Publié par Guy Millière le 25 septembre 2014

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Une nouvelle année juive va commencer. Ce sera l’année 5775 du calendrier hébraïque.

J’ai donné à cette occasion il y a quelques jours une conférence au Blanc Mesnil, en compagnie de mon ami Sammy Ghozlan, un homme d’une droiture et d’un courage exemplaires. J’ai pu, dans cette conférence, faire un tour d’horizon des dangers majeurs sur la planète aujourd’hui, en insistant, bien sûr, comment faire autrement, sur celui constitué par l’islam radical. J’ai dû constater une fois de plus l’inquiétude profonde qui règne dans la communauté juive française. Et je dois le dire: cette inquiétude, je la partage.

Je crains que pour être juif en France, il faille bientôt raser les murs, être discret, prudent, très prudent

Je crains, je le répète, que pour être juif en France, il faille bientôt raser les murs, être discret, prudent, très prudent. Je constate que le nombre de Juifs qui quittent la France s’accroît, année après année. Je constate aussi que le danger constitué par l’antisémitisme qui remonte, insiste, agresse et parfois tue ne semble pour l’essentiel, inquiéter que les Juifs. Dans l’auditoire de la conférence, il y avait, outre moi-même, deux personnes, et deux seulement, qui n’étaient pas juives, ce qui est infiniment peu.

L’heure est grave et n’est pas aux propos consensuels et lénifiants

Deux jours après la conférence du Blanc Mesnil, je me suis rendu à la grande synagogue de Paris, à l’invitation d’un autre homme pour qui j’ai une très profonde et amicale estime, Joel Mergui, président du Consistoire. Il s’agissait, cette fois, expressément, d’une soirée consacrée à la nouvelle année juive. Dans un discours ferme et lucide, Joel Mergui a dressé un tableau de la situation que j’aurais pu dresser dans les mêmes termes. Il sait que l’heure est grave et n’est pas aux propos consensuels et lénifiants. Et il a parlé avec la gravité requise. Après le grand rabbin de Paris et le grand rabbin de France, dont les propos ont été plus consensuels (trop consensuels à mes yeux), Manuel Valls s’est adressé à l’auditoire.

Comme tous les politiciens en France, Manuel Valls a peur de regarder l’islam radical en face

J’ai vu en lui un ami sincère du peuple juif et un homme prêt à combattre l’antisémitisme. Mais je n’ai pu m’empêcher de penser qu’entre le fait d’être prêt à combattre l’antisémitisme et le fait de le combattre effectivement, il y avait un énorme pas qui ne se trouvait pas franchi. Manuel Valls a associé l’antisémitisme à l’islamophobie, et cette façon d’associer une haine qui a conduit en Europe à la shoah et un rejet de l’islam m’a paru, comme à chaque fois que ce type d’association est énoncé relever de l’amalgame hâtif et délétère. Il a évoqué le péril incarné par l’Etat Islamique en utilisant l’acronyme arabe « daesh » et en décrivant les membres de l’Etat Islamique comme des « terroristes » et des « extrémistes », ce qui a montré que, comme tous les politiciens en France, il avait peur de regarder l’islam radical en face. Il a évoqué la nécessité de deux Etats pour deux peuples au Proche Orient, ce qui est une marque minimaliste d’amitié envers Israël. Il n’a, dans la liste de ceux qu’il a salué, pas inclus Joel Mergui qui, pourtant, l’avait invité au nom du Consistoire et qui sait sans doute trop que l’heure est grave et ne pratique pas la langue de bois.

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Manuel Valls m’est apparu comme un politicien, effectivement, pas comme un homme d’Etat, et cela a confirmé ce que je pensais de lui. La France est en manque d’hommes à même de se hausser au dessus de la stature du politicien.

Je ne vois en tout cas rien, strictement rien, discours de Manuel Valls compris, qui puisse venir atténuer l’inquiétude des Juifs de France.

En quittant la grande synagogue de Paris, je n’ai pu m’empêcher de me dire qu’une page était sans doute en train de se tourner. Pour les Juifs de France. Et pour la France elle-même.

Quelques instants plus tard, j’étais sur les grands boulevards, et, entre les pauvres, blottis dans des sacs de couchage contre les devantures de magasins fermés, et le nombre de femmes portant le voile et marchant le long des trottoirs, j’ai ressenti une sorte de confirmation. Une page se tourne. Effectivement.

Fort heureusement pour les Juifs, ai-je pensé en ressentant cette confirmation, il y a Israël.

Et puisque la nouvelle année juive est le moment où on examine l’année écoulée, je dirai que si ce fut une année terrible pour les Juifs de France, marquée par des manifestations de haine antijuive et une tentative de pogrom au coeur de Paris, ce fut une année positive pour Israël. Malgré la guerre pendant l’été. Précisément parce qu’Israël a gagné, et parce que, malgré son triomphalisme, le Hamas a été vaincu et git au milieu des décombres, sans rien avoir obtenu que la destruction de stocks d’armes qu’il ne pourra reconstituer, et de tunnels qu’il ne pourra reconstruire.

Puisque la nouvelle année juive est le moment où penser à l’année qui commence, je dirai que ce sera à nouveau une année positive pour Israël. Parce qu’Israël est fort, craint par ses ennemis, et riche d’un capital humain sans pareil qui, pour partie vient de France.

Sammy Ghozlan disait que plus de cinq mille Juifs auront quitté la France pendant l’année civile 2014. Il disait que plus de cinq mille Juifs quitteront la France en 2015 et que, l’Agence juive a les chiffres, dix mille Juifs quitteront la France en 2016. Joel Mergui confirmera ces chiffres.

Des non juifs quittent et quitteront la France cette année, l’année prochaine et celle qui suivra. Il n ‘est pas impossible que j’en fasse partie.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

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