Publié par Magali Marc le 12 octobre 2014

SnapShot_120506_152245-b0708

Les partis d’opposition canadiens choisissent de courtiser l’électorat pacifiste plutôt que d’appuyer la participation canadienne à la coalition contre l’État islamique (ÉI).

Stephen Harper a voulu – et obtenu – le vote d’appui majoritaire des parlementaires canadiens pour envoyer les CF18 contribuer aux frappes aériennes contre l’ÉI. Il n’était pas obligé d’obtenir la permission de la Chambre des Communes, mais par principe ou par calcul, il a voulu obliger l’opposition à se prononcer.

Le Parti Conservateur ayant la majorité en chambre, il ne pouvait pas perdre ce vote.

C’était bien vu : embarrassés par leur incapacité à formuler quelque chose d’intelligent, les chefs de l’opposition se sont révélés incapables de se hisser au niveau des véritables enjeux internationaux.

Mrs Thomas Mulcair (NPD) et Justin Trudeau (PLC) se sont prononcés contre l’intervention canadienne, arguant que M. Harper n’avait pas donné assez de détails, pour par la suite se précipiter sur le premier micro venu et dire leur admiration et leur respect pour nos braves militaires canadiens.

Ils ont tellement eu peur de paraître «pro-guerre» qu’ils ont fait moultes propositions absurdes qui donnent à penser que s’ils étaient au pouvoir, ils enverraient des convois humanitaires sur le champ de bataille !

Pendant que les Peshmergas risquent leurs vies et demandent des munitions et des frappes aériennes pour défendre Kobané, Mulcair et Trudeau préfèrent courtiser l’électorat gauchiste/pacifiste au Canada.

Plutôt que de mettre au pas leurs militants, ils se battent pour racoler le vote musulman dans les quelques circonscriptions du Québec où ils sont en compétition.

C’était plus fort qu’eux, il fallait qu’ils fassent de la politique politicienne

Mais les chiffres sont là : alors que les néo-démocrates détiennent 43 sièges au Québec, les Libéraux n’en ont que 27.

Malgré la remontée dans les sondages des libéraux, les néo-démocrates demeurent plus populaires auprès des francophones québécois qui ont déserté le BLOC québécois (parti indépendantiste au niveau fédéral) lors des dernières élections fédérales. Or les francophones au Québec sont réputés pour être plus anti-guerre que leurs compatriotes anglophones. Les libéraux fédéraux ont donc intérêt à jouer des coudes pour déloger les néo-démocrates des circonscriptions sur l’Île de Montréal et dans les environs, et récupérer leurs anciennes forteresses perdues à cause du scandale des commandites.

Cela explique pourquoi Justin Trudeau, au lieu d’aller argumenter à la Chambre des Communes (dont Thomas Mulcair est le chef de l’opposition officielle) préfère donner des interviews télévisées et attirer l’attention sur lui, pendant que Mulcair sonne la charge contre les conservateurs aux Communes.

Thomas Mulcair et les Gauchistes du NPD

Thomas Mulcair a refusé d’appuyer l’intervention canadienne car il pense que « les conservateurs entraînent le Canada dans une guerre improvisée prolongée sans avoir de plan crédible pour aider les victimes de l’EIIL».

Parce que Mulcair, lui, a un plan crédible : restons les bras croisés, comptons les morts, et envoyons de l’aide humanitaire aux survivants.

Cet article vous a intéressé ? Inscrivez-vous à notre newsletter pour recevoir les nouveaux articles de Dreuz, une fois par jour en fin d’après-midi.

Ce n’est pas très courageux comme plan, mais ça a l’avantage d’éviter de s’empêtrer dans une guerre contre l’ÉI, et surtout d’encourager les musulmans de l’Île de Montréal à voter pour lui.

Et puis Thomas Mulcair est toujours aux prises avec les gauchistes pro-palestiniens qui tiennent le haut du pavé de son parti. Il ne peut pas, à un an des élections fédérales, les aliéner et risquer que son leadership soit remis en question.

Certains analystes dans les médias ne sont pas tendres avec le chef du NPD.

Selon Fred Maroun, un arabe canadien d’origine libanaise, collaborateur de l’Ottawa Citizen et du Times of Israel :

« Le NPD est encore aujourd’hui, comme il l’a été pendant les deux ou trois dernières décennies, un parti dominé par les idéologues de la gauche radicale ayant peu de liens avec les travailleurs. Après l’élection de Mulcair comme chef du NPD, il y a eu beaucoup d’espoir qu’il remettrait au goût du jour les positions de principe qui forment l’enracinement idéologique du parti. Malheureusement, il semble que Mulcair n’a pas la volonté – ou pas la capacité – de résister aux radicaux du parti, et il a adopté la ‘position absolutiste pacifiste’ qu’avait dénoncée [le fondateur et chef historique du parti] Tommy Douglas….»

