, je pense, réévaluée plus tard. Il a compris le 11 septembre 2001 que c’était une guerre. Il l’a menée avec détermination, courage et lucidité. Il a eu contre lui les ennemis des Etats Unis et de la liberté, dont nombre d’Européens, et, c’est un fait, nombre de gens de gauche américains qui ont une fois de plus trahi la civilisation dont ils sont issus.

Q : Depuis la dernière présidentielle, la cote de popularité du président Obama est en chute libre. Pensez-vous que Grand Old Party pourra reprendre le contrôle du Sénat et ainsi devenir majoritaire dans les deux chambres du Congrès?

Ce qui est étonnant, au vu de ses résultats et de son comportement, c’est qu’Obama ne soit pas tombé en dessous de 37 pour cent d’opinions favorables. Mais des gens soutiennent Obama de manière aveugle et quoi qu’il fasse : les Noirs parce qu’il est noir, la gauche dogmatique, parce que c’est l’un des leurs. Cela dit, oui, tout indique que le Sénat va repasser aux mains des Républicains cet automne. Cela dit, le Parti républicain est très divisé, entre les gens venus des tea parties et l’establishment du parti, et cette division risque d’affaiblir le parti. Par ailleurs, Obama est un homme qui n’hésite pas à piétiner la Constitution s’il pense devoir le faire. Nous allons donc non pas vers une cohabitation entre un Congrès républicain et un Président démocrate, mais vers une période très houleuse.

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Q : Que pensez-vous de la possible candidature de Jeb Bush à l’investiture républicaine et à la présidentielle de 2016?

Jeb Bush semble être présentement le candidat favori de l’establishment du parti. Il incarne un conservatisme modéré, dont je suis loin d’être certain qu’il soit à même de mobiliser les Républicains frustrés par huit années d’Obama. Par ailleurs, un troisième Bush Président ? Cela me semble difficile. Aucun Républicain, pour l’heure ne se détache nettement et n’apparait comme le leader incontestable. Le jeu est donc très ouvert. La division du parti aura des conséquences là encore. Un candidat rejeté par les tea parties aura un effet démobilisateur. Un candidat issu des tea parties ferait l’objet d’une campagne de démolition de la part de l’establishment du parti. Le risque majeur serait en ces conditions que les Républicains contribuent à faire élire un démocrate en 2016.

Q : Selon certains observateurs, Hillary Clinton est la favorite pour succéder à M. Obama à la Maison-Blanche. Pensez-vous qu’elle adopterait la même philosophie politique que celui-ci?

Je pense qu’Hillary Clinton est plus modérée que Barack Obama. Elle est de gauche, mais ce n’est pas une idéologue anti-américaine. Pour autant, elle a commis de graves erreurs ces derniers temps, en disant qu’elle avait connu des difficultés financières alors qu’elle est très riche, en particulier. Elle a, en outre un passé, au sein duquel il y a des affaires telles que Benghazi. La candidature ne lui est pas acquise quand bien même elle fait figure de favorite. L’amitié entre les Obama et les Clinton est proche du degré zéro. Je ne serais pas étonné si Obama faisait tout pour propulser une candidate issue comme lui de la gauche radicale, Elisabeth Warren. Je ne serais pas surpris si les journalistes obamalatres soutenaient Elisabeth Warren. Si celle-ci, par malheur, devait être élue, le désastre Obama se prolongerait et s’accentuerait.

© Simon Leduc
Pour Prince Arthur Herald

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