Michel Garroté, réd en chef –- Que va faire l’Etat Islamique (EIIL, Califat islamique) du matériel radioactif qu’il a récemment volé ? C’est la question que l’on se pose après avoir appris que les jihadistes de l’EIIL ont investi le site d’Al Muthanna qui a servi sous Saddam Hussein à fabriquer des ADM. Les autorités irakiennes ne savent pas ce que les jihadistes ont fait avec le matériel provenant de l’ancien programme d’armement nucléaire, chimique et bactériologique stocké à Al Muthanna. Le gouvernement irakien a annoncé qu’il n’est plus en mesure de poursuivre le programme de destruction de ces ADM tant qu’ils n’aura pas repris le contrôle d’Al Muthanna. L’EIIL s’est en outre emparé de matériel nucléaire stocké à Mossoul.
Les autorités irakiennes pensent que ce matériel, notamment 40 kg d’uranium, peut servir à la fabrication d’armes de destruction massive. Et même si ce matériel ne pouvait pas être utilisé pour fabriquer une bombe nucléaire, il pourrait servir à la fabrication d’une bombe « radiologique », dite bombe sale (durty bomb), facile à mettre au point dans la mesure où il suffit de faire exploser un mélange radioactif pour contaminer un secteur déterminé. Pour mémoire, à Goiania, au Brésil, en 1987, 20 grammes seulement de césium trouvés dans un appareil de radiologie volé avaient suffi pour contaminer 112’000 personnes en l’espace de quelques heures. En 2002, à Chicago, Abdullah al-Mujahir fut arrêté alors qu’il comptait faire exploser une bombe radiologique pour le compte d’al-Qaïda.
Autre problème, l’éventuel éclatement de l’Irak. Les ministres kurdes du gouvernement central irakien ont réagi aux déclarations du premier ministre chiite Nouri al-Maliki — qui a accusé la région autonome du Kurdistan d’être le quartier général des insurgés — en l’accusant d’attiser les tensions interconfessionnelles et les Kurdes ont annoncé leur décision de suspendre leur participation au gouvernement de Bagdad, ce qui met en difficulté la formation d’un parlement d’unité nationale face à l’offensive de l’EIIL. Les autorités de la région autonome du Kurdistan ont qualifié Nouri al-Maliki d’hystérique et ils ont demandé son départ.
Les forces de sécurité kurdes, les Peshmergas, ont profité du recul des forces militaires irakiennes pour s’emparer de territoires et de champs pétrolifères que se disputent Bagdad et la région autonome du Kurdistan. Cette dernière annonce qu’elle ne rendra jamais ces champs pétrolifères, dont les revenus lui permettront d’assurer l’indépendance du Kurdistan pour laquelle un référendum est annoncé. Le gouvernement central irakien devra ainsi faire face à deux fronts simultanés, l’EIIL et les Kurdes, s’il ne règle pas très rapidement les dissensions internes qui peuvent aboutir à l’éclatement de l’Irak.
L’éclatement de l’Irak n’est pas forcément une mauvaise chose. Car la plupart des pays musulmans de la région ont des frontières qui ne reflètent pas les particularités ethniques et confessionnelles. En revanche, une ou plusieurs bombes« radiologiques », dites bombes sales (durty bombs) aux mains de l’EIIL, voilà qui devrait inquiéter nos dirigeants et nos journalistes, beaucoup trop occupés à faire, toute les dix minutes, le décompte des victimes dans la bande de Gaza, au lieu de se concentrer sur la situation en Irak, en Iran, en Syrie, en Ukraine, au Soudan et ailleurs.
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M. Garroté réd chef www.dreuz.info
Sources :
ACTUALITÉS
LA LIGUE DE DEFENSE JUIVE SOLIDAIRE DE NOS FRERES CHRETIENS D’IRAK By liguedefensejuive | 20 juillet 2014 1 Comment
Irak : les chrétiens obligés de fuir Mossoul sous la menace jihadiste
Les djihadistes ont ordonné aux chrétiens soit de se convertir à l’islam soit depayer l’impôt spécial de la « djizya », faute de quoi ils seront tués s’ils restent dans le « califat ».
Lire ci-après l’article du PARISIEN
Se convertir, partir ou… mourir. A Mossoul, deuxième ville d’Irak, les chrétiens sont la cible d’un cruel ultimatum lancé par les jihadistes de l’Etat islamique qui prend fin ce soir à minuit (23 heures en France). Dans la deuxième ville d’Irak tombée aux mains des insurgés au début de l’offensive,des messages relayés via les haut-parleurs de plusieurs mosquées ont intimé vendredi aux chrétiens de quitter la ville.
La semaine dernière, les jihadistes avaient déjà averti la minorité chrétienne de cette ville de 2 millions d’habitants, l’appelant «à se convertir à l’islam, ou à payer une taxe spéciale ou à défaut à quitter la ville». «Il n’y aura pour eux rien d’autre que l’épée» s’ils n’acceptent pas ces conditions, affirmait leur communiqué relayé sur les réseaux sociaux.
Des centaines de chrétiens ont depuis pris la fuite, en voiture ou en taxi. «Les familles chrétiennes se dirigent vers Dohouk et Erbil» dans la région autonome du Kurdistan irakien, a indiqué le patriarche chaldéen Louis Sako, déplorant que «pour la première fois dans l’histoire de l’Irak, Mossoul se vide de ses chrétiens». Quelque 25 000 chrétiens étaient encore présents dans Mossoul jeudi.
Selon le patriarche, plusieurs maisons ont été taguées au cours des derniers jours de la lettre N pour «Nassarah», un terme qui désigne les chrétiens dans le Coran.
Fadi, instituteur de 36 ans, sa femme et son fils, ont décidé de rester. Je reste. J’ai l’impression d’être déjà mort», affirme Fadi, joint par l’AFP au téléphone peu avant l’expiration de l’ultimatum samedi midi. «Il ne me reste plus que mon âme et s’ils veulent la prendre, pas de problème!».
A Washington, le département d’État a condamné «la persécution systématique des minorités» par l’État islamique, qui veut «diviser et détruire l’Irak et aller à l’encontre de l’esprit de tolérance et de coexistence pacifique de l’islam».
En France, les personnalités politiques commencent à monter au créneau contre l’«indifférence internationale», à l’image de Valérie Pécresse, députée UMP des Yvelines, ou Philippe Marini, sénateur-maire UMP de Compiègne (Oise), qui réclame «une mobilisation en France et en Europe».