Publié par Hervé Roubaix le 12 septembre 2014

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Le 8 septembre, une trentaine d’adolescents ont agressé deux jeunes, à Saint Mandé. Selon les premiers éléments de l’enquête, les adolescents seraient juifs, les victimes musulmans.

Vérifiez : lorsque le Parisien ou n’importe quel média relate une agression, ni le nom, ni la religion, ni la communauté d’origine des agresseurs ne sont mentionnés.

La raison invoquée par les journalistes est qu’il ne faut pas stigmatiser la minorité visible d’origine maghrébine ou africaine, et ne pas inciter à la haine. J’accepte temporairement cet argument.

Mais alors, pourquoi la totalité des journalistes qui rapportent l’info de Saint Mandé précisent-ils, insistent-ils et répètent-ils que les agresseurs sont juifs, et les victimes musulmanes.

Donc…

Lorsque Elsa Marnette et Aurélie Selvi, dans leur couverture, pour Le Parisien, de l’agression qui s’est produite à Saint Mandé, précisent que les possibles agresseurs sont des jeunes issus de la communauté juive, elles stigmatisent la communauté juive et incitent à la haine.

J’ai compté, l’origine juive des suspects est mentionnée non pas une mais trois fois sur la page du Parisien !

 

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Lorsqu’elles insistent, et répètent un peu plus loin que la seconde personne en garde à vue est « âgé de 16 ans et de confession israélite »,

Elle le font pour être sûres que le lecteur n’a pas manqué la première stigmatisation.

Et elles n’oublient surtout pas l’origine algérienne des victimes – subitement ce ne sont plus des Français, et il leur parait impératif de rappeler leur origine, fait qui en d’autres occasions est assimilé à du racisme.

Pourtant, leur origine est méticuleusement dissimulée, souvent derrière des prénoms d’emprunt comme Vladimir, lorsque ce sont eux, les agresseurs.

Si je me trompe, que les journalistes expliquent ce qui les motive.

Si c’est le devoir d’informer, pourquoi ne s’applique-t-il pas lorsque les agresseurs sont maghrébins ou africains. Si c’est pour situer le contexte, pourquoi les nombreuses agressions de juifs ne méritent-elles pas d’être replacées dans le contexte. Aux Etats Unis, nous mentionnons toujours l’origine des criminels, qu’ils soient noirs, blancs, hispaniques, asiatiques, aussi je ne serais pas surpris. Pas chez vous, pas en France.

Si elles (les journalistes), me démontrent que dans leurs articles elles mentionnent toujours l’origine lorsque les agresseurs appartiennent à la communauté maghrébine, alors je retire ce que j’ai écrit et je leur présente mes plus plates et profondes excuses.

Mais ce n’est pas tout…

Il y a eu en France, selon le dernier rapport du SPCJ, 527 actes antisémites en 2014.

Rarement les médias n’ont mentionné que les agresseurs faisaient partie de la communauté africaine ou arabe. Il ne faut pas stigmatiser.

Lorsque l’antisémitisme des agressions ne pouvait être nié (la victime portait une kippa), alors les journalistes exigeaient, à juste raison, que soit respectée la présomption d’innocence.

Pourquoi donc, alors que l’enquête n’a pas livré ses conclusions, les deux journalistes jettent-elles à la poubelle la présomption d’innocence qu’elles défendent toujours à grand cris, et parlent « d’agression «raciste» à Saint-Mandé » ? Le journaliste sait mieux que la justice ?

Mais ce n’est pas tout…

La Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) vient d’indiquer suivre «l’affaire de près» et qu’elle se constituera partie civile «si la qualification raciste des faits est retenue par la justice».

Combien de fois, parmi les 527 attaques antisémites qui se sont produites cette année, s’est elle constituée partie civile ? Combien des 527 agressions, a-t-elle « suivie de près » ?

Mais ce n’est pas tout…

Le Conseil représentatif des juifs de France (Crif) vient de condamner ces violences «inacceptables, d’autant plus si des propos racistes ont été tenus».

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Combien de fois, parmi les 527 attaques antisémites qui se sont produites cette année, le Crif a-t-il condamné les violences ?

Mais ce n’est toujours pas tout…

Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubekeur, estime que «les propos insultants tenus par les agresseurs laisseraient croire qu’il s’agit là d’un acte à caractère raciste». Il demande lui aussi aux autorités de «faire la lumière sur cette affaire».

Combien de fois le recteur de la Grande mosquée de Paris a-t-il demandé aux autorités de «faire la lumière » sur les 527 attaques antisémites qui se sont produites cette année ?

Je pose calmement la question :

• Les juifs français agressés seraient ataviquement si coupables qu’ils n’auraient pas droit, de la part des médias, à la présomption d’innocence ?

• Les journalistes considèrent qu’il est acceptable de stigmatiser les juifs et d’inciter à la haine ?

• La Licra pense qu’elle n’a pas à intervenir dans les agressions de juifs par les arabes, mais qu’il est de son devoir de suivre «l’affaire de près» lorsque les suspects sont peut-être juifs ?

• Le recteur de la Grande mosquée de Paris, Dalil Boubekeur, estime que les insultes antisémites contre les juifs ne justifient pas que toute lumière soit faite ?

Il règne en France une atmosphère épaisse et suffocante. Il ne fait pas bon y être juif. D’autant moins qu’il est interdit aux juifs d’accuser des journalistes qui stigmatiseraient leur communauté, au risque d’être trainés, eux, devant les tribunaux pour diffamation.

Ne reste-il plus aux Juifs qu’à courber l’échine et raser les murs, comme aux heures les plus sombres de l’histoire de France ?

J’attends avec impatience les conclusions de l’enquête, et je souhaite bon rétablissement aux deux jeunes agressés. Car l’agression a certes eu lieu.

Et s’il s’agissait d’un règlement de compte contre des jeunes qui, par le passé, ont eux-même agressé des juifs ?

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Hervé Roubaix pour Dreuz.info.

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