Publié par Magali Marc le 30 novembre 2014

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L’émission Enquête de Radio Canada diffusée le jeudi 27 novembre et intitulée : « Existe-t-il des groupes intégristes musulmans à Montréal? » a soulevé l’indignation de Richard Martineau, un chroniqueur au Journal de Montréal et animateur télé et celle de Daniel Baril, un ancien journaliste qui milite pour la laïcité de la société québécoise.

Ce reportage accorde une large place à Lamine Foura, un animateur radio, ex-membre de la défunte organisation Présence musulmane, un organisme fondé par Tariq Ramadan et fondateur du Congrès maghrébin au Québec.

Il est présenté d’abord comme quelqu’un qui a «des antennes dans la communauté musulmane», puis comme un animateur radio. À aucun moment, il n’est question de ses nombreuses affiliations avec des organisations musulmanes internationales (dont Les Frères Musulmans) qui font la promotion de la charia (pour en savoir plus sur Lamine Foura, il faut aller sur le site de…Poste de Veille).

Marc Lebuis, directeur de Point de Bascule est aussi interviewé dans le cadre de l’émission. Il estime qu’il y a au Québec des intégristes, sympathisants des Frères Musulmans qui souhaitent y implanter la charia. Le fait qu’ils ne soient pas nombreux ne les empêche pas de représenter une menace pour la vie démocratique au Québec.

[quote]Les journalistes d’Enquête ont une mission : faire taire les craintes envers les intégristes[/quote]

Les journalistes d’Enquête se sont visiblement donné pour mission de discréditer les sites Poste de Veille et Point de Bascule et de rassurer les Québécois dont les craintes envers les intégristes musulmans ont été aggravées par les attentats terroristes commis en octobre dernier au Canada.

Enquête souligne l’agenda islamophobe de ces deux sites et trouve, bien entendu, des musulmanes prêtes à affirmer qu’elles choisissent librement de porter le foulard. Un professeur d’université interviewé se veut rassurant et affirme qu’interdire le foulard contribuerait à la stigmatisation des femmes musulmanes. Mais que se passerait-il si une musulmane décidait de ne plus le porter, argumente Marc Lebuis? Personne ne répond à cette question.

[quote style=”boxed” float=”left”]L’effort est toujours fait dans le reportage, conformément au «protocole» journalistique, de ne jamais parler de personnes «terroristes», seules les actions sont qualifiées de «terroristes». [/quote]

Lors de l’introduction de l’émission il est question de «deux attentats terroristes» commis «au nom d’Allah». Les deux responsables des attentats au Canada sont présentés comme des «jeunes tourmentés» et les autres terroristes potentiels sont des «individus qui pourraient verser dans la violence» et qui par chance sont «la priorité des services de renseignement».

Les familles des militaires assassinés se sont sûrement réjouies d’apprendre que les assassins étaient des hommes tourmentés et considérés comme prioritaires par les forces de l’ordre!

Enquête conclut sinon à l’absence d’intégristes musulmans à Montréal, tout au plus à une présence sporadique de quelques intégristes isolés et non organisés. Les affiliations de certains prêcheurs aux Frères Musulmans et le financement occulte des pays du Golfe ne sont pas mentionnés, sans doute parce qu’ils n’existent que dans les cerveaux enfiévrés des islamophobes de Poste de Veille, auxquels il faudrait ajouter les musulmanes canadiennes qui luttent contre l’intégrisme comme Fatima Houda Pépin, Djamila Benhabib (auteure de Ma vie à contre-Coran*) et Irshad Manji (auteur de Musulmane mais libre*), lesquelles ne sont pas interviewées dans le reportage.

Selon Enquête, l’islamophobie chez les Québécois et causée par la «propagande de gens qui pataugent dans l’intolérance» (sous-entendu Poste de Veille et Point de Bascule»).

À propos de ce reportage lénifiant, Richard Martineau écrit dans le Journal de Montréal, le 28 novembre :

«Les grands journalistes ont fait le tour de quelques mosquées de Montréal pour voir si on pouvait y rencontrer des islamistes. Ils n’en ont pas rencontrés. Conclusion : il n’y a pas de mouvance islamiste à Montréal.»

Daniel Baril, non plus n’a pas apprécié le reportage.

