Publié par Guy Millière le 3 octobre 2014
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Je me placerai du coté des musulmans, même si les vents politiques tournent dans une direction répugnante – p 261 du livre de Obama, The Audacity of Hope.

La logique la plus élémentaire, dans une guerre, est qu’on désigne l’ennemi. Dans la guerre enclenchée en ce qui fut l’Irak et la Syrie, nul ne désigne vraiment l’ennemi.

Obama parle de « terroristes ».

Il emploie le sigle, ISIL, sans dire ce que le sigle signifie (et sans dire pourquoi il emploie le sigle ISIL plutôt que le sigle ISIS, utilisé par ce qui est présentement l’Etat Islamique). Il prend bien soin de dire que ce qu’il appelle l’ISIL n’est pas musulman, ce qui est logique de la part d’un homme né musulman, mais n’en est pas moins totalement faux et mensonger.

l’Etat Islamique est désormais structuré comme un Etat, même s’il n’est pas reconnu internationalement comme tel

Et il ajoute que ce qu’il appelle l’ISIL n’est pas un Etat, ce qui est tout aussi faux et mensonger: l’Etat Islamique est désormais structuré comme un Etat, même s’il n’est pas reconnu internationalement comme tel.

Une guerre dans laquelle on ne désigne pas l’ennemi part sur un très mauvais pied.

L’autre logique élémentaire dans une guerre est qu’on définisse un objectif et les meilleurs moyens de parvenir à l’objectif. Sembler déterminé à gagner est, par ailleurs, un élément indispensable.

Ses généraux disent que sans troupes au sol, il est impossible de gagner, Obama a proclamé qu’il n’y aurait pas de troupes au sol

Obama a défini un objectif. Mais il n’a pas défini les meilleurs moyens d’y parvenir. Au contraire: il a rejeté les plans de ses généraux pour adopter des plans que ceux-ci définissent comme irréalistes, absurdes, voire dangereux : alors que ses généraux disent que sans troupes au sol, il est impossible de gagner, il a proclamé qu’il n’y aurait pas de troupes au sol. Et alors que ses généraux ont exprimé leurs doutes quant à la fiabilité des milices chiites en Irak, de l’armée irakienne et des milices sunnites en Syrie, il a proclamé vouloir s’appuyer sur cette improbable cohorte, plus les forces kurdes.

En supplément, il n’a pas du tout semblé (et ne semble toujours pas) déterminé à gagner. Dire qu’on a affaire à un simple groupe terroriste, et ajouter aussitôt qu’on se donne un minimum de trois ans pour le vaincre est dire qu’on n’est pas assuré de la victoire tout en disant que l’ennemi n’est pas si imposant. Le cocktail qui résulte est explosif.

Les Etats Unis ne sont pas assurés de la victoire face à un groupe terroriste?

Une guerre dans laquelle on définit un objectif, mais en refusant les meilleurs moyens d’y parvenir est une guerre très mal engagée. Et une guerre qu’on ne mène pas en se disant déterminé à gagner est plus mal engagée encore.

La troisième logique élémentaire dans une guerre est qu’on ne porte pas assistance à l’ennemi (c’est bien le moins), et qu’on anticipe un tant soit peu les suites de la guerre. En armant les milices chiites en Irak, Obama arme non pas l’ennemi d’aujourd’hui, mais l’ennemi stratégique de demain, la République islamique d’Iran, et en armant les milices sunnites de Syrie, il arme des gens que les services de renseignement américains définissent comme non fiables parce qu’ils savent que ces gens sont très susceptibles de rejoindre l’Etat Islamique, avec les armes qui leur auront été fournies. En faisant tout ce qu’il fait, Obama n’anticipe pas, ou, tout au moins, semble ne pas anticiper.

Une guerre dans laquelle on porte assistance à l’ennemi et où on semble ne pas anticiper les suites qui peuvent résulter, tout en les anticipant sans doute (car je pense qu’Obama les anticipe) n’est pas une guerre, mais un acte de sabordage et de trahison.

Je pense qu’Obama est dans le sabordage et la trahison

Je pense qu’Obama sait qu’il ne peut pas gagner, et je pense qu’il ne veut pas gagner.

Je pense qu’il veut perdre, abaisser un peu plus les Etats Unis, préserver l’Etat Islamique en se contentant de le circonscrire et, pour l’heure, faire semblant aux fins de grappiller quelques voix avant les élections de m-mandat.

