Publié par Michel Garroté le 7 octobre 2014

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Michel Garroté, réd. Chef   —   On me dit que la justice s’acharne contre Sarkozy. C’est un peu vrai. Mais pour une fois qu’un ancien président – sous la Cinquième République – n’échappe pas à la justice, c’est aussi, un bon début, et, non pas, seulement, un acharnement. C’est même un précédent qui – à l’avenir – pourrait faire jurisprudence.

Sarkozy a récemment affirmé que les affaires que la justice tente de lui mettre sur le dos l’encourageaient à se porter candidat à la présidentielle de 2017. A-t-il seulement pris le temps de réfléchir ne serait-ce qu’une seconde avant de lâcher pareil aveu ?

Dans ce contexte, pour la première fois depuis sa mise en examen, Bastien Millot, l’un des protagonistes de l’affaire Bygmalion, se confie à L’Express. Il dit ses vérités sur le financement de la campagne 2012 de Sarkozy. Ci-dessous, quelques extraits de l’interview (lien vers lexpress.fr en bas de page).

Lexpress.fr – Nicolas Sarkozy explique que, président toujours en exercice, il n’avait pas le temps de « regarder les contrats des sociétés qui travaillaient pour faire les meetings et les décors ».

Bastien Millot – Rappelons quelques évidences : une campagne se déroule au bénéfice d’un candidat et sous sa responsabilité. C’est lui qui nomme un directeur de campagne. Ce dernier doit assurer le relais entre le candidat et ses équipes et lui rendre des comptes au fil de la campagne. Mais c’est bien le candidat lui-même qui signe le compte de campagne à la fin, avec une responsabilité légale et financière. Il est donc difficile d’imaginer qu’il l’ait signé sans regarder.

Lexpress.fr – « J’ai appris le nom de Bygmalion plusieurs semaines après la campagne présidentielle », affirme Nicolas Sarkozy sur France 2, le 21 septembre. Vous ne le croyez donc pas ?

Bastien Millot – Je n’ai jamais rencontré Nicolas Sarkozy entre 2005 et 2012. Et, comme je vous l’ai dit, je n’ai pas participé à sa campagne. Mais tout cela est quand même surprenant ! Prenons juste un exemple: quand vous regardez certaines images télévisées des meetings, on aperçoit un homme qui accompagne le candidat Sarkozy jusqu’à la tribune, en le guidant. Cet homme, c’est Franck Attal, le directeur d’Event & Cie! Le candidat l’a donc forcément vu à de nombreuses reprises. En outre, il serait naïf de croire que les questions financières d’une campagne présidentielle échappent totalement à un candidat, quel qu’il soit.

Tout le monde peut comprendre que 44 meetings organisés dans la précipitation, cela coûte bien plus cher que les quatre meetings initialement prévus. Je constate également que, parmi les responsables de la campagne du président sortant, certains, dont son expert-comptable, avaient lancé par écrit des alertes. L’emballement des dépenses suscitait visiblement de l’inquiétude. La vérité, c’est que le train était lancé à toute vitesse et que personne n’a su l’arrêter. Même vu de l’extérieur, difficile de penser que Nicolas Sarkozy n’était au courant de rien.

Lexpress.fr – Nicolas Sarkozy pouvait-il se rendre compte d’un dérapage des dépenses ?

Bastien Millot – Quand on choisit de faire 44 meetings, et que l’on décide de fournir les images clefs en main aux chaînes de télévision, qu’on exige de faire travailler tel réalisateur de télé payé des milliers d’euros, tel aménagement scénique, telle maquilleuse, qu’on réclame trois énormes meetings – Villepinte, Concorde, Trocadéro -, et qu’on fait venir les militants par trains et cars entiers, le candidat ne peut pas totalement ignorer que la calculatrice tourne. Soyons clairs : il a pu ne pas savoir. Mais, s’il n’a pas su, c’est que ses collaborateurs ont eu peur de lui en parler. Beaucoup d’ouvrages ont évoqué le sentiment de terreur qui peut exister chez les collaborateurs de Nicolas Sarkozy quand il s’agit d’aller lui soumettre un problème compliqué.

Lexpress.fr – A-t-il préféré ne pas savoir ?

Bastien Millot – C’est à lui qu’il faut poser la question. Mais, en octobre 2012, j’assiste à la remise de décoration de Jérôme Lavrilleux par Nicolas Sarkozy, dans ses bureaux d’ancien président. Un geste rare pour lui signifier sa reconnaissance. Et j’entends ce jour-là, comme la petite trentaine de personnes présentes, Nicolas Sarkozy déclarer : « Voilà un homme qui a le talent de ne pas embêter les personnes pour qui il travaille avec des problèmes dont elles n’ont pas à connaître. » Cette phrase prend aujourd’hui une résonance particulière.

Reproduction autorisée avec la mention suivante :

Michel Garroté, réd. Chef  www.dreuz.info

http://www.lexpress.fr/actualite/politique/ump/bygmalion-difficile-de-penser-que-sarkozy-n-etait-au-courant-de-rien_1608437.html

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