(Traduit de l’anglais par l’auteur)
Maroun estime que le NPD a perdu toute crédibilité dans ce débat.

Mais c’est oublier que le prédécesseur de Mulcair, Jack Layton, avait reçu le surnom de Taliban Jack à cause de ses demandes répétées de retirer les troupes canadiennes d’Afghanistan et de négocier avec les Talibans.

Pendant ce temps chez les Libéraux…

La tradition des libéraux fédéraux est de se dire d’accord avec tous les points de vue afin de sauvegarder l’unité du parti

Nous avons vu la semaine dernière que le chef du Parti Libéral du Canada, Justin Trudeau, avait déjà fait son lit concernant ce débat sur la participation canadienne à la coalition contre l’ÉI.

Un commentateur du National Post s’amusait cette semaine du fait que M. Trudeau préfère proposer pour le Canada «un rôle militaire de nature non-combattante» pour remettre à l’honneur la tradition des libéraux fédéraux de se dire d’accord avec tous les points de vue afin de sauvegarder l’unité du parti.

C’est le syndrome du «honest broker» (médiateur impartial), qui fait que Justin Trudeau adopte une position ni chair, ni poisson.

Donnez votre avis, enrichissez le débat, participez aux commentaires, en vous abonnant ici

Chantal Hébert, chroniqueuse parlementaire au Toronto Star et à Radio Canada estime que Trudeau a perdu des plumes en laissant Thomas Mulcair argumenter aux Communes pour l’opposition. Selon Mme Hébert, M. Trudeau va avoir du mal à être pris au sérieux à l’avenir.

Le chef libéral a annoncé après le vote aux Communes qu’il se réserve la possibilité de changer d’avis et d’éventuellement donner son appui aux frappes aériennes ! (Comprendre : s’il a l’impression que l’opinion publique canadienne se rallie majoritairement de ce côté).

M. Trudeau préfère savoir d’où vient le vent. Comme girouette, on ne fait pas mieux.

Il est vrai que dans six mois, l’opinion publique canadienne, en ce moment largement favorable, même au Québec, à une intervention canadienne, pourrait avoir changé d’avis…

Plus courageux, le premier ministre québécois, le bien nommé Philippe Couillard, a déclaré que l’État Islamique pose un danger pour le Canada et pour le Québec, et a réitéré publiquement son appui aux frappes aériennes de M. Harper.

Il est vrai que M. Couillard a été élu avec une très confortable majorité, au printemps, et qu’il n’a pas à s’inquiéter des sondages. Mais tout de même, pour un homme que certains estimaient à la solde des riches Saoudiens à cause de son séjour de plusieurs années en tant que médecin en Arabie Saoudite, ça peut surprendre.

Et puis, M. Couillard fait partie de la même famille politique que Justin Trudeau.

Le chroniqueur indépendantiste au Journal de Montréal, Joseph Facal, qui lui n’a pas séjourné en Arabie Saoudite, a exprimé son appui à l’initiative canadienne. La semaine passée, il a ridiculisé dans sa chronique ceux qui proposent de parachuter de l’aide humanitaire aux victimes sans combattre leurs attaquants !

Pendant ce temps, le ministre canadien de la Sécurité publique, Steven Blaney, a indiqué que 80 Canadiens soupçonnés de terrorisme sont revenus au Canada. Le ministre veut se donner de nouveaux outils législatifs pour assurer la surveillance de terroristes potentiels contre lesquels il n’a pas encore de preuve.

Les Gauchistes pacifistes vont l’accuser de mettre à mal les libertés démocratiques même si cet été ils se fichaient pas mal de l’attitude très peu démocratique de leurs amis du Hamas.

Il n’y a rien de nouveau sous le soleil dit l’Ecclésiaste.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Magali Marc pour Dreuz.info.

diash-trvail-1

Inscrivez-vous gratuitement pour recevoir chaque jour notre newsletter dans votre boîte de réception

Si vous êtes chez Orange, Wanadoo, Free etc, ils bloquent notre newsletter. Prenez un compte chez Protonmail, qui protège votre anonymat

Dreuz ne spam pas ! Votre adresse email n'est ni vendue, louée ou confiée à quiconque. L'inscription est gratuite et ouverte à tous