Publié par Dreuz Info le 30 octobre 2014

RASCAR-CAPAC-1

Michel Garroté, réd. chef  —  Peut-on vraiment parler de « malédiction » frappant DSK ? Il aurait pu devenir président de la République française en 2012. Sauf qu’en mai 2011, il est passé du pinacle aux abysses, en raison d’une mystérieuse affaire de sexe, dont nous ne connaîtrons peut-être jamais la véritable teneur. La thèse du piège demeure, notamment en raison des enregistrements vidéo du Sofitel de Manhattan, qui ont porté un coup dur à la thèse du viol et lancé la thèse du coup monté. Puis éclata l’affaire du Carlton de Lille, la ville de Martine Aubry. Enfin, il y eu le divorce initié par Anne Sinclair.

Les magazines du monde entier consacrèrent plus de pages de couverture à l’ensemble de l’affaire DSK qu’aux attentats du 11 septembre, un phénomène qui reste tout de même assez intéressant aux plans historique et sociologique. Même un film-fiction a été réalisé sur cette affaire décidément juteuse pour certains, et, c’est un autre coup dur pour DSK, pour Anne Sinclair aussi… Mais DSK n’en resta pas là. Il crée sa propre société, Parnasse International, dont le siège est au Maroc et qui propose des conférences et conseille des entreprises et des gouvernements.

A ce stade, l’affaire DSK est pour ainsi dire “close”, excepté pour l’affaire du Carlton de Lille (DSK serait le seul homme public français à fréquenter les filles de la nuit…). Mais DSK s’associe alors avec Thierry Leyne dans LSK, un fonds luxembourgeois, avec ses propres sociétés, Assya, sociétés de gestion d’actifs, présentes dans plusieurs pays, qui plaçaient de l’argent, y compris dans des titres liés à LSK. Il y a quelques jours, Thierry Leyne décède. Il se serait suicidé (à travers une vitre au sommet de l’une des tours du quartier d’affaires de Tel Aviv). Du coup, le syndrome de l’affaire DSK refait la « Une » des médias. DSK et Thierry Leyne voulaient créer un hedge fund qui aurait eu pour vocation d’aller chercher des capitaux dans le monde entier, en Chine, au Moyen-Orient ou ailleurs. Le projet laisse songeur : l’Israélien Thierry Leyne voulait chercher des capitaux au Moyen-Orient ? Décidément, cette histoire devient un authentique roman politico-financier…

Ainsi donc, suite aux affaires du Sofitel de New York et du Carlton de Lille, Dominique Strauss-Kahn est confronté à une nouvelle épreuve. Le suicide de Thierry Leyne  —  son associé au sein du fonds luxembourgeois LSK (Leyne Strauss-Kahn Partners), en pleines difficultés financières  —  a créé la stupeur dans le monde de la finance et suscité de nombreuses questions. Pour la première fois, DSK s’explique, dans un long entretien, avec Philippe Martinat, paru sur le site Internet « Parisien – Aujourd’hui en France ». DSK y précise le rôle qu’il tenait auprès de Thierry Leyne (voir lien vers source en bas de page).

Philippe Martinat Pourquoi avez-vous démissionné de la présidence de LSK ?

DOMINIQUE STRAUSS-KAHN. Je veux dire d’abord que cette histoire est un terrible drame humain. Thierry Leyne laisse derrière lui une compagne et quatre enfants dont la mère a disparu il y a quelques années. C’est une situation dramatique qui me touche personnellement. J’ai décidé de démissionner de la présidence de LSK pour deux raisons. J’ai constaté à la fin de l’été que le projet n’était pas conforme à ce que nous avions envisagé ensemble et ne correspondait pas à ce que je cherchais. J’ai donc décidé de me recentrer sur ma société personnelle, Parnasse International. Cette société, dont le siège est au Maroc, propose des conférences et conseille aussi des entreprises et des gouvernements. C’est cette société qui avait investi dans la société de Thierry Leyne.

Quel était exactement ce projet ?

Thierry Leyne avait monté une compagnie financière qui faisait essentiellement de la gestion d’actifs. Il n’y avait pas de département de banque d’affaires. Je devais la créer en la centrant sur le conseil aux gouvernements et accessoirement aux entreprises. Mais au bout du compte, il n’y avait que moi qui apportais des affaires, ce qui ne correspondait pas à ce que j’attendais d’un partenariat.

On ne comprend pas vraiment ce qui vous a amené à sortir de LSK.

Il faut être clair. Thierry Leyne était le directeur général et gérait l’entreprise. Il s’était engagé dans une stratégie d’emprunts qui m’est apparue en octobre avec les comptes 2013 et que je ne peux accepter. C’est la seconde raison.