Je pense qu’il veut le renforcement de l’Iran et une déstabilisation régionale plus large.

Je pense qu’il reste, fondamentalement, un révolutionnaire « anti impérialiste »

Je pense que les dirigeants de l’Etat Islamique ont pris la mesure d’Obama, et ont, en réalité, provoqué Obama pour qu’il agisse comme il le fait.

Obama les désigne comme ennemi, ce qui est une publicité extraordinaire pour eux, et une forme de légitimation.

Il n’ose pas les désigner pour ce qu’ils sont: ce qui leur permet de dire qu’ils font peur et que l’Amérique est lâche.

Obama se met en posture de défaite, ce qui leur permettra bientôt de dire qu’ils gagnent.

Les conséquences risquent d’être catastrophiques. J’y reviendrai. J’aurai des occasions d’y revenir, hélas.

Nombre de pays se sont engagés derrière Obama avec prudence et parcimonie : leurs dirigeants voient qui est Obama et ils voient ce qu’il est.

François Hollande a engagé la France derrière un mauvais chef aux intentions troubles. Cela relève d’une fuite en avant très irresponsable.

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Les journalistes en France n’utilisent plus désormais que le mot « Daesh », ce qui montre qu’ils ont l’esprit libre

Et François Hollande fait mieux qu’Obama en matière de pusillanimité : il ne dit ni ISIL, ni ISIS, ni Etat Islamique, il dit « Daesh », ce qui est l’acronyme arabe de l’Etat Islamique. Je ne sais qui il espère tromper ainsi. Je vois que tous les journalistes en France n’utilisent plus désormais que le mot « Daesh », ce qui montre qu’ils ont l’esprit libre.

On disait il y a dix jours sur toutes les chaînes de télévision française, d’un ton triomphal, que la France avait commencé à Frapper « Daesh ». En parallèle, l’Etat Islamique s’emparait d’un fragment supplémentaire des régions kurdes de Syrie, et chassait cent trente mille personnes de plus vers un exode désespéré.

Un Français a, depuis, été pris en otage par un groupe rattaché à l’Etat Islamique et agissant en Algérie : la décapitation lui a été promise et a eu lieu.

Des menaces très concrètes ont été énoncées par l’Etat Islamique envers les infidèles partout où ils se trouvent, et les sympathisants de l’Etat Islamique sont invités à tuer des infidèles partout sur terre.

L’Etat Islamique est plus riche qu’al Qaida l’a jamais été, et dispose de plus d’armes que l’armée française. Il dispose même d’armes chimiques, qu’il utilise. Cela promet.

Présentement, deux cent frappes ont eu lieu contre l’Etat Islamique, en un mois. Lors d’une campagne aérienne efficace (celle menée contre les talibans en Afghanistan en 2001, par exemple) il y a deux cent frappes par jour.

Présentement, l’Etat Islamique est aux portes de Bagdad, et tient la frontière avec la Turquie.

La Turquie d’Erdogan vient de rejoindre la « coalition », mais Erdogan ne cache pas que ses objectifs ne sont pas du tout ceux affichés officiellement par l’administration Obama : Erdogan veut, surtout, endiguer les forces kurdes.

Binyamin Netanyahou a fort bien résumé les choses à New York : affaiblir un ennemi tel que l’Etat Islamique tout en permettant à un ennemi autrement plus dangereux de se renforcer, l’Iran des mollahs, peut donner l’impression de gagner une bataille, mais conduit en réalité à risquer de perdre la guerre.

Je pense qu’Obama veut que les Etats Unis perdent la guerre

C’est la première fois dans l’histoire qu’un Président des Etats Unis veut que les Etats Unis perdent la guerre.

Vous me direz qu’il va intensifier les bombardements, envoyer des troupes au sol, se montrer ferme face à l’Iran ?

J’en doute très fortement.

En parlant avec Binyamin Netanyahou à la Maison Blanche et en faisant parler son porte-parole immédiatement après, il a montré où se situait à ses yeux le vrai danger : pas dans l’Etat Islamique, non, pas dans l’Iran des mollahs, moins encore dans le Hamas bien sûr. Le vrai danger à ses yeux est dans la construction de logements à Jérusalem !

Les années Obama nous font vivre une époque formidable.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © Guy Millière pour Dreuz.info.

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