Publié par Michel Garroté le 8 septembre 2014

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Michel Garroté, réd. chef — Le spécialiste Philippe Goddin exhume les vignettes qui avaient disparu de la version originale de « Le Temple du soleil » (extraits adaptés et complétés ; voir lien vers source en bas de page). Surprises et révélations en cascade pour cet ouvrage indispensable. Quoi de neuf en bande dessinée en cette rentrée ? Tintin, serait-on tenté de répondre.

À juste titre, puisqu’en lisant « La Malédiction de Rascar Capac », tomes 1 et 2, c’est un peu comme si on découvrait un nouveau Tintin. Personne n’a oublié « Le Temple du soleil » (désormais « La Malédiction de Rascar Capac, tome 2 »), qui fait suite à l’intrigue « Les 7 Boules de cristal » (désormais « La Malédiction de Rascar Capac, tome 1 »). L’ébouriffante aventure péruvienne de Tintin et Haddock sur les traces du professeur Tournesol enlevé par les Incas est restée dans toutes les mémoires.

Ce diptyque en BD est devenu en une soixantaine d’années un solide classique de la littérature. Réalisée par Hergé (1907-1983) entre 1943 et 1948 sous forme de strips quotidiens parus dans la presse, cette version intégrale de « Le Temple du soleil » (« La Malédiction de Rascar Capac, tome 2 ») est à découvrir d’urgence.

Pourquoi ? Simplement parce la première version concoctée pour l’album « Le Temple du soleil » cartonné fut allégée d’une grande partie de ces strips originaux afin de tenir dans le format imposé par l’éditeur Casterman : 62 pages. Après avoir délivré Tournesol grâce à une éclipse, une fois que le capitaine Haddock aura pu finir par cracher tout son soûl à la face d’un lama faisant suite à la célèbre phrase « Quand lama fâché, señor, lui toujours faire ainsi », Hergé se retrouve avec une matière si dense qu’elle s’étend exactement à 964 cases, « nettement plus que d’habitude », précise l’hergéologue Philippe Goddin.

Tout au long de l’album « La Malédiction de Rascar Capac, tome 2 », gorgé de séquences inédites et de cases disparues, Goddin, ancien secrétaire général de la Fondation Hergé, déjà responsable de l’indispensable Chronologie d’une œuvre (Moulinsart) et du premier tome, La Malédiction de Rascar Capac tome 1, centré sur « Les 7 Boules de cristal », guide les lecteurs dans ce maquis hergéen.

Au total, ce sont 140 vignettes qui avaient disparu de la première version de « Le temple du soleil », remplacées ici et là par des cases de raccord. Les voici récupérées, dans « La Malédiction de Rascar Capac, tome 2 », pour la plus grande joie des tintinophiles et des amateurs de Tintin.

Ce qui frappe le plus à la relecture de cette nouvelle version de l’album au cœur des pays andins, c’est combien le capitaine Haddock anime de sa présence bourrue l’équipée de Tintin sur les traces du professeur Tournesol. L’atrabilaire marin n’est jamais à une guignolade près pour détourner le téméraire reporter de sa mission de sauvetage.

Haddock mâche des feuilles de coca

Une séquence aussi forte que surprenante reprend ici pleinement ses droits : celle où le bouillant capitaine s’évanouit dans la montagne. Épuisé par la marche forcée, atteint par le mal des montagnes dû à la pression atmosphérique élevée, Haddock marque le pas et s’effondre. C’est le petit Zorrino qui le remettra sur pied grâce à la feuille de coca et à ses vertus régénératrices. En somme, Hergé met en scène un Haddock qui mâche des feuilles de coca pour mieux suivre le tempo d’enfer imposé par son ami Tintin en haute altitude.

En trois cases, tout est dit : « Qu’est-ce que c’est que cette mixture ? », demande Haddock. Et Zorrino de répondre : « Coca, señor… Indiens mâcher coca… Eux jamais fatigués… Toi essayer, señor…». On connaissait déjà le penchant de Haddock pour le Loch Lomond. Cette édition intégrale dévoile une autre addiction qui finalement n’est pas si étonnante pour celui qui chante volontiers : « Et yo-ho-ho! Et une bouteille de rhum ! » (« La Malédiction de Rascar Capac », tome 2, par Hergé. Recherche et commentaires, Philippe Goddin, 175 p., Éditions Casterman. 25 €).

Tintin, bibliographie d’un mythe

Plus de trente ans après la mort de Hergé, on s’aperçoit que Tintin, c’est un peu comme la Bible : une œuvre phare et protéiforme qui suscite toujours mille et une analyses possibles. 85 ans après sa création un beau jour de 1929, plus de 400 ouvrages sont parus autour du reporter à la houppette. Comment s’orienter au cœur de ce raz-de-marée livresque ?

Avec autant d’humour que d’érudition, Dominique Cerbelaud et Olivier Roche ont établi une bibliographie raisonnée et critique de ce corpus analytique hergéen, bibliographie intitulée « Tintin, bibliographie d’un mythe ». Un guide élégant et complet qui permettra ainsi aux tintinophiles de séparer le bon grain de l’ivraie. Fin des extraits adaptés et complétés ; voir lien vers source en bas de page (« Tintin, bibliographie d’un mythe », par O. Roche et D. Cerbelaud. Les Impressions nouvelles, 320 p., 26 €).

Reproduction autorisée avec mention :

Michel Garroté réd. chef www.dreuz.info

http://www.lefigaro.fr/bd/2014/09/08/03014-20140908ARTFIG00023-tintin-fait-sa-rentree-avec-un-album-inedit.php

 

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