Publié par Guy Millière le 30 août 2014

unnamed

Deux possibilités s’ouvraient à Valls et Hollande à partir du moment où un changement de gouvernement était décidé. Ou bien un virage profond et radical, ou bien un jeu de chaises musicales.

La première possibilité était exclue d’avance. Valls et Hollande ne pouvaient chasser d’un seul coup tous les ministres socialistes du gouvernement pour nommer des gens compétents, sinon, ils auraient dû dire qu’ils n’étaient plus socialistes et rompre les ponts avec le parti qui porte ce nom : Parti Socialiste. Il restait donc la deuxième possibilité.

Le nouveau gouvernement, en ces conditions, est quasiment le même que la précédent. Trois marxistes en sont sortis. Le principal entrant est un homme qui a fait un séjour dans la finance, avant de devenir conseiller économique à l’Elysée.

De tous côtés, on dit que c’est désormais un gouvernement « social libéral » : expression qui n’a aucun sens si l’adjectif social renvoie à socialiste (car on ne peut être libéral et socialiste en même temps), et qui n’a aucun sens non plus si l’adjectif social est juste un adjectif ; Friedrich Hayek a montré dans La présomption fatale* le caractère inepte de l’usage incessant du mot « social ».

La réalité est que le nouveau gouvernement Valls n’a rien de libéral, et n’a aucune chance de redresser la situation, car pour redresser celle-ci, il faudrait, effectivement, une politique vraiment libérale, qui, bien sûr, ne sera pas menée.

Une politique vraiment libérale impliquerait de baisser fortement et rapidement les prélèvements obligatoires et les dépenses publiques : donc, de baisser fortement les charges pesant sur les entreprises, dont les charges salariales, de baisser les impôts sur les entreprises et sur les particuliers, de baisser les allocations chômage et toutes les autres formes de redistribution, d’aller vers l’abolition du système de retraite et du système d’assurance maladie actuels.

Dans les faits, après avoir subi des hausses lourdes, les charges sur les entreprises ont été abaissées moyennant des mécanismes issus du cerveau de technocrates, et cet abaissement est trop faible pour avoir un effet rapide. Les baisses d’impôts récemment consenties sont infinitésimales, et exonérer d’impôt sur le revenu des catégories aux revenus faibles, comme cela s’est fait voici peu, est une mesure de clientélisme électoral consternant. La décision de baisser quelque allocation de redistribution que ce soit ne sera pas prise. Des réformes du système de retraite et du système d’assurance maladie autres que des rafistolages aussi utiles que la pose d’une rustine sur une chambre à air hors d’usage ne se feront pas.

Que va-t-il se passer dès lors ? Le chômage restera longtemps encore à son niveau actuel, qui est en réalité d’environ cinq millions de personnes, dans un pays où le nombre de fonctionnaires, donc de gens qui ne peuvent pas se retrouver au chômage est le plus élevé d’Europe. Le chômage des jeunes de moins de vingt cinq ans est à des niveaux catastrophiques. La quantité de gens en préretraite est elle-même catastrophique, dans un pays où la population vieillit.

Cet article vous a intéressé ? Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir les nouveaux articles de Dreuz, une fois par jour en fin d’après-midi.

La pauvreté va continuer ses effets de gangrène. Les flux migratoires qui voient partir chaque année des milliers de gens porteurs de capital humain et entrer symétriquement des gens sans capital humain, destinés à devenir assistés, vont se poursuivre de manière ininterrompue.

Les entreprises investiront fort peu. Ceux qui ont encore de l’épargne feront ce qu’ils peuvent pour garder leur épargne. Les investisseurs internationaux ne reviendront pas. La croissance restera alentour de zéro, et même si, grâce à quelques subterfuges, elles redevenait légèrement positive, elle serait très insuffisante pour inverser la tendance. L’endettement du pays continuera à croître vers des niveaux intenables : ils sont déjà quasiment atteints.

Si la Banque Centrale européenne se tourne vers le « quantitative easing », et augmente la masse monétaire, l’euro sera de facto dévalué, il pourra en résulter l’illusion que l’effondrement est retardé, mais l’effondrement sera peut-être retardé, pas évité.

De tous côtés, on s’interroge sur le fait de savoir combien de temps Valls et Hollande vont tenir encore en place. Ma réponse : jusqu’à 2017, sans doute.

Même les socialistes les plus marxistes et les admirateurs du défunt Hugo Chavez ne provoqueront pas la dissolution du parlement, car ils perdraient leur place. Hollande finira vraisemblablement son quinquennat. Valls restera Premier ministre aussi longtemps que possible. Il fera tout pour être candidat socialiste à la prochaine élection présidentielle. Montebourg et quelques autres feront tout pour lui barrer la route. Il serait étonnant qu’un candidat socialiste arrive au second tour. Le pugilat à l’UMP est loin d’être achevé, et Nicolas Sarkozy est loin d’avoir gagné la partie de ce côté de l’échiquier.

Marine Le Pen a toutes les chances d’arriver en tête au premier tour et d’être battue au second tour par le candidat de la droite issue de l’UMP, qui ne survivra peut-être pas en tant qu’UMP jusque là.

Quel que soit le Président qui succèdera à Hollande, la déliquescence de ce pays continuera. Je le dis avec peine, mais je le dis, parce que mentir quand on connaît la vérité est une imposture.

Pour comprendre le degré de déliquescence auquel nous sommes parvenus, il faudrait, de toute façon, prendre en compte d’autres paramètres, dont je n’ai pas traité ici : l’enseignement, la culture, les médias, les flux migratoires.

Je consacre un livre à cette déliquescence. Il s’appelle, précisément, Voici revenu le temps des imposteurs. Il va bientôt sortir. Il devait initialement être publié en mai dernier. Sa sortie a été retardée. Il est plus que jamais d’actualité. Hélas.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

* En achetant le livre avec ce lien, vous bénéficiez d’une remise de 5%, et vous soutenez Dreuz qui reçoit une commission de 5%.

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous

En savoir plus sur Dreuz.info

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading