Publié par Michel Garroté le 1 septembre 2014

Chrétiens-Liban-1

Michel Garroté, réd. Chef — Alors que la stratégie américaine en Irak commençait enfin à porter du fruit, Obama prit la décision désastreuse de retirer prématurément les troupes US de ce pays. Même chose en Afghanistan : retrait prématuré alors que l’Otan n’avait pas terminé son travail face aux talibans. Obama avait aussi promis, en contrepartie, de se concentrer sur la menace iranienne. Mais il fit l’inverse et la théocratie des mollahs intégristes obtiendra bientôt – si ce n’est pas déjà fait – sa première bombe nucléaire. Et face à l’Etat Islamique (EI) en Syrie et en Irak, Obama s’avère incapable – ou refuse volontairement – de proposer un plan d’action global à long terme.

Dans ces conditions catastrophiques, on en vient à envisager que l’Occident s’abstienne dorénavant d’intervenir de façon énergique au Moyen-Orient. On en vient à envisager que l’Occident se contente d’armer – provisoirement et modérément – les Kurdes Irakiens. On en vient à envisager que les musulmans sunnites et les musulmans chiites continuent de s’exterminer mutuellement sans que cela ne nous concerne. Car après tout, en quoi est-ce que ça nous concerne, nous qui ne sommes pas musulmans, puisque les chiites et les sunnites se font la guerre depuis de siècles ?

On en vient à envisager que le Proche-Orient et le Moyen-Orient de demain voient naître une multitude d’Etats en lieu et place des Etats actuels. On en vient à envisager d’acheter le pétrole ailleurs qu’en terre d’islam. On en vient à envisager de créer un Etat chrétien oriental qui deviendrait l’Etat de l’ensemble des chrétiens du Proche-Orient et du Moyen-Orient : un « Israël chrétien » pour les chrétiens d’Orient ; et même pour les chrétiens d’Occident, avec une « Aliyah chrétienne », puisque l’Occident n’aime plus ses propres chrétiens.

A ce propos, l’expert en relations internationales Frédéric Encel déclare (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Il faut se méfier d’un usage trop massif du terme « déstabilisation ». Au fond, est-ce que l’Etat Islamique (EI) déstabilise davantage le Moyen-Orient qu’un Saddam Hussein attaquant l’Iran en 1980 ou le Koweït dix ans plus tard ? Idem pour le terme « crise » ; à quel moment depuis 1945 le Moyen-Orient n’a-t-il pas été en crise, puisque les rivalités, et souvent les guerres de haute intensité, s’y sont succédé à un rythme effréné ?

L’EI plonge en effet plus encore la région dans une vraie crise, ne serait-ce que parce qu’il remet profondément en cause des frontières séculaires (Syrie/Irak), et dans la mesure où il pousse les Kurdes à la création d’un Etat souverain, processus déjà en gestation du reste. Plus encore : ces islamistes radicaux menacent tant et si bien les Etats de la région – Arabie saoudite, Jordanie, Iran via ses protégés chiites du sud irakien – qu’on assiste à une sorte d’alliance contre nature face à eux, y compris des Occidentaux, des Russes et des Chinois.

Dire que les Occidentaux et les Chinois s’intéressent au Moyen-Orient du fait de ses ressources pétrolières – encore environ 50% des réserves mondiales – est un lieu commun. C’est indubitable. En même temps, ne fantasmons pas ; durant la guerre Iran/Irak, en 1984-86 en particulier, les tankers affrétés par des deux belligérants étaient frappés respectivement par l’un ou l’autre. Pour autant, il n’y eut pas de pénurie et, bien au contraire, nous assistâmes à un contre choc pétrolier en pleine crise.

Les islamistes n’ont pas attendu que les Etats-Unis interviennent dans la région pour sévir. On peut aisément faire remonter cette idéologie radicale, qui instrumentalise l’islam à des fins politiques, au IXème siècle et à l’exégète rigoriste Ibn Hanbal, ou seulement à ses disciples fanatisés Ibn Taymiyya (XIVème) et Ibn Abdelwahhab (XVIIIème). Il n’aura échappé à personne qu’à ces époques, non seulement les Etats-Unis n’existaient pas mais même les Européens étaient largement absents du Moyen-Orient, surtout soumis aux Turcs ottomans et dans une moindre mesure aux Perses, tous musulmans, à partir du XVIème siècle.

Le clivage sunnites/chiites, en dépit de la lutte commune contre l’EI, va se poursuivre, avec pour toile de fond la rivalité profonde et multiforme entre l’Iran et l’Arabie saoudite. Mais le phénomène le plus considérable, qu’illustre et renforce la progression de l’EI, c’est la balkanisation du monde arabe : la Somalie déjà effondrée et divisée en trois Etats, la Libye en passe de se scinder en deux parties tout comme le Yémen (qui ne s’était réunifié  qu’en 1990), l’existence de facto de deux voire trois Syrie, et, dorénavant, un Irak divisé en trois parts très distinctes, conclut Frédéric Encel (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).

Reproduction autorisée avec mention M. Garroté réd. chef www.dreuz.info

http://www.atlantico.fr/decryptage/et-occident-abstenait-dorenavant-toute-intervention-au-moyen-orient-que-se-passerait-1727541.html

 

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