Publié par Michel Garroté le 4 septembre 2014

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Michel Garroté, réd. chef — C’est un peu comme si Poutine écrivait un livre s’adressant à chaque occidental : le Conseil de sécurité russe annonce que la doctrine militaire du pays fait l’objet de modifications. Le ministère de la Défense justifie ces changements dans la stratégie militaire par l’émergence de nouveaux problèmes liés à la défense antimissile et au rapprochement des infrastructures de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan) des frontières russes, ainsi que par l’apparition de nouveaux dangers et de nouvelles menaces militaires, liés à la situation en Ukraine et chez ses voisins.

« Je ne doute pas que la question du rapprochement des infrastructures militaires des pays membres de l’Otan des frontières de notre pays, y compris par l’élargissement du bloc, restera l’une des menaces militaires majeures pour la Fédération de Russie », annonce le vice-secrétaire du Conseil de sécurité, Mikhaïl Popov, dans un entretien accordé à l’agence RIA Novosti.

Selon lui, les responsables politiques des pays membres de l’Otan, y compris les Américains, n’ont cessé de nous reprocher un mode de pensée éculé, répétant que l’Otan n’était plus l’ennemi de la Russie et ne l’attaquerait pas. « Malgré leurs prétendues bonnes intentions, les faits ont montré le contraire ces dernières années ». M. Popov considère que l’appréciation du rôle et de la place de la Russie dans les événements ukrainiens manque cruellement d’objectivité, et conduit à de fausses conclusions et à des mesures inappropriées.

Les experts militaires indépendants confirment que certains documents, parmi lesquels la doctrine militaire, ont en effet besoin d’une mise à jour. « La situation a changé tandis que le cadre théorique n’a pratiquement pas bougé depuis Eltsine, depuis l’époque où nous étions amis avec l’Occident et où nous aspirions à une intégration économique et politique », explique Rouslan Poukhov, directeur du Centre d’analyse stratégique et technologique, et membre du Conseil civil du ministère de la Défense.

Selon cet expert, la menace de l’Otan n’est devenue une priorité que très récemment. D’autres menaces semblaient plus réelles, à commencer par l’instabilité en Asie centrale provoquée par le retrait des troupes américaines d’Afghanistan, ou les possibles conséquences d’un nouveau conflit armé entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie.

« L’Otan étant aujourd’hui en train de créer de toutes pièces une nouvelle guerre froide, il apparaît évident que l’Alliance représente la menace numéro un », estime M. Poukhov. Au ministère de la Défense, on rappelle également que les Etats-Unis ont l’intention de renforcer considérablement leur présence militaire dans les Etats baltes. L’acheminement vers l’Estonie d’armements lourds, y compris de chars et de véhicules blindés est déjà prévu. Tout cela, juste aux portes de la Russie.

« Nous n’avons toujours pas réussi à établir un dialogue équilibré avec nos homologues. On exige toujours de la Russie des concessions sans contrepartie sur un grand nombre de questions de politique internationale, fait remarquer M. Popov, tandis que de notre point de vue, le plus déterminant dans nos relations avec l’Otan, c’est le fait que le projet d’avancée des infrastructures militaires de l’Otan sur notre frontière, y compris par l’élargissement du bloc, reste inacceptable pour la Russie ».

Au-delà de l’usage des armes conventionnelles et des méthodes traditionnelles dans la lutte des puissances occidentales pour la défense de leurs intérêts, on observe une prolifération d’actions clandestines – utilisation d’organisations radicales et extrémistes, de compagnies de sécurité privées, et instrumentalisation de la révolte populaire. Une attention particulière est également apportée à la sphère médiatique.

Mais la volonté des Etats-Unis et des autres membres de l’Otan de renforcer leur potentiel militaire offensif apparaît clairement dans la mise en place d’un système antimissile globalisé, dans l’adoption de nouveaux principes de déploiement des hommes et des forces, dans l’élaboration de moyens militaires absolument nouveaux comme les armes hypersoniques.

Concernant la défense de la plus jeune des régions russes, le vice-secrétaire du Conseil de sécurité a déclaré : « La Crimée fait désormais partie du territoire de la Fédération de Russie et toute attaque armée contre la Crimée sera considérée comme une agression vis-à-vis de la Fédération de Russie, avec toutes les conséquences d’un tel acte ». D’après lui, les forces armées et les troupes rassemblées en Crimée sur décision du président seraient suffisantes et capables de parer à toute agression.

Sont considérés comme une menace majeure pour la Russie comme pour l’équilibre mondial la création et le développement de systèmes antimissiles stratégiques et l’envoi de systèmes d’armement dans l’espace. Enfin, la défense de l’Arctique constituera un thème majeur dans le nouveau document stratégique. Y seront précisées les missions des forces armées russes permettant d’assurer le bon développement de la zone arctique russe.

Reproduction autorisée avec mention :

Michel Garroté réd. chef www.dreuz.info

http://www.courrierinternational.com/article/2014/09/04/l-otan-n-aura-pas-la-crimee

 

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