Publié par Gilles William Goldnadel le 23 septembre 2014

Goldnadel

Pour Gilles-William Goldnadel, les excuses d’Emmanuel Macron, qui a été critiqué après avoir qualifié les salariés de Gad «d’illettrés», symbolisent la victoire du politiquement correct sur certaines réalités dérangeantes.

Faut-il que le personnel politique soit peu sûr de sa dignité pour se laisser aller à s’excuser lorsqu’il lui arrive de dire la vérité ?

Ainsi M. Macron a demandé pardon. Tout a été dit, et plutôt bien, de Mme Polony à Mme Saint Cricq, sur le fait qu’il avait dit le vrai. Que d’autres l’avaient dit avant lui sans ennuis, a commencé par M. Sapin qui n’a pas le grand tort de sortir d’une grande banque. Que dire de quelqu’un qu’il est un illettré, n’est pas le traiter de pauvre analphabète. N’en déplaise à la CGT, certaines dames de chez Gad, manquent parfois de lettres, au point de devoir baliser leur usine d’un parcours fléché.

Elles ne sont pas en cause, mais bien la société.

Mes deux grands-mères ignoraient l’ABC, elles n’en tiraient ni honte ni vanité. Cela ne les empêchait pas de savoir bien penser. Le grand Gandhi lui-même disait de sa mère qu’elle «était illettrée mais qu’elle était fort sage».

Je n’en dirai pas autant de cet étrange monde politique, réduit à s’excuser d’avoir parlé dru mais vrai, mais qui, pour rien au monde regretterait d’avoir proféré des contre-vérités.

Pour un Macron repentant à mauvais escient, combien de Thévenoud alléguant des pathologies administratives ou de Taubira galéjant avec aplomb sur leurs diplômes ?

Personnel politique, obligé, par faiblesse, de s’excuser d’exister, de satisfaire le moloch populaire d’une humiliation publique insincère, pour pouvoir jouir de son content de domination dans la sphère privée.

Étrange monde médiatique aussi, qui brocarde l’homme politique et sa langue de bois, pour le taxer aussitôt de maladresse, lorsqu’il parle plus droit.

Un monde journalistique, moins prompt d’aller à Canossa, même lorsqu’il y a matière à se faire moins fier. Ainsi, me revient ce courrier éclairant de Maurice Szafran, ancien responsable vétilleux de «Marianne» adressé à mon client Robert Ménard, qu’il avait diffamé (1) : «Sur le fond, Robert, tu as raison, mais tu sais bien que par tradition, la presse ne s’excuse pas»

Comment mieux illustrer cette supériorité induite d’un pouvoir sur un autre ? Comment mieux expliquer la soumission, l’assujettissement, la subjugation du premier par le second ?

Il est vrai que la fausse repentance est souvent bien utile pour faire taire le vrai bruit.

Ainsi, il y a une décennie, le PDG français d’une entreprise fabriquant un soda gazéifiée américain à base de cola se précipita pour implorer pardon lorsque des lycéennes d’une cité du Nord se plaignirent d’intoxications à cause du breuvage. La polémique fit psshiit. Quelques jours plus tard, on apprit que l’intoxication tenait de la suggestion.

Qu’importe, l’opinion intoxiquée avait obtenu sa ration d’humiliation injustifiée.

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Par souci d’efficace insincérité, je vais donc m’excuser de dire mes vérités, dans le but que celles-ci soient moins mauvaises à lire :

Je demande pardon d’affirmer que les syndicats français à l’idéologie bêtifiante sont les premiers responsables de la faillite française.

Je demande pardon d’écrire qu’il ne faut pas compter sur ceux de l’éducation nationale pour faire des lettrés.

Je demande pardon d’avoir considéré que la théorie du genre existe, puisque tel est le cas.

Je demande pardon d’être mâle naturellement, blanc sans rougir, hétérosexuel gaiement, juif aimant la Judée, français aimant la France.

Je demande pardon d’avoir colporté qu’une justice qui veut du bien au criminel veut du mal à ses victimes.

Je demande pardon à la présidente du Syndicat de la Magistrature de ne pas avoir rêvé de l’épingler sur le mur de ma chambre.

Je demande pardon de m’être emporté en apprenant que la justice française avait relaxé les Femen tout en condamnant à de la prison ferme les profanateurs d’une mosquée.

Je demande pardon de penser que l’immigration incontrôlée et mal intégrée est une malchance pour la France.

Je demande pardon d’écrire que le millier de djihadistes prétendument français en est le signe le plus effrayant, et que de ne pas oser se l’avouer l’est mille fois plus encore.

Je demande pardon d’avoir suggéré que l’antiracisme de pacotille et l’islamo-gauchisme sont les premiers fourriers de l’irrésistible progrès du racisme et du terrorisme.

Je demande pardon d’avoir répété que le mariage du socialisme avec le communisme et le gauchisme est une obscénité.

Je demande pardon de considérer que la médiacratie est une médiocratie qui pervertit la démocratie.

Je demande pardon d’avoir suggéré que le fait que la mainmise de l’idéologie gauchisante sur le service public de l’information ne soit pas scandaleuse, relevait du scandale.

Je demande pardon de penser effrontément, comme ces «80 % de sympathisants de droite» consultés qui attendent de leur parti un positionnement «au moins aussi à droite», conformément à une ligne dont je n’ose dire le nom.

Je demande pardon de recommander à celui qui prétend à nouveau présider d’écouter ces Français et non ceux qui espèrent de ne pas le rester.

Je demande pardon d’être anaphorique maintenant que son successeur n’a plus rien d’euphorique.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Gilles-William Goldnadel. Publié avec l’aimable autorisation du Figaro.

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