Publié par Michel Garroté le 11 août 2014

Raphaëlle-Dupire-2

Michel Garroté, réd en chef –- La nouvelle Miss Météo du Grand Journal de Canal+ ? Raphaëlle Dupire, mannequin, blonde, 1m80. Raphaëlle était apparue dans le spot de campagne du magazine Be, en 2012. Voilà (voir lien en bas de page). Avec le temps pluvieux (de merde) du présent mois d’août, le nom de la nouvelle Piss Météo était tout indiqué : Dupire. Ce n’est plus le meilleur du pire, mais le pire du pire.

Ci-dessous, je publie les révélations de Solweig Rediger-Lizlow qui a travaillé un temps comme Miss Météo au Grand Journal de Canal+ (extraits de l’interview de Solweig avec Purepeople ; voir lien en bas de page). J’aime bien Solweig. Elle est très belle et elle n’est pas conne du tout. Je me souviens d’elle au Grand Journal. Elle tentait d’y mettre de l’humour spontané et de la fraîcheur. Je me souviens du petit Denisot (remplacé ensuite par Antoine de Caunes) qui de toute évidence ne supportait pas cette gosse impertinente à ses côtés.

Purepeople : Vous venez de comparer votre expérience dans le Grand Journal à un calvaire. Pouvez-vous nous raconter ce calvaire ?

Solweig Rediger-Lizlow : C’est très simple, il a commencé dès le premier jour, avec ces quelques mots de bienvenue de la part de deux des chefs du Grand Journal : « Tu sais Solweig, tu es le choix de Canal+, mais tu n’es absolument pas le nôtre. » Je vous laisse imaginer la magnifique année que j’ai passée, entre censure permanente et humiliation. Tout ça pour mieux pouvoir dire en fin d’année : « Nous avions raison, Solweig n’était pas un bon choix ».

Purepeople : Vous dites que le livre d’Ollivier Pourriol est gentil, pensez-vous qu’il n’a pas tout révélé ?

Solweig Rediger-Lizlow : Le livre d’Ollivier Pourriol n’est pas gentil, c’est sa façon de faire que je trouve encore gentille, voire élégante avec les personnes qu’il décrit dans ON/OFF. Je pense qu’il a très bien retranscrit l’ambiance frigorifique qui règne dans les bureaux, le cynisme de certains, la bêtise de l’un, l’arrogance de l’autre. Et toujours avec humour et intelligence.

Il y avait déjà bien à faire en parlant des bureaux, du plateau, du direct et des backstages. Si l’on rentre dans la vie des uns ou les mœurs des autres, je ne suis même pas sûre que le public y croirait.

Purepeople : Est-ce que les gens du Grand Journal vous prenaient vraiment pour une serpillière, comme vous l’avez écrit dans votre soutien à Olliver Pourriol ? N’aviez-vous pas d’alliés ?

Solweig Rediger-Lizlow : Croyez-le ou non, mais faire briller un chroniqueur ou un animateur, cela passe parfois par l’humiliation d’un autre. Dans ce cas-là, celui qui brille te regarde en se marrant, les bras croisés. Bien sûr que j’avais des alliés, et j’en ai toujours, je les garde précieusement. De toute façon je savais avant de commencer à qui il ne fallait rien dire, comme celui que l’on appelle « l’œil de Moscou », dont le rôle est de rapporter chaque jour au producteur « qui » dit « quoi » sur « qui ».

Purepeople : Qu’entendez-vous par obéir au doigt et à l’œil ? Et à qui deviez-vous obéir ?

Solweig Rediger-Lizlow : C’est très simple, comme je l’ai déjà dit à de nombreuses reprises, à part au Festival de Cannes où j’ai pu à peu près montrer mon univers, je n’ai jamais eu mon mot à dire sur les sketches écrits. Enfin bref, de toute façon je ne me prenais même plus la tête à proposer quoi que ce soit puisque toute vanne était automatiquement refusée ou ré-écrite par mon rédacteur, ou l’auteur qui dépendait de lui.

Et quand j’avais le malheur de leur dire que tout cela était nullissime et absolument pas drôle, j’avais le droit à cette éternelle phrase : « Nous sommes Le Grand Journal, leader d’opinion, et nous savons ce qui est drôle ou pas », suivi de « de toute façon tu fais ce qu’on te dit, point ». Et même si j’arrivais au final à placer une de mes idées, ils me la sucraient en plein direct via l’oreillette. Ils m’ordonnaient de ne pas faire la vanne, qui bien évidemment était le plus souvent la chute, et ce n’avait au final plus aucun sens. Au bout d’un moment tu laisses tomber, tu crées le personnage qu’ils attendent de toi. Une pouffe décérébrée à la voix nasillarde dont la mission est de séduire les « 7-13 ans » et les « cadres sup » selon leurs termes. Ensuite, tu attends bien sagement la fin de l’année que ton contrat arrive à terme.

Purepeople : Avez-vous des anecdotes à nous raconter sur votre aventure au Grand Journal ?