Thierry Leyne avait déclaré que vous disposiez déjà de plusieurs centaines de millions de dollars…

Non, il ne s’agissait que de promesses puisque le fonds n’existait pas encore.

L’assureur Bâloise-Vie Luxembourg, qui avait investi dans Assya, filiale de LSK, s’était porté en justice. Thierry Leyne faisait-il ainsi de la cavalerie ?

Les différentes sociétés Assya de gestion d’actifs, présentes dans plusieurs pays, plaçaient de l’argent, y compris dans des titres liés à LSK. D’où le différend avec la Bâloise qui date d’avant mon arrivée et que j’ai découvert dans la presse cet été. Un accord avait été passé pour diminuer cette quote-part. D’après ce que je comprends, cet accord n’a pas été totalement respecté de part et d’autre, et la Bâloise a décidé d’en saisir la justice. LSK a été condamnée à payer ce qui de toute façon était dû.

Mais Assya se serait révélé incapable de rembourser…

Il est clair qu’Assya Asset Management avait des problèmes de trésorerie et avait étalé les paiements. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la Bâloise avait réagi.

Que deviennent les 20% que vous déteniez dans LSK ?

Je n’en avais plus que 15% depuis une augmentation de capital qui avait dilué ma participation. Je suis dans la même situation que tous les autres actionnaires.

Combien avez-vous perdu dans cette affaire ?

Je pense d’abord aux investisseurs et aux salariés. En ce qui me concerne, j’ai probablement perdu mon investissement et n’ai jamais perçu aucune rémunération. A mon échelle, c’est beaucoup d’argent.

Dans quelles circonstances aviez-vous rencontré Thierry Leyne ?

Je le connaissais depuis peu de temps, il m’a été présenté par une amie de très longue date qui était devenue sa compagne.

Quelle est selon vous la raison de son suicide ?

Honnêtement c’est difficile à dire. Il y a évidemment des raisons personnelles dont sans doute certaines que j’ignore. Néanmoins, chacun sait que la disparition de sa femme l’avait profondément marqué. Je pense aussi aujourd’hui, il ne faut pas le cacher, qu’il avait contracté une série d’emprunts excessifs.

Connaissiez-vous avant de vous associer sa réputation controversée dans le monde des affaires ?

Il avait en effet une réputation contrastée. Il y a des gens qui trouvaient qu’il était extrêmement dynamique, inventif. Il y en avait d’autres avec lesquels il avait pu être en conflit comme c’est souvent le cas dans les affaires. Il avait fait dans le passé de très belles opérations, des entreprises qu’il avait créées et très bien revendues à de grandes banques. C’est un peu sur cette base-là que je lui ai fait confiance.

Vous étiez-vous renseigné sur lui ?

J’en apprends plus maintenant sur lui qu’avant sa disparition. Certains m’avaient fait remarquer que c’était quelqu’un de dur en affaires. Mais cela ne veut rien dire et ils étaient incapables de me dire précisément pourquoi.

LSK drainait des capitaux des pays émergents…

Non, c’est le fonds d’investissement que nous voulions créer, le fameux hedge fund, qui avait vocation à aller chercher des capitaux dans le monde entier, en Chine, au Moyen-Orient ou ailleurs.

Selon la rumeur, il y aurait eu des fonds pas très propres placés dans certaines sociétés du groupe LSK ?

Pas à ma connaissance. Je précise que j’étais président non exécutif de LSK. Je n’étais absolument pas en charge de toute la partie gestion d’actifs qui préexistait à mon entrée dans le groupe. Thierry Leyne était l’administrateur-délégué et c’est lui qui gérait la société.

Qu’allez-vous faire maintenant ?

Continuer à faire vivre ma société personnelle, c’est-à-dire essentiellement du conseil aux gouvernements. Je comptais développer cette activité avec l’assistance administrative que m’aurait fournie LSK. Je vais faire sans.

Dans quel état d’esprit êtes-vous à trois mois du procès du Carlton ?

Serein. Cela n’est certes pas agréable. Je rappelle que le procureur avait demandé un non-lieu. Cette histoire a été montée en épingle et j’ai bon espoir que le tribunal me rendra justice en février.

Serez-vous présent à l’audience ?

Bien sûr, comme le tribunal me le demandera.

Reproduction autorisée avec mention M. Garroté, réd. chef www.dreuz.info

et source :

http://www.leparisien.fr/economie/les-verites-de-dsk-sur-son-fonds-luxembourgeois-apres-le-suicide-de-son-associe-30-10-2014-4252379.php?google_editors_picks=true

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