Publié par Michel Garroté le 3 septembre 2014

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Michel Garroté, réd. chef — « Merci pour ce moment », tel est le titre du pamphlet infantile et vengeur – écrit par Valérie Trierweiler – pamphlet qui sera disponible en librairie dès demain, jeudi 4 septembre 2014. A l’étranger, la France est réputée pour les tendances narcissiques de ses politiciens (et politiciennes) et de ses journalistes (hommes et femmes). Y compris lorsqu’ils et elles publient ce qu’ils et elles appellent leurs « mémoires » ou encore leur « témoignage ». Le cas de Valérie Trierweiler est, si j’ose écrire, « extrême ». Ses tendances narcissiques sont quasiment pathologiques.

Mais chez cette femme, il y a, en plus, une immaturité psychologique qui fait peur. Car dans son esprit, ni son pays, ni ses enfants, n’occupent la première place. Ce qui compte le plus pour Valérie Trierweiler, c’est Valérie Trierweiler. Sourire carnassier, pulsions agressives, manières provinciales, besoin de plaire à n’importe quel prix, désir adolescent d’attirer l’attention, Valérie Trierweiler c’est tout ça à la fois.

« Sa vie amoureuse tourmentée revient hanter un président déjà en difficulté après la publication d’un livre potentiellement explosif sur sa relation de neuf ans, gangrenée par la jalousie et le pouvoir », avec Valérie Trierweiler, première dame de France pendant dix-huit mois, commente The Telegraph.

« C’est la première fois qu’un président français en exercice est confronté à la publication d’un livre qui révèle des secrets d’alcôve », note de son côté le Daily Mail. « La première dame éconduite n’épargne pas François Hollande », selon le quotidien britannique, qui n’hésite pas à présenter cette opération éditoriale comme « la revanche du rottweiler », en référence à un surnom dont Valérie Trierweiler serait affublée en raison de l’agressivité tenace qu’elle témoignerait à l’égard de ses ennemis.

De son côté, Olivier Picard, dans Paris-Match, écrit : Ce qui choque profondément le professionnel que je suis, ce n’est pas l’impudeur de la confession – qui peut être magnifique comme un tourment trop puissant pour être dompté – mais la vulgarité du mélange des genres. La pauvreté du calcul. Le côté crasse de cette nouvelle polémique qu’on nous inflige, moins de neuf mois après le psychodrame élyséen. Le temps d’une gestation, mais certainement pas celui d’une nécessaire prescription.

Les histoires d’amour ou de sexe, ou les deux, entre les journalistes et le pouvoir, courent à en perdre haleine, depuis des décennies, pour échapper au piège malsain d’une forme de tromperie du lecteur, de l’auditeur, du téléspectateur. Pour éviter l’inévitable déni d’une valeur fondamentale de notre métier : la distance indispensable pour analyser un fait ou un événement. Il arrive bien sûr que l’intensité balaie toutes ces préventions pour le meilleur et pour le pire. C’est l’irrésistible élan de la vie et ce n’est pas répréhensible.

Mais Valérie Trierweiler ne peut s’en prévaloir. Comme une enfant gâtée qui avait pourtant choisi le soleil du pouvoir et le risque de s’y brûler les ailes, elle a balayé d’un revers de main revanchard cette si précieuse retenue qui n’a rien à voir avec de l’autocensure. Elle a écrasé cette pépite de mystère doublement indispensable dans une vie d’homme ou de femme comme – et a fortiori d’un responsable politique – et le prive ainsi d’une dimension vitale. De l’imaginaire qui l’enveloppe.

Tout cela avec la complicité de l’hebdomadaire dont elle est la salariée et qui, circonstance aggravante, a méthodiquement organisé le secret pour faire un coup. Un mauvais coup contre nous tous, qu’on va habiller, bien entendu, des habits respectables de la vérité, de la force du témoignage, de l’authenticité d’une chronique iconoclaste de la République.

Était-il vraiment nécessaire de mettre le chef de l’Etat devant le fait accompli, à poil devant son pays, au motif que lui-même est loin d’être exemplaire dans ses relations avec les femmes de sa vie ? Cette transparence-là n’est pas claire. Glauque même. À quand, tant qu’on y est, les détails sur les pannes présidentielles, métaphore d’une impuissance à relancer la croissance ?

Je trouve la confession de Valérie Trierweiler irresponsable. Bien plus obscène, au fond, qu’un film porno bas de gamme. Le pire, c’est que ça va marcher. Vous savez quoi ? Je ne suis même pas sûr de résister à la curiosité de lire ce brûlot très pervers. Comme tant d’autres, je pourrai céder au voyeurisme avec une bonne excuse : l’exigence d’être (bien) informé. Ah, ces petites vertus du professionnalisme qui poussent à faire quelques coups de canif à ses principes. Sauf que certains finissent un jour par être mortels, conclut Olivier Picard dans Paris-Match.

Reproduction autorisée avec mention :

Michel Garroté réd. chef www.dreuz.info

 

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