Solweig Rediger-Lizlow : Mouais… il y en a tellement. Ah si, en voici une petite parmi tant d’autres. C’est celle où j’ai eu l’interdiction formelle de dire quoi que ce soit sur Dominique Strauss-Kahn dans une météo, après avoir désespérément cherché dans les archives du Grand Journal la vidéo d’une Boîte à questions : « Est-ce que sucer c’est tromper ? », ce à quoi DSK répond : « ça dépend qui suce qui ». Cette archive avait mystérieusement disparu.

Purepeople : Est-ce que d’autres membres de l’équipe partageaient votre point de vue ?

Solweig Rediger-Lizlow : Ils sont légion, mais je ne vous donnerai bien évidemment pas leurs noms.

Purepeople : Quel rôle joue Michel Denisot dans tout ça ?

Solweig Rediger-Lizlow : ON : Il arrondit les angles sans se mouiller. OFF : Il tire plus vite que son ombre.

Autre ex-Canal+, Ollivier Pourriol, chroniqueur éphémère dans Le Grand Journal, qui n’avait pas brillé par ses interventions en plateau (extraits adaptés ; voir le lien vers la source en bas de page). Mais ce philosophe, recruté pour « donner de la hauteur à l’émission » par le rédacteur en chef, incarner l’intellectuel de la bande aux côtés d’Ariane Massenet (« la blonde ») et Jean-Michel Aphatie (« le chauve »), a profité de cette année cathodique pour prendre des notes. Il les livre dans « On/Off », un ouvrage qui est paru lundi 15 avril 2013 aux éditions NiL.

En avant-première, puremedias.com livre ses meilleurs passages. Un récit désopilant, parfois cynique, souvent très drôle sur les coulisses de l’émission la plus en vue du PAF, dirigée depuis neuf saisons par Michel Denisot. Le livre n’est que scripts d’émissions et recueil précis de dialogues avec la production, la rédaction, les techniciens, la direction. Certains protagonistes sont cités par leurs initiales, d’autres apparaissent de manière anonyme. Mais les indices semés au fil des conversations révèlent souvent leur identité.

« On/Off » ne surprendra probablement aucun des professionnels de la télévision. Ces codes, anecdotes, décrits par Pourriol, sont communs à la plupart des talk à la télévision. Mais l’ouvrage a le mérite de décrypter les méthodes de fabrication de l’infotainment, ces formats où l’information et le divertissement se mêlent et se confondent à la télévision. Confronté à une crise d’image depuis plusieurs mois, « Le Grand Journal » ne sortira probablement pas grandi de cette incursion dans ses coulisses. « On/Off », c’est l’histoire d’un recrutement raté. Celle d’un romancier, parfois confondant de naïveté, tombé dans le grand chaudron de la télé.

Le recrutement

« Tu ne peux pas demander une chronique comme ça »

Dès la première page, Olivier Pourriol raconte son recrutement, son entretien avec le rédacteur en chef, sa première rencontre avec Michel Denisot. Les fuites dans la presse autour de son nom. Ses hésitations à accepter l’offre qui lui était faite. Mais un beau jour, quand un « chauffeur » vient le chercher pour une ultime réunion, « c’est bon signe » lui indique un membre de l’équipe. Il est recruté, démarre le 20 août, ne sait pas encore très bien ce qu’il va y faire, dans cette émission, ni même combien il gagnera.

Puis, à quelques jours de la rentrée télé, on lui apprend qu’il n’aura finalement pas de chronique. « On n’a pas de place pour une chronique, c’est à toi de prendre la parole », lui explique-t-on. Un des membres de l’émission lui décrypte le message : « Tu ne peux pas demander une chronique comme ça (…) Tu vois la plage ? Quand tu arrives trop tard et que tout le monde a déjà étalé sa serviette. Là, c’est pareil. Passer de l’huile dans le dos de ta voisine. Aller chercher une glace au maître-nageur. Devenir pote avec le mec des parasols. Te rendre agréable. Indispensable mais pas trop ».

La première

« Je touche le loto chaque mois »

Dès la première, en septembre, Ollivier Pourriol découvre l’univers impitoyable d’une émission réglée au millimètre. On lui explique, gentiment dans un premier temps, que son micro sera coupé quand il n’aura pas à prendre la parole, qu’il doit, pour exister, « avoir le réflexe de commencer à parler avant d’avoir quelque chose à dire ». Il découvre les ordres dans l’oreillette sur le timing. « Trop long », « Trop court », « Tu n’as pas posé de question ». Parler en étant sans cesse dirigé, ne jamais dire plus que le conducteur de l’émission ne lui permet.

Après la première, très rock’n roll, il file à la soirée de rentrée de Canal+, y rencontre l’un des chroniqueurs, cité anonymement. Il le met en garde sur l’ivresse du pouvoir de la télévision. « Pour une heure de boulot par jour, je touche le loto chaque mois, et je peux rincer tout le monde, la famille, les amis, moi. Au moment de l’addition, c’est toujours ma tournée. Grand prince », lui explique-t-il, lui suggérant de « se souvenir de sa vie d’avant » pour ne pas perdre pied.

Bizutage

« Si tu l’écoutes, tout est formidable »

Pourriol se pose trop de questions sur son rôle au sein de l’émission. Mais n’en pose pas assez aux invités. Voilà ce qu’on lui reproche. « Fais ce qu’on te dit, ce sera plus simple. Fais-nous confiance. Il faut finir par une question. C’est comme ça, c’est le format ». Premières critiques dans la presse après ses prestations hésitantes, sur les réseaux sociaux. Pourriol est « miné », déjà, après seulement quelques numéros. Se demande ce qu’il fout ici.

Mais on lui demande de taper plus fort, pour contrebalancer avec Michel Denisot, « qui astique et pompe les invités ». « Ca fait des années qu’on subit ça. Si tu l’écoutes, tout est formidable. Aucun esprit critique, jamais », lui explique un adjoint de la rédaction lors d’un briefing. Il s’améliore, obtient les félicitations du producteur, qui vante les mérites du format de son émission. « On est statutaires. Comme Vogue. Quand les gens lisent Vogue, c’est pour savoir ce qu’ils doivent penser », lui explique-t-on. Pourriol doit, comme les autres, fournir aux téléspectateurs du prêt-à-penser. Il découvre rapidement les joies du montage, quand une émission est enregistrée, ses propos coupés. Les techniciens lui conseillent de parler plus fort que son voisin, ou sur les applaudissements, « pour empêcher les points de montage ». Toutes les astuces sont bonnes pour exister.

Les livres

« Quelqu’un qui arrive à la page 100, c’est qu’il a lu le livre »

Homme de lettres, Olivier Pourriol aime lire, présenter ses coups de cœur, y accorder une large place dans l’émission. Mais ce n’est visiblement pas ce qu’on lui demande. Ses choix littéraires doivent être « dans l’actu ». Et pas ailleurs. Il rappelle à son équipe qu’avaler trois livres du jour pour le lendemain, c’est mission impossible. « Mais tu ne comprends pas, personne ne te demande de les lire (…) Tu peux le respirer, le livre », le rassure un rédacteur en chef adjoint. Un autre chroniqueur a son astuce pour lire tous les livres des personnalités reçues chaque soir sur le plateau : « Je lis la première page, la dernière page et la page 100. Comme ça, je connais le début, la fin. Et si on parle du livre, je parle de la page 100. Quelqu’un qui arrive à la page 100, c’est qu’il a lu le livre ». Lire des citations à l’antenne d’un poète, d’un philosophe, d’un grand écrivain ? Interdiction, là aussi. « C’est excluant » pour le téléspectateur, lui assure son boss.

Le clash

« Sois moins cérébral »

Depuis des semaines, on le tanne pour présenter des livres avant Noël. Pourriol s’exécute, travaille dur pour une sélection originale. Mais au dernier moment, sa chronique saute, au profit d’un doc maison sur le FN. A la répet, Pourriol ne donne pas la date de diffusion, se fait sermonner par le « boss », Denisot. Le réd’ chef en remet une couche. « Tu me casses les couilles », lui lâche Pourriol, à 7 minutes de l’antenne. Troublé, fatigué, il demande un remontant, une vodka, il a la « rage ». Dès janvier, ses amis lui conseillent de se « casser ». Jean-Michel Aphatie, face à sa détresse et au détour d’un café, lui suggère d’être « moins cérébral », « plus dans l’humeur ». « J’ai l’impression d’arriver dans un dîner de famille comme une pièce rapportée, un étranger ou un huissier. Après l’émission, tout le monde disparaît sans un mot, c’est assez mystérieux, on dirait un tour de magie. Vous vous voyez souvent en dehors ? », lui demande Pourriol. « Jamais », tranche Aphatie.

Fin de saison

« Il faut être différent, mais pas trop »

Rapidement, Ollivier Pourriol sait qu’il ne sera pas reconduit la saison prochaine. Mais personne ne lui dit rien, il sollicite un rendez-vous avec l’un des patrons de la chaîne, l’obtient. « On a besoin de gens différents, qui ne viennent pas de la télé. En même temps, on n’a pas le temps de les former. Donc ça prend ou ça ne prend pas. On a besoin de fraîcheur, mais d’une fraîcheur qui cadre avec l’émission, qui rentre dans des cases. Il faut être différent, mais pas trop, c’est quand même de la télé », lui explique-t-on. Pour compenser cette mise à l’écart prochaine, on lui propose en fin de saison d’avoir une chronique quotidienne, pendant un mois. Puis les rédacteurs en chef se ravisent, en un week-end, « c’est vraiment compliqué de changer l’émission si tard dans l’année ».

Reproduction autorisée avec mention :

Michel Garroté, réd chef  www.dreuz.info

[email protected]

Sources :

http://www.purepeople.com/article/raphaelle-dupire-la-nouvelle-miss-meteo-du-grand-journal-c-est-elle_a145787/1#lt_source=external,manual

http://www.purepeople.com/article/solweig-lizlow-son-calvaire-au-grand-journal-entre-censure-et-humiliation_a119203/1

http://www.ozap.com/actu/coulisses-de-canal-le-livre-choc-d-un-ex-chroniqueur-du-grand-journal-ollivier-pourriol/446527

 

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