Dans son texte intitulé : Islam radical sous « Enquête »: quand le hijab voile la réalité, paru aussi le 28 novembre sur le site Voir.ca, il émet les critiques suivantes:

«…On se serait attendu à ce qu’elle (la journaliste Johanne Faucher) cherche à comprendre comment fonctionnent les intégristes et ce qu’ils pensent. On se serait attendu à un organigramme des différentes mouvances islamistes présentes au Québec. Il y a manifestement eu un grossier détournement du sujet. Le sens de son reportage est en fait de nous dire qu’elle n’a pas trouvé trace d’intégriste.»

Daniel Baril, qui ne décolère pas, se met en frais d’énumérer et de nommer avec faits à l’appui de nombreux intégristes et terroristes islamistes au Québec et au Canada qui ont été appréhendés au fil des années.

Il termine en citant le cri du cœur de la présidente du Council for Muslims Facing Tomorrow, Raheel Raz. Après les deux récents assassinats de militaires, Mme Raz demande au Canada :

«…de fermer les mosquées pendant trois mois, d’exiger que les organisations musulmanes déclarent d’où proviennent leurs dons, de décréter un moratoire sur l’immigration en provenance de pays musulmans, d’expulser du pays, après leur avoir retiré la citoyenneté canadienne, ceux qui veulent partir pour le djihad ou qui en reviennent et d’évaluer les demandes d’accommodements religieux à la lumière des valeurs canadiennes.»

Nous n’en sommes pas là…

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Du côté du premier ministre québécois

Au Québec, où les médias de gauche se font toujours un plaisir de mettre le premier ministre québécois, Philippe Couillard, dans l’eau bouillante, la rencontre de ce dernier avec des leaders musulmans après les attentats terroristes a été rapportée en insistant sur la «main tendue» et le côté pacificateur des discussions. Dans Le Devoir, un article paru le 19 novembre et titrant : “La ‘communauté musulmane’ n’existe pas”, Aziz Farès s’est inquiété : “à qui le premier ministre québécois tend-il la main ? Les collaborateurs de Poste de Veille ont stigmatisé la création d’un groupe de travail comprenant des ministres et des représentants de la communauté musulmane qui a été annoncée à l’issue de la rencontre, en vue de prévenir la radicalisation islamique. On s’inquiète de la naïveté de Philippe Couillard.”

À mon avis, on a tort.

En bon médecin, le premier ministre a mis le doigt sur le bobo.

Sachant que les musulmans au Québec ne sont pas en odeur de sainteté et surtout sont tenus pour responsables des conversions des deux terroristes qui ont commis les attentats de Saint-Jean et d’Ottawa, Philippe Couillard n’avait pas besoin d’en remettre. Il a préféré montrer qu’il était capable de «dialoguer» avec eux (ou de leur dire leurs quatre vérités?)

Devant les caméras, le premier ministre a fait de la diplomatie, disant qu’on ne doit pas confondre islam et islamisme (ce qui est de l’apaisante bouillie pour les chats, on s’entend).

À charge pour les musulmans de prouver qu’il a raison, car il reste à savoir, si les actions terroristes n’ont rien à voir avec l’Islam, pourquoi ce sont des leaders musulmans que rencontre le premier ministre du Québec pour lutter contre la radicalisation et pas des leaders juifs, bouddhistes ou des Témoins de Jéhovah…

[quote]Les leaders islamiques vont devoir raser les murs et coopérer avec le gouvernement[/quote]

En clair, les leaders islamiques vont devoir raser les murs et coopérer avec le gouvernement pour empêcher la radicalisation des convertis, au lieu de revendiquer l’application de la charia, des accommodements ou des mosquées supplémentaires. Philippe Couillard que ses familiers surnomment l’«Ours» est un homme de peu de mots. Il n’a pas hésité à soutenir publiquement les frappes aériennes de Stephen Harper contre l’ÉI et d’aucuns ont attribué cette position au fait qu’un de ses fils est militaire de carrière.

Certes Philippe Couillard a pris position contre la Charte des valeurs du Parti Québécois (surnommée la «Charte à Drainville», du nom de son promoteur) l’an dernier. En fait, Il faut rappeler que cette Charte proposée par le PQ était surtout un ballon politique pré-électoral destiné à faire porter le débat ailleurs que sur l’embarrassante question d’un éventuel référendum sur la souveraineté…

À juste titre, Philippe Couillard la trouvait mal conçue et défendait les idées de services rendus et reçus à visage découvert, l’encadrement des demandes d’accommodement et le principe de la neutralité des institutions de l’État.

Poste de Veille et Point de Bascule ont raison d’être vigilant mais l’Ours n’est pas un crypto-islamiste